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Serie A : Juventus-Napoli, au-delà du football

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 13/02/2016 à 17:26 GMT+1

SERIE A - La Juventus, deuxième, accueille le leader, le Napoli, pour le choc de la saison. En jeu, un scudetto, en toile de fond, une revanche sociale et des polémiques déjà anticipées.

Les tifosi du Napoli lors du match aller face à la Juventus

Crédit: Panoramic

La pression monte tout doucement depuis une grosse semaine et les unes des trois quotidiens sportifs italiens sont toutes consacrées à cette affiche disséquée sous tous les angles possibles. Le championnat est encore loin d’être terminé, il reste 13 journées, mais ce Juventus-Napoli est bel et bien considéré comme le gros tournant de la saison. Un classique du Calcio mais aussi un classique de l’histoire italienne, prisme de lecture auquel il est difficile d’échapper.

Un duel finalement presque inédit

Contrairement au martèlement subi ces derniers jours, ce n’est pas une joute qui a connu une réelle récurrence au cours des 90 dernières années (le premier antécédent datant de 1926). Les adversaires historiques de la Juventus sont avant tout l’Inter, le Milan et la Roma. Rarement elle a été au coude à coude avec le Napoli pour se disputer un titre de champion.
C’est arrivé vraiment deux fois. La première, en 1975, le choc se dispute à cinq journées du terme du championnat. Deux points déjà séparent les deux équipes, mais en faveur des Turinois qui s’imposent 2-1 grâce à un but vainqueur de José Altafini, ancien Azzurro qui sera ainsi affublé du surnom "core ‘ngrato" (cœur ingrat) en patois local. Six ans plus tard, une opposition moins connue mais pourtant tout aussi importante, c’est une lutte à trois avec également la Roma, toujours avec deux points d’écart à l'avant-dernière journée. Si le Napoli l’emporte, il revient à hauteur des Bianconeri. Ce sera un revers 1-0 sur un malheureux csc.
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José Altafini sous le maillot de la Juve en 1976

Crédit: Imago

D’autres rencontres ont également émaillé l’histoire de cette affiche, mais elles concernent avant tout d’autres compétitions tournant d’ailleurs bien souvent à l’avantage des Napolitains. Un quart de finale de Coupe de l’UEFA en 1989 et les coéquipiers de Maradona qui remontent aux prolongations le revers 2-0 subi à l’aller, trois Supercoupes d’Italie et une finale de Coupe, insuffisant pour construire une mythologie. La tentation est forte, mais inutile également d’insister sur l’opposition Platini-Maradona, quand le Napoli a remporté ses deux seuls scudetti, c’était en bataillant avec les équipes milanaises, l’Inter du Trap et le Milan de Sacchi.

L’Histoire avec un grand H

D’où les doutes concernant les véritables motivations de cet antagonisme un poil forcé d'un point de vue strictement footballistique. Et si le suc était surtout extra sportif ? Replongeons-nous 150 ans en arrière. Le Royaume de Sardaigne (qui comprend aussi et surtout le Piémont) a décidé d’unifier tous les Etats italiens sans forcément leur demander leur avis. Sous l’impulsion du Général Garibaldi, 1000 patriotes embarquent pour la Sicile, en quelques mois, le Royaume des deux Siciles, capitale Naples, une des villes les plus prospères d’Europe, est rallié. L’armée des Bourbons est battue, l’Italie est née.
La maison de Savoie (nom de la dynastie) en profite pour se servir allègrement dans les caisses afin de remettre à flot une économie moribonde. Pour certains historiens, il s’agit d’un pillage en règles, pour d’autres d’une véritable colonisation (les notables piémontais envahissent le Mezzogiorno). Un événement à l’origine du gouffre économique séparant l’Italie du Nord et celle du Sud.
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Les tifosi du Napoli

Crédit: Panoramic

Il n’en faut pas plus pour que la Juventus soit perçue comme l’équipe des "savoiardi", l’incarnation de son pouvoir politique et économique. Une conception largement colportée par une presse locale qui a déniché là un filon bien vendeur. Ainsi, une grande partie des supporters napolitains a la Vieille Dame dans le nez également pour cette raison.
Egalement car quid du Torino, autre grande équipe turinoise ? Evidemment aucune mauvaise intention, peut-être même de la bienveillance (l’ennemi de mon ennemi est mon ami). Là encore, les perplexités abondent à propos de cette lecture politico-sociologique. La Juve aurait-elle cette image péjorative si elle n’avait pas autant gagné en plus d'un siècle d'histoire ?

L’arbitre déjà dans l’œil du cyclone

On se dirige vers une affiche royale avec deux équipes dans la plus grande forme de leur histoire en Serie A. En effet, jamais la Juve n’avait remporté 14 succès d’affilée, tout comme le Napoli n’avait enchainé 8 succès de rang. Et pourtant, l’attention se porte surtout sur le choix de l’arbitre. Vilain défaut italien de plus en plus insupportable.
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Nicola Rizzoli

Crédit: Panoramic

Un éminent journaliste, Paolo Liguori, directeur des rédactions de TGcom 24, importante chaine d’info transalpine, vient de recevoir une plainte pour diffamations de la part de l’association italienne des arbitres et son meilleur représentant Nicola Rizzoli. Il y a quelques jours, il avait certifié qu’en cas de désignation de ce dernier, une erreur d’arbitrage en faveur de la Juve aurait lieu. Rizzoli blessé, c’est finalement Mr. Orsato qui a été désigné.
Les discussions sur les trois grosses absences de la Juventus (Khedira, Chiellini et Mandzukic) ? Sur le schéma de jeu adopté par Allegri (352 ou 433) ? Sur le plan anti-Higuain et celui anti-Dybala ? Des fioritures, de la décoration, du folklore même. L’entière pression de ce choc retombe sur les épaules de l’homme au sifflet, finalement la meilleure façon de le pousser à l’erreur.
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