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La passe de cinq pour la Juventus, et si ce n’était que le début ?

Valentin Pauluzzi

Publié 28/04/2016 à 10:46 GMT+2

SERIE A - Alors que sa domination outrancière semblait toucher à sa fin, la Vieille Dame a finalement conservé son titre de championne d’Italie. C’est sur le terrain mais aussi en dehors que les Turinois continuent de faire la différence, et pour longtemps encore.

Les joueurs de la Juventus après leur victoire sur Palermo en Serie A le 17 avril 2016

Crédit: AFP

Juventus-Udinese 0-1 ; Roma-Juventus 1-0. Jamais la Juve n’avait démarré un championnat par deux revers consécutifs, tout comme une équipe n’avait jamais remporté le titre après avoir obtenu un point en trois matches ou encore douze en dix journées. Au quart de la saison, elle avait accumulé onze points de retard sur le leader, elle en a maintenant douze d’avance et fête son cinquième scudetto consécutif.
Une remontée légendaire faite de 24 victoires et un match nul (0-0 à Bologne) lors des 25 dernières rencontres de Serie A. Ce qui devait être la fin d’un cycle ou, au mieux, une année de transition est finalement devenu un triomphe absolu, celui de la programmation, de la modernité, du sérieux et de l’abnégation. Comme depuis cinq ans, et peut-être bien pour quelques autres années.
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Dybala

Crédit: Imago

La différence sur le terrain et sur le banc

Avis aux personnes souffrant de vertige, les chiffres qui vont suivre peuvent donner le tournis : +88 sur le Napoli, + 111 sur la Roma, +131 sur le Milan et +154 sur l’Inter. On vous avait prévenus, il s'agit des écarts infligés sur les cinq derniers championnats. Un gouffre qui était censé se réduire cet été. On commence à connaître le refrain, Pirlo, Tevez et Vidal vendus, 20 Millions sur Zaza, 25 sur Alex Sandro et 40 sur Dybala. Opération rajeunissement de l’effectif pour prévoir une nouvelle ère, elle sera finalement le prolongement de celle déjà en cours.
Les autres recrues (Rugani, Khedira, Lemina, Mandzukic et Hernanes) prennent aussi leurs marques. D’un roster prétendument affaibli, on est passé à groupe renforcé et avec une marge de progression beaucoup plus importante. Les cadres âgés couvent leurs héritiers tandis que la direction continue de mettre le grappin sur les meilleurs espoirs de la Botte (Sensi de Cesena, Mandragora de Pescara, Ganz de Como, Berardi de Sassuolo, etc…).
A la Juve plus qu’ailleurs, les individualités sont priées de se fondre dans le collectif, mais difficile de ne pas sortir un homme du lot. Capable d’arrondir les angles avec ses dirigeants - contrairement à son prédécesseur - en acceptant un redimensionnement temporaire. Impassible devant les critiques de la presse et des supporters. Tacticien hors-pair maniant plusieurs schémas tactiques avec brio.
Entraîneur pragmatique qui ne cherche pas à imiter les styles de jeu à la mode. Excellent gestionnaire. Communicateur intelligent et transparent. La prolongation de son contrat n’est qu’une question de jours et la Vecchia Signora fait bien de retenir Max Allegri sur son banc de touche. D'ailleurs, tout comme ses joueurs, lui aussi possède une marge de progression intéressante.
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Allegri avenir

Crédit: Eurosport

La différence hors du terrain et sur le bureau

Une suprématie sur le rectangle vert qui peut toutefois vite être remise en cause. Avec de l'intuition et de l'argent, on peut rapidement former un effectif complet et compétitif guidé par un entraineur compétent. Seulement voilà, le club turinois s'est couvert dans des secteurs où il est plus difficile d’intervenir sur le court terme. Citons une nouvelle fois le Juventus Stadium, antre de propriété qui a permis la croissance et surtout la diversification des revenus.
Très bientôt, ce sera tout le quartier de la Continassa, abandonné et malfamé jusqu’à il y a peu, qui sera "juventinisé". On y trouve déjà le J-Medical, clinique de médecine sportive (et pas seulement) haut de gamme. Seront ensuite érigés le nouveau centre d’entraînement, le nouveau siège, un hôtel, une école internationale, un concept store, tout ça "aux couleurs" blanche et noire. Les dirigeants (Agnelli, Marotta, Mazzia, etc...) ont parfaitement négocié le virage du foot moderne fait de ballons mais surtout de ciment.
Les finances, encore dans le rouge au début de ce nouveau cycle, ont verdoyé au fil des années grâce aux performances de l’équipe mais aussi à ces investissements judicieux. Si la Juve possède le plus haut chiffre d’affaires de Serie A (et le dixième au monde), c’est aussi parce qu’elle ne s’est pas reposée sur ses lauriers. Son savoir-faire, elle le cultive et le met régulièrement à jour grâce à une mentalité rigoureuse et une programmation solide.
Elle compte sur elle-même et pas sur des institutions malades. Ce flux de louanges n'en finit plus diriez-vous, mais il n'est pas gratuit. Il ne s’agit pas d'exécuter des génuflexions devant le premier de la classe mais bien d'exposer pourquoi il domine outrageusement. Une précision loin d’être superflue au vue des tentatives tristement et ridiculement historiques de minimiser les mérites de cette institution qu'est la Juventus.

Mais qui peut faire la différence ?

Aux concurrents de s'en inspirer. Les candidats sérieux sont au nombre de quatre. Le Napoli, modèle de gestion, pas un centime de dette, joueurs et entraîneur compétitifs, mais la sensation que ce club a déjà atteint le maximum de ses capacités économiques. Lui demander plus serait presque injuste. La Roma aussi peut compter sur un matériel humain de qualité et un virage semblait pouvoir être opéré avec l'arrivée des Américains, mais la nouvelle enceinte se faire attendre.
Deux équipes tirées vers le bas par le folklore local, lamentations, culture du complot et donc création d’alibis qui conditionnent leurs acteurs en plus d'un manque d'équilibre dans les jugements (dépression ou exaltation, pas de juste milieu). Ça, même le plus opulent des magnats ne pourrait rien y changer.
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Gianluigi Buffon, Paul Pogba (Juventus)

Crédit: Imago

Tournons-nous alors vers les équipes milanaises, les seuls à posséder un background historique pour rivaliser sur la durée. Le constat est clair, il faudra des investisseurs étrangers pour l’exploiter mais aussi redresser des finances catastrophiques et investir dans la construction d'un stade (la cohabitation à San Siro est anachronique). Un cursus qui prendra plusieurs années comme on a pu le voir avec l’Indonésien Thohir que l'on dit sur le point d’abandonner l'Inter après trois années compliquées.
La Juve a donc devant elle un boulevard pour poursuivre sa série, 6, 7, 8, 9, 10 scudetti consécutifs ? Tout est envisageable puisque, et là se situe la véritable différence avec ses adversaires, elle ne semble jamais rassasiée.
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