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Déjà capitale d'Italie, Rome pourrait devenir capitale du Calcio, mais...

Valentin Pauluzzi

Publié 03/12/2016 à 19:55 GMT+1

SERIE A - Cette saison, les trois principaux derbys italiens se déroulent en l'espace de quelques journées. De quoi faciliter les comparaisons et accentuer le statut toujours plus important de celui de Rome, le seul à proposer régulièrement une opposition entre deux des meilleures formations transalpines, signe que la géographie du Calcio est en train de changer.

Une figurine de Francesco Totti devant la Fontaine de Trevi à Rome

Crédit: AFP

Comme dans la majorité des grands championnats européens, la capitale n'est pas le centre névralgique du football, historiquement du moins. Rome, Paris, Berlin, Londres, toutes supplantées par la province ou les capitales industrielles. Seule Madrid fait figure d'exception. Si on se base sur le classement historique de la Serie A et qu'on additionne les points engrangés par les clubs de chaque ville, Milan caracole en tête avec 7898 unités devant Turin à 6914 et Rome à 6517.
Une tendance historique qui tend à s'inverser depuis l'été 2013 : 491 pour Turin, 471 pour Rome et 398 pour Milan. L'écart entre le chef-lieu du Piémont et la cité éternelle étant surtout dû aux scores de la Juve. Car, comme le montre le prochain derby capitolino, Rome est bien la seule ville possédant deux clubs de haut de tableau.

Des maux pour des biens

La saison des deux formations romaines avait pourtant mal débuté. La Lazio d'abord avec le feuilleton de son nouvel entraineur. Tout semblait acté pour la venue de Marcelo Bielsa. Plus loco que jamais, l'ancien marabout de l'OM a planté tout le monde au dernier moment avec des requêtes un brin déplacées entre salaire, logement et recrutement, ce qui a contraint la direction à se replier tardivement sur Simone Inzaghi capable de conclure la saison passée de façon honorable.
La Roma ensuite et cette brusque élimination en préliminaires de la Ligue des champions (revers 0-3 contre Porto) et conséquent reversement en Ligue Europa. Vue la cascade de blessures plus ou moins graves qui s'est abattue sur le club en ce début de saison (Mario Rui, Florenzi, Vermaelen, Perotti, Strootman, Totti, etc...), jongler entre deux tableaux aussi contraignants aurait été ingérable. Là, la Louve s'est concentrée sur le championnat sans négliger la C3 qu'elle survole face à des adversaires à sa portée.
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Simone Inzaghi sur le banc de la Lazio Rome - 2016

Crédit: Panoramic

La part belle aux bombers

Les Giallorossi peuvent surtout compter sur un Edin Dzeko dans la forme de sa vie. Déjà 17 buts inscrits toutes compétitions confondues et un duo assorti avec Salah. Une renaissance avant tout psychologique grâce à Spalletti qui ne cesse de lui demander de faire mieux. Le brillant tacticien toscan est très sûr de lui, son ironie ne passe pas toujours et agace même ses gars, mais malgré quelques faux pas à l'extérieur, il effectue un travail admirable depuis son retour en janvier dernier.
De son côté, Inzaghino a repris le travail interrompu en cherchant aussi à revigorer quelques éléments dépressifs tels Felipe Anderson et Baldé Keita. Avec Immobile, ils forment un redoutable trio d'attaque. Ce dernier a été la recrue phare de l'été. Capocannoniere il y a deux ans, il ne pouvait pas avoir égaré sa finition du jour au lendemain, le voilà avec déjà 9 pions à son actif. Petit plus non négligeable, le coach laziale - déjà au point tactiquement - a également misé sur quelques éléments qu'il avait dirigés chez les équipes de jeunes.
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Edin Dzeko avec la Roma

Crédit: AFP

Freinées par les institutions...

Profitant bien entendu de la crise noire du football milanais, Rome a pris du grade ces dernières saisons. Or, cette progression n'est pas franchement récompensée par le "sistema-calcio" régi par la dictature des droits tv. Source de revenus majoritaire pour tous les clubs, ses critères de répartition viennent d'être confirmés jusqu'en 2018. Aux 40% assignés en parts égales, s'ajoutent les 30% distribués via des calculs démographiques. 5% selon la population de la ville, et là Rome la plus peuplée est gagnante, mais aussi 25 selon le nombre de supporters chiffré par l'intermédiaire d'organismes spécialisés.
Bien que nombreux, laziales et romanistes le sont beaucoup moins que le trio historique Juve-Inter-Milan. Restent 30%, 5 en rapport aux résultats de la saison en cours, 15 sur les 5 dernières et, le plus absurde, 10 sur les résultats historiques de 1946 à aujourd'hui. Ainsi, sur les 70% de parts variables, la moitié découle de facteurs historiques permettant de maintenir les clubs milanais à un niveau de ressources très élevé.

... et les leurs

Une méritocratie partielle qui pourrait être compensée par un soutien sans faille des tifosi. Seulement voilà, malgré les résultats positifs, en adéquation - voire mieux - avec les performances habituelles des deux clubs, l'affluence du Stadio Olimpico est en chute libre. 35000 de moyenne pour la Roma, 21000 pour la Lazio. 35000, c'est justement le nombre de spectateurs attendus dimanche 15h, soit moitié moins que la capacité de cette enceinte. Raison principale de cette désertion ? Une double contestation. Celle - souvent instrumentalisée - envers les politiques sportives et commerciales des directions et celle - carrément instrumentalisée - contre une décision prise par le préfet.
Pour endiguer les épisodes de violence émaillant régulièrement les matches des deux équipes et notamment les derbies, Franco Gabrielli a fait installer une longue barrière en plexiglas séparant verticalement chaque "curva" en deux afin de limiter les mouvements dans ce qui est une véritable zone de non-droit. "Un triste médicament pour combattre une maladie que l'on doit éradiquer", a-t-il lui même admis. En guise de protestations, les ultras des deux camps ont décidé ni plus ni moins que de vider les lieux.
On peut toujours discuter de l'efficacité de cette mesure qui serait d'ailleurs levée en cas de grosses améliorations. Inutile cependant d'attendre une remise en question de la part des personnes visées, lesquelles préfèrent adopter un comportement jusqu'au-boutiste au nom d'une liberté qu'eux-mêmes galvaudent au sein de leur mouvement. Une attitude qui déstabilise leurs joueurs, quand, dans le même temps, les "curve" de San Siro sont pleines à craquer.
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