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Balotelli est au tournant de sa carrière : il peut revenir au top ou disparaître définitivement

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 08/04/2016 à 20:58 GMT+2

S’il ne fait plus vraiment parler de lui en dehors des rectangles verts, c’est également le cas sur le terrain. Le retour de SuperMario à l'AC Milan est pour le moment un échec, l’énième d’une carrière qu’on lui prédisait grande mais qui est en train de prendre un très mauvais pli.

Mario Balotelli (AC Milan)

Crédit: Panoramic

Mardi dernier, les hommages à Cesare Maldini, ancienne gloire du Milan et de l’Italie ainsi que papa de Paolo, se multiplient sur la toile. Le personnage est salué par tout le monde et l’émotion très forte. Sur son réseau social favori, Mario Balotelli publie un "face swap" pour accueillir Philippe Mexès sur Instagram. Problème, les funérailles de Maldini Sr ont lieu à peu près au même moment et les joueurs rossoneri sont cantonnés à une longue mise au vert après une énième contre-performance. Mauvais timing, mauvaise initiative, malgré une tentative maladroite de rattraper le coup. A lui seul, ce couac résume deux choses : ce qu’est devenu le grand Milan et pourquoi l’attaquant italien n’en finit plus de décevoir.
Dix ans déjà que Mario Balotelli foule les terrains de foot, depuis une entrée en jeu lors d’un Padova - Lumezzane de troisième division italienne en avril 2006. Il n’avait pas encore 16 ans et trimbalait déjà une réputation de prodige au caractère de cochon. Une décennie plus tard, il ne reste que la seconde partie. Ses belles années interistes, le titre avec Manchester City, le doublé en demie de l’Euro 2012 contre l’Allemagne et ses six mois réussis au Milan lors de son premier passage (12 buts en 13 matches) sont maintenant un passé auquel il est inutile de s’agripper pour tenter de redorer son bilan à mi-carrière.

Extrasportif plus ou moins réglé, quid du sportif ?

Il est loin, très loin de l’avenir qu’on lui avait prédit et des objectifs qu’il s’était lui-même fixés (un Ballon d'Or). C’est bien simple, Balotelli est porté disparu depuis la Coupe du monde 2014 qu’il avait pourtant débutée en fanfare avec un but contre l’Angleterre. Il l’a finie hors du coup, incapable de grandir mentalement. La suite, c'est un transfert à Liverpool où il inscrit 4 buts en 28 rencontres et un retour en prêt au Milan avec un bilan actuel de 3 buts en 17 matches. Un coup-franc contre l’Udinese, un penalty et le but du 5-0 contre l’Alessandria (club de D3) lors des demies aller et retour de la coupe nationale. Et rien d'autre.
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Deux doublés de Ménez et Romagnoli, un but de Balotelli : Milan s'est baladé et file en finale

"Mario va bien et il a une envie folle de rester au Milan, mais je lui ai dit que ce n'était pas mérité, car ce qu'il a montré est pour le moment insuffisant." Adriano Galliani, historique bras droit de Silvio Berlusconi, a été clair et concis. Depuis son retour sur les terrains après une pubalgie qui l’a éloigné des terrains d’octobre à janvier, Balotelli a gâché toutes les occasions que Mihajlovic lui a offertes. Le temps de jeu est restreint mais suffisant pour se rendre compte que le topo général est toujours le même : nonchalance, manque d’envie, approximations. Tout ce qu’un joueur dans sa situation délicate ne peut pas se permettre.
Tout le monde veut l'aider mais il doit s'aider tout seul
"Quand je lui demande une chose, il la fait une fois bien et quatre fois mal. On ne peut pas se le permettre. Il a un problème de concentration. Tout le monde veut l'aider mais il doit s'aider tout seul. Je ne lui demande pas beaucoup de choses, mais il doit les exécuter avec continuité", a analysé le coach serbe très à cheval sur ces aspects.
Néanmoins, Balotelli a enfin mis de l’ordre dans sa vie privée ou - en tout cas - dans la façon de la protéger. Aucun écart de conduite n’a filtré depuis son retour en Italie, l’homme serait en train de… devenir un homme responsable, même si tout n’est pas encore parfait. Conséquence positive : un Mario plus concentré sur son métier, enfin. Or, sur le terrain, on n’a noté aucun progrès caractériel, technique, physique et tactique et l’on retrouve un joueur incroyablement normalisé au point de remettre en question toutes les éloges sur son potentiel de futur Ballon d’Or. Il a ainsi été "réduit" à prendre exemple sur son ami M’Baye Niang aux limites techniques évidentes mais à l’implication irréprochable. Ce dernier blessé, Mihajlovic lui a même préféré un Menez hors de forme et un Luiz Adriano quasiment vendu en Chine en janvier. La dernière roue du carrosse. Le cinquième choix offensif du sixième de Serie A.
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Felipe Melo (Inter) et Mario Balotelli (AC Milan) lors du derby.

Crédit: AFP

La Chine ou l’Euro ?

Balotelli n’a plus d’alibi, le physique est là, le mental aussi selon son célèbre agent Mino Raiola, le contexte l’entourant reste toujours incandescent, mais l’excuse du racisme ne tient plus. Certes, l'Italie ne s'est pas débarrassée des bas de plafond à l’intolérance abjecte, mais c’est bien la gamberge et les manières du bonhomme qui ont provoqué cette forte antipathie ambiante. Face à la Juventus contre qui il devrait être titularisé, il aura le droit à une énième dernière chance. A lui de convaincre son club de le conserver mais de aussi démontrer à la planète entière qu’il est encore un footballeur à prendre au sérieux. Dans le cas contraire, ce sera retour à son réel employeur, ce Liverpool qui se retrouvera dans l’impasse et devra probablement le refourguer à un club de Superleague chinoise pour éviter une fâcheuse moins-value.
Et l'Euro, s'interrogent les plus téméraires des "balotellistes" ? Parait qu'il espère encore y être en finissant la saison en boulet de canon. Une perspective peu raisonnable malgré la qualité historiquement basse des avant-centres de la Nazionale, Conte exigeant implication et sacrifice avant tout. Le train européen est passé depuis belle lurette. D'autres repasseront, sans doute moins prestigieux. Savoir voyager en seconde classe pour prétendre à revenir en première. Posséder l'humilité et surtout la lucidité d'accepter ce redimensionnement. Si la tête percute, les pieds suivront. Une équation qu'on lui soumet depuis des années, en vain. Que ce soit clair, Balotelli n'a eu besoin de personne pour se planter, il s'est très bien débrouillé tout seul, mais il a encore une petite possibilité d'émerger, et cette fois, c'est vraiment la dernière.
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