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Le monde entier leur envie Paolo Maldini, mais le Milan et l'Italie continuent de le placardiser

Valentin Pauluzzi

Publié 13/05/2016 à 23:54 GMT+2

Retraité des terrains depuis plusieurs années et prêt à mettre son expérience à disposition mais sans faire de concession, Paolo Maldini, l'un des plus grands joueurs de l'histoire du foot italien et mondial, est marginalisé par son club de toujours et sa propre nation. Absurde.

Maldini sorgt sich um Milan

Crédit: Imago

Milan-Roma, une affiche qui devrait rappeler des exploits, des buts, des titres, mais c'est surtout un adieu gâché qui nous vient à l'esprit en repensant à ce classique. C'était il y a sept ans, grand ciel bleu, San Siro rempli, hommage des adversaires, tout était prêt pour honorer une véritable légende. Puis, quelques minutes après le coup de sifflet final, le noyau dur des pensionnaires de la Curva Sud (le kop des fidèles) déployait des banderoles et réglait ses comptes concernant des prises de becs quelques années auparavant.
Depuis ce coup bas, et suite à l'absence de soutien de sa direction, Maldini s'est irrémédiablement éloigné du seul et unique club qu'il a connu dans sa carrière. Une situation à l'insoutenable arrière-goût de gâchis qui perdure depuis trop longtemps.

Il souffre, en silence

Cette fois, au San Mamès, pas une once de contestation, les supporters de l'Athletic Bilbao applaudissent chaleureusement. Paolo Maldini est l'invité du jour et vient recevoir le "One Man Club Award", trophée récompensant les joueurs qui n'ont porté qu'un seul maillot. C'est que les Basques s'y connaissent en matière de fidélité. Style impeccable, sobriété, charisme, tout y est.
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Paolo Maldini - Cristian Brocchi

Crédit: Eurosport

A bientôt 48 ans, le bel Italien continue d'en jeter et, carrière à l'appui, est le garant d'un football propre, transparent et limpide. Il fait l'unanimité. La veille, le Milan arrachait un nul 3-3 à domicile contre le relégable Frosinone et abandonnait une sixième place lui garantissant une qualification européenne. En tribunes, Galliani et sa réputation bien ternie exultait pour cette égalisation in-extremis. Deux images tristement symboliques à quelques heures d'écart.
Depuis ce fameux match d'adieu, les rapports entre Maldini et son ancienne direction n'ont cessé de se refroidir. Aucun ou très peu de contacts en public comme en privé et des critiques acerbes mais justes lors de l'interview annuelle qu'il concède. Malgré la situation désastreuse de son club (sans guillemets), l'ancien défenseur ne s'épanche pas plus que ça dans les médias. Pas de rôle d'observateur à la télé ou à la radio, il reste en retrait, observe et constate avec amertume la dégradation, égratignant l'omnipotent homme à la célèbre cravate jaune : "un grand dirigeant mais qui a une carence dans le choix des joueurs." Touché mais pas coulé.

Indépendance intellectuelle avant tout

"Ne pas voir Paolo Maldini au sein du Milan est plus qu'absurde", c'est signé Zvonimir Boban, lui aussi grand ancien du club. Une analyse concise et efficace qui résume la pensée de tout le monde. A l'heure actuelle, le board des Rossoneri est le suivant : Silvio Berlusconi, président d'honneur, sa fille et Adriano Galliani, administrateurs délégués avec des tâches respectives, et Rocco Maiorino, officieusement directeur sportif.
Sorti de nulle part, ce dernier a remplacé l'excellent Ariedo Braida, bouc-émissaire remercié il y a plus d'un an et qui a vite retrouvé du boulot au Barca. Sur le papier, l'organigramme est assez complet, et pourtant : "Ces dernières années, Leonardo, Seedorf, Allegri et Barbara Berlusconi m'ont appelé. Je leur ai tous répondu la même chose, c'est à dire que cela me plairait de pouvoir être impliqué mais qu'en même temps, je veux faire les choses comme je l'entends, et cela peut assurément poser quelques problèmes..."
Lors de sa dernière interview accordée à Sky Italia, Maldini a tenu à souligner sa vision des choses. Le message est clair, il ne viendra pas endosser un simple rôle d'ambassadeur comme le fait par exemple son ancien capitaine Franco Baresi. Une reconversion en tant que coach a été écartée depuis longtemps, surtout la version yesman à la Inzaghi ou Brocchi.
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2015, Adriano Galliani, Paolo Maldini, Imago

Crédit: Imago

Pour renvoyer l'ascenseur à cette institution qui lui a tout donné, il veut un rôle décisionnel avec une réelle indépendance intellectuelle, un concept qui lui tient à coeur et qui bloque son retour. En effet, seules les marionnettes réussissent à épauler le duo Berlusconi-Galliani. D'aucuns diront, et à juste titre, que le pedigree de joueur de Maldini ne suffit pas pour prétendre à occuper certaines fonctions. Certes, mais vu le piètre état dans laquelle se trouve le club, cela ne coûte rien d'essayer, non ?

Le Milan ou rien ?

"Je trouve absurde que Paolo se retrouve en dehors du monde du foot", celle-ci est de Costacurta qui a paraphrasé Boban tout en élargissant le concept. Si la porte est fermée au Milan, il y a bien d'autres façons d'exploiter une telle source et ressource de savoir footballistique. Mais là encore, difficile de tenir tête aux éléphants qui occupent les places les plus importantes au sein de la fédération, Demetrio Albertini (tiens, encore un ancien du grand Milan) en a fait les frais, s'inclinant face au septuagénaire Tavecchio lors des dernières élections de la présidence. L'espace d'une année, Roberto Baggio avait fait partie de la commission chargée de redresser le calcio après la désastreuse campagne du Mondial 2010. Son expérience a vite tourné court lorsque l'ancien Ballon d'or s'est rendu compte qu'on lui laissait très peu de marge de manœuvre.
De son propre aveu, Maldini a reçu concrètement deux offres ces dernières années, la première est venue du PSG. Un contact a eu lieu au Parc des Princes, Nasser était prêt à lui confier le poste de directeur sportif, sans suite. La seconde est plus récente : "Avant les dernières élections, on m'a demandé d'entrer à la Fifa. C'est un rôle très politique, Infantino veut l'appui de nombreux anciens joueurs, nous verrons."
En fait, Maldini donne l'impression d'écarter toute hypothèse ne concernant pas le Milan. La volonté de mettre son expérience à disposition et de relever le club est trop forte, mais comme il le révèle lui-même, cela semble compromis : "Je n'ai pas eu de contact avec le président Berlusconi depuis le jour de mon dernier match, et puisque c'est lui qui prend les décisions, j'en déduis que..." On en déduit que les Chinois qui négocient actuellement le rachat du club doivent conclure l'affaire, et vite. Cette opération pouvant mettre fin à un ostracisme aussi désolant que révoltant.
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