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La Lazio Rome et son maillot noir: et si on en finissait avec les clichés autour de ce club ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 24/09/2015 à 18:28 GMT+2

SERIE A - Comme en de trop nombreuses occasions, les médias français parlent de la Lazio pour ses aspects négatifs, contribuant à véhiculer des clichés qui font du tort à la grande majorité de ses supporters, dont une partie vit justement en France.

La Lazio Rome en Ligue Europa

Crédit: AFP

Si l’objectif était de faire le buzz et de donner un coup de boost à sa notoriété, il est parfaitement atteint. Mais s’il s’agissait d’un trait d’esprit caricatural, il n'a pas eu l'effet escompté. La semaine dernière, lemonde.fr publiait un article sur la couleur du quatrième maillot de la Lazio et faisait un rapprochement avec les chemises noires qu’endossaient le bras armé du parti fasciste il y a maintenant près d’un siècle. Les réactions dialectiques qui en ont découlé ont bien souvent été déplorables mais elles étaient surtout prévisibles.

Il n’y a pas de fumée sans feu, mais pourquoi l’attiser sans cesse ?

Jouons la carte de l’honnêteté : si le mot "fascisme" revient aussi souvent sur la table lorsqu’on parle de la Lazio, c’est à cause de ses antécédents, liés à une minorité bien visible. Le nier, c’est mentir. Quand le capitaine et une des idoles du peuple laziale décoche un signe romain à la fin d’un derby victorieux, difficile de relativiser. Surtout lorsque l’on connait ses convictions ouvertement fascistes. Une bonne partie des ultras de ce club revendique régulièrement son appartenance à ce courant, et il existe des passionnés de football, en Italie et à travers le monde, dont l'idéologie d'extrême droite est la raison pour laquelle ils se sont mis à supporter ce club. Cependant, j’insiste bien, il s’agit là d’une minorité que l’on peut difficilement quantifier.
Alors oui, le quatrième maillot tout noir est une grosse perche tendue pour se lancer dans des raccourcis ironiques. Le bon mot est de mise, aucun problème là-dessus, surtout en des temps où la caricature peut mener aux conséquences que l’on sait. Il est important d'en souligner la légitimité. Tout comme la nuance serait la bienvenue devant certaines affirmations bien trop courantes dans les médias français. Je me souviens encore de propos tenus à la télévision française lorsque Djibril Cissé avait "signé dans un club de fascistes !" L’attaquant français étant pourtant devenu un des chouchous du public en seulement six mois à la Lazio.
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Keita Balde (Lazio Rome)

Crédit: Panoramic

Je suis Charlie, pas Benito

En tant que Français résidant de l’autre côté des Alpes, je regrette que ces considérations très faciles proviennent une fois de plus de mon pays. On retrouve là le plaisir très français de taper sur le football italien à la première occasion venue. Et c'est franchement irritant à la longue.
Pourtant, les dirigeants de la Lazio tiennent à se défaire de l’image qu’ils reflètent bien malgré eux. Stefano De Martino, directeur de la communication a réagi, après cet article du Monde.fr : "Cette attaque n’a aucune justification et a indigné le club et les supporters. Nous renvoyons ces considérations à son auteur. On a protesté fortement. En Europe, souvent l’image biancoceleste est associée, avec des références historiques que je conteste, à des moments politiques et non footballistiques, oubliant de mentionner que le club et son peuple se sont toujours caractérisés par l’engagement social et le respect des différentes ethnies. Pour rester en France, je veux rappeler l’initiative qui nous a valu les compliments de l’Europe entière suite à notre soutien durant la tragédie de Charlie Hebdo."
Effectivement, le club décida de disputer le derby romain avec le fameux slogan "Je suis Charlie" floqué sur le devant du maillot. Une très belle initiative qui n’a malheureusement pas bénéficié de la même caisse de résonance en France que la tunique noir. Quoi qu’il en soit, de nombreux confrères italiens ont pris leur plume pour dénoncer la facilité de cette caricature qui contribue à colporter les clichés concernant la Lazio. Ancien joueur du club, le Français Ousmane Dabo est un de ceux qui s’évertuent à expliquer son amour pour la Lazio et le comportement exemplaire de la grande majorité de ses supporters.
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Le maillot "Je suis Charlie" de la Lazio

Crédit: AFP

Roma caput mundi

Conséquences de cet acharnement ? En France, le supporter de la Lazio est condamné à justifier son choix, expliquant pour la millième fois que SS signifie Società Sportiva et que l’aigle a été choisi à la fondation du club en 1900, soit deux décennies avant l’avènement du fascisme. En revanche, et heureusement, celui de Livourne n’a pas à s’excuser de supporter une équipe liée indirectement à l'idéologie d'extrême gauche qui a aussi de nombreuses casseroles. Idem pour le fan de la Roma, un club "voulu" par le parti fasciste et hébergeant de nombreux "nostalgiques" dans son kop.
Néanmoins, c'est bien la glorieuse histoire centenaire de la Lazio qui est sacrifiée sur l'autel de la dénonciation sarcastique. Un petit message donc aux supporters laziale de France et de Navarre : combattez les préjugés en endossant avec fierté vos tuniques blanches et bleues et même noires, celles du premier club d'une ville qui a influencé et influencera encore pendant des siècles l’histoire de l'humanité.
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