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AS Roma : Quelle trace laissera Rudi Garcia, premier coach français de l'histoire de la Serie A ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 14/01/2016 à 10:31 GMT+1

SERIE A - Après une lente agonie, Rudi Garcia a été démis de ses fonctions d’entraineur de la Roma, mais la fin en eau de boudin ne doit pas faire oublier un bilan plus qu’honorable.

Rudi Garcia, entraîneur de l'AS Roma - 2014-2015

Crédit: Eurosport

Un modèle d'intégration

Arrivé au sein d’un club battu par la Lazio dans une historique finale de Coupe d'Italie, Rudi Garcia n’avait pas beaucoup de temps à disposition pour faire mouche. Très vite, il démontre une bonne maitrise de la langue de Machiavel, important pour communiquer avec ses joueurs mais surtout s’exprimer devant la presse. En quelques mois, il acquiert les codes du bon romanista sans jamais hésiter à entrer dans le lard des supporters mécontents. C’était risqué, et les excellents débuts lui ont permis d’éviter un passage à tabac, mais cela lui a conféré immédiatement une autorité devant ses joueurs, son public et cette presse romaine souvent responsable du climat instable.
Garcia n’hésitait jamais à vanter les beautés de la ville éternelle et s’est même amouraché d’une jolie journaliste opérant sur la chaine officielle du club. Un détail people mais qui compte. Ceux qui pensaient voir débarquer un "franchouillard" ont vite dû revoir leur jugement, Rudi s’est "romanisé" à une vitesse surprenante et est devenu "l’un des leurs". Enfin, tant que ça marchait sportivement, cela va de soi.
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Rudi Garcia a la cote à Rome.

Crédit: AFP

Un réel personnage médiatique

Si la Roma n’est que le quatrième club d’Italie par ordre d’importance, elle est l’équipe la plus exposée entre médias locaux et studios de la Rai tout proches. Bref, on y épie les moindres faits et gestes, qui plus est lorsqu'il s’agit d’un entraîneur étranger. Garcia a réussi à éviter les pièges tendus par une presse volontiers mesquine, mieux encore, il leur a donné en pâture quelques phrases bien senties. Le "On a remis l’église au centre du village" avait fait fureur au soir de son premier derby, tout comme le "Je suis certain que l’on remportera le scudetto" après la défaite contre la Juve en octobre 2014.
Sans oublier le coup du violon durant cette même rencontre pour protester contre l'arbitrage. Des conférences de presse rarement banales où il ne reculait pas d’un centimètre et faisant preuve d'une assurance parfois grisante. Certes, certaines déclarations ont eu un effet boomerang, et n’est pas José Mourinho qui veut, mais rarement un technicien étranger se sera montré aussi à l’aise dans cet exercice de style.

Un meneur d’hommes

En parlant de la presse, à Rome, les fuites des mécontentements des joueurs y sont d’habitude monnaie courante. Durant l’ère Garcia, elles ont disparu. En effet, malgré les difficultés lors de la seconde partie de son mandat, l'ancien Lillois a toujours été suivi par ses joueurs. Il a notamment réussi à nouer un très bon rapport avec les sénateurs du groupe, et on sait combien cela est important d’être sur la même longueur d’ondes que Totti et De Rossi lorsqu’on occupe le banc des Giallorossi.
Durant une saison et demie, son discours a été très efficace, même auprès de ceux qui étaient en difficulté, hormis peut-être Destro. Des éléments clés comme Nainggolan, Pjanic et De Sanctis étaient aussi de son côté, pour ne pas parler de Keita, porteur du brassard en l’absence des deux enfants du pays. Nous ne sommes pas dans les petits secrets du vestiaire, mais il semblait régner une vraie unité derrière Garcia, jusqu’au bout.
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FOOTBALL 2014 AS Rome - Rudi Garcia

Crédit: Panoramic

Un recordman positif et négatif

18 premiers mois excellents, 127 points engrangés en un championnat et demi. Seule une Juve stratosphérique a empêché le Français d’être l’homme du quatrième scudetto de la Roma. Avec 85 unités lors de la saison 2013/14 (dont une série historique de 10 victoires initiales), il aurait fini champion 99 fois sur 100. Oui mais voilà, en face, il y avait une Vieille Dame qui a effectué le meilleur parcours de l’histoire des grands championnats, avec 102 points à la clé ! Lors de ses deux premières saisons, Garcia a ainsi occupé 19 fois la place de leader, 54 fois la deuxième et 3 fois la troisième. Il n’a jamais été classé plus bas !
C’est seulement cette année qu’il a perdu cette régularité, trouvant tout de même le moyen d’occuper encore deux fois la tête du classement début novembre. Tout l’inverse de son parcours beaucoup plus mitigé en Coupe d'Europe, avec deux petites victoires et 30 buts encaissés en 12 matches de Champions League, dont des déculottées face au Bayern (7-1) et au Barca (6-1). Pas mieux pour le repêchage en Europa League et la Coupe d’Italie, dont une récente élimination à domicile contre une Serie B qui n'a pas servi sa cause. Avec Rudi, c’était tout ou rien.
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Arjen Robben et le Bayern ont humilié la Roma.

Crédit: Eurosport

Un tacticien trop entêté

Et on en vient au plus important. En Italie, un entraineur peut marquer les esprits par les trophées gagnés mais aussi pour son identité tactique. Une identité, Garcia en a eu une, et, comme souvent pour les "intégristes", c’est à double-tranchant. Un 4-3-3 jusqu’au boutiste avec quelques rares variantes en 4-2-3-1 lorsque Pjanic montait d’un cran. Dans ce système, Gervinho trouvait son compte mais l’état de forme de l’Ivoirien influait beaucoup trop sur le rendement de son équipe, et ça, la Roma ne peut se le permettre. Il n’y avait aucune réelle alternative lors des périodes creuses et rarement le jeu et l'approche étaient adaptés à l’adversaire du jour, ce qui s’est payé comptant contre le Bayern ou le Barça, mais aussi lors du choc de haut de tableau contre la Juve il y a deux ans (défaite 3-0).
Enfin, Garcia pourra surtout nourrir trois gros regrets : la grave blessure de Strootman, la vente forcée de Benatia au Bayern et le cavernome de Castan qui ont compliqué ses plans. Un gout d'inachevé donc, mais surtout une expérience générale qui n'aura laissé personne indifférent de l'autre côté des Alpes. Une petite victoire, aussi symbolique soit-elle.
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