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La Juventus a perdu son ADN italien, mais ça n'inquiète personne...

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 04/08/2016 à 12:20 GMT+2

EUROVISIONS - La Vieille Dame est incontestablement la reine de cette période de transferts estivale, une équipe qui se présentera comme une des grandes favorites de la prochaine édition de la Ligue des champions. Au détriment de ce qui faisait sa force depuis tant d'années ?

Higuain unveiled by Juventus + ITW

Crédit: Eurosport

Dani Alves en provenance du Barça, Mehdi Benatia qui arrive du Bayern, Miralem Pjanic transfuge de l’AS Roma, Marko Pjaca le petit prodige du Dinamo Zagreb. Et surtout, Gonzalo Higuain, tout frais recordman du nombre de buts inscrits sur une saison de Serie A et acheté au Napoli, dauphin de la Vielle Dame. Les tifosi bianconeri vivent un rêve éveillé, à tel point que le départ entériné de Paul Pogba à Manchester United passe au second plan. Il a même déjà été digéré.
Avec une telle hyperactivité, les dirigeants turinois ont mis la barre encore plus haute, un sixième titre d’affilée ne suffira plus, la coupe aux grandes esgourdes est définitivement dans le viseur. Pour parvenir à ses fins, la Juventus, dernier bastion de l’italianité, a emboîté le pas des autres cadors italiens.
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Juventus compo: Dani Alves, Pjanic, Benatia

Crédit: Eurosport

L’Euro trompe-l'oeil

La mondialisation, le libre-échange, les frontières béantes. Tenir un discours conservateur est désormais anachronique. Or, il le sera officiellement le jour où les sélections nationales disparaîtront et/ou seront remplacées par des formations all-star de chaque ligue nationale. Désolé de s’inquiéter pour l’avenir de la Nazionale, dont les reflets sont loin d’être roses. Les surprenantes prestations et l’élimination à la loterie des tirs aux buts du dernier Euro ne doivent pas faire oublier le profond problème du réservoir de sélectionnables.
Au risque d’être répétitif, voire insistant, rappelons une fois de plus que 45% des pensionnaires de Serie A peuvent endosser le maillot azzurro, un taux qui passe en-dessous des 30 lorsqu’on prend uniquement en compte le Top 5. En outre, les Italiens ont toujours un mal fou à bien s’exporter hors de leurs terres. Il y a eu d’abord l’Inter, puis la Fiorentina, le Napoli et enfin la Roma. De 0 à 2 autochtones titulaires. Et ceux plus nombreux du Milan ? On ne parle malheureusement plus d’un cador, car absent des Coupes d’Europe depuis trop longtemps.
La Juve était la magnifique exception à cette triste mode, mais il y avait déjà eu une première inflexion. L’an dernier, sur les 14 joueurs les plus utilisés (11 titulaires et 3 remplaçants), seuls cinq étaient sélectionnables. Toujours les mêmes. Le quinté défensif historique : Buffon, Barzagli, Bonucci, Chiellini, Marchisio. Du très haut niveau, ce qui se fait de mieux à leurs postes, mais une moyenne d’âge de 33 ans.
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Gigi Buffon - Germany v Italy - Euro 2016

Crédit: AFP

Seulement huit italiens dans l’effectif bianconero

Hormis blessures et/ou retour de blessure compliqué, leur statut ne devrait pas changer. Tout comme celui de leurs compatriotes, et c’est là que le bât blesse. Caceres parti, Benatia arrivé, l’excellent Daniele Rugani restera le cinquième choix en défense centrale. Du gâchis pour celui qui est le meilleur espoir italien à son poste. Une saison d’apprentissage était compréhensible. Deux, c’est déjà trop. Sturaro et Zaza (meilleur rapport buts/minutes jouées pour le second) ne pourront pas prétendre à mieux qu'un rôle de joker respectivement défensif et offensif. La Juve aurait même proposé au Napoli un ou plusieurs de ces éléments en tant que contrepartie technique dans la transaction Higuain. Ce sera finalement du cash.
Huit sélectionnables italiens dans l’effectif, un de moins que l’an passé, la mascotte Padoin ayant été vendue à Cagliari. Par ailleurs, la succession de Pogba devrait être assurée par l'importation d'un ou deux noms ronflants. Cette désitalianisation est-elle nécessaire pour franchir un cap sur la scène européenne ? C'est vrai, hormis les pensionnaires de la Juve, très peu de Transalpins figurent parmi les références mondiales à leur poste, mais il est aussi possible de miser sur eux pour qu'ils le deviennent, c'est d'ailleurs ce que la Juve est censée faire.

La traite des jeunes transalpins

Pour asseoir un peu plus sa suprématie sur la Botte, la Vieille Dame a décidé depuis un moment d’opérer une politique de conquête des meilleures jeunes pousses locales. Enfin quelqu’un qui pense à eux ! Quelques années plus tard, le constat est contrasté. Les grands bénéficiaires ont été Zaza, Rugani et Sturaro, mais comme dit précédemment, leur statut est figé et ils vont même perdre des place dans la hiérarchie.
Une situation qui a surement fait réfléchir Domenico Berardi. L'attaquant de Sassuolo et meilleur élément offensif italien U23, a déjà refusé par deux fois d’être transféré à Turin (l'accord entre les deux clubs est établi depuis longtemps). Quitte à partir, il préférerait même que ce soit à l’Inter, là où il trouverait un temps de jeu plus conséquent. Néanmoins, la Juventus a mis son veto, pour en faire quoi ? Ce qui était une stratégie tout à fait louable devient une mainmise difficilement supportable.
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Domenico Berardi (Sassuolo)

Crédit: Twitter

D’où les questions concernant l’avenir d’autres garçons ayant choisi cette filière. Rolando Mandragora, 18 ans, milieu/défenseur, pilier des U21, pris à Pescara via le Genoa et qui devrait repartir en prêt. Simone Ganz, 22 ans attaquant prometteur, recruté de Como et déjà envoyé au Hellas, à chaque fois en Serie B. Stefano Sensi, 21 ans, playmaker dont on dit le plus grand bien, officiellement à Sassuolo via Cesena, officieusement à la Juve. Des joueurs qui risquent de rester dans l’antichambre turinoise sans réelles possibilités de s’émanciper à cause de recrues étrangères payées à prix d’or et prêtes à l’emploi.
Même topo pour les éléments provenant directement du vivier bianconero où les autochtones se font aussi rares. Alors certes, la Juve n’a de comptes à rendre à personne, ses rivaux directs sont encore plus à blâmer et tirer à boulets rouges sur la dernière institution capable de mettre en valeur le Made in Italy pourrait paraître sévère. Reste que, régulièrement, ses acteurs désignent ce socle italien comme le principal secret de leur succès. L'ADN de la Juve est en péril, mais ça n'a pas l'air d'inquiéter grand monde.
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