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L’Italie bien lotie avec Belotti (Torino)

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 17/02/2017 à 16:55 GMT+1

SERIE A - Déjà bien en vue l’an passé, l’attaquant du Torino est en train de passer avec brio le fameux examen de la saison de la confirmation. Il s’agit même de s’interroger sur la suite qu’il devra donner à sa carrière.

Andrea Belotti

Crédit: Panoramic

Quel est l’un de mes critères de prédilection pour juger l’ "exceptionnalité" d’un joueur ? Sa capacité à battre des records préhistoriques. On en a eu une belle démonstration l’an passé avec Higuain et ses 36 buts en Serie A, soit 1 de plus que les 35 de Nordhal 66 ans auparavant. Belotti doit encore attendre la fin de la saison mais il est en ce moment sur les bases du record de nombre de buts inscrits par un pensionnaire du Torino sur une saison. 17 après 24 journées, c’est un de mieux que Santos en 49-50 et Pulici en 72-73 et surtout deux de plus que l’immense Valentino Mazzola en 47-48. Une statistique qui en dit déjà beaucoup sur le bonhomme.

Et si c’était lui "l’élu"?

C’est une quête, très longue, débutée il y a longtemps et dont les multiples échecs ont développé un étrange sentiment d’inachevé chez les inconditionnels de l'Equipe d'Italie. Pour s’en tenir aux sélections européennes, supporters allemands, espagnols, portugais, anglais, français et néerlandais ont pu exulter aux buts respectivement de Klose, Villa, Cristiano Ronaldo, Rooney, Henry et Van Persie. Tous à 50 pions minimum avec leur sélection et tout le contraire de l’Italie qui a vu passer du beau monde entre les Inzaghi, Vieri, Toni, Gilardino et Balotelli sans qu’aucun d’entre eux n’ait réussi à être indiscutable plus longtemps que quelques années.
Evidemment, cet état de fait n’a pas empêché à la Squadra Azzurra d’obtenir de bons résultats dont une Coupe du Monde, mais il y a comme un manque à combler. Belotti, en ce sens, représente un réel espoir puisque Pellè est en pré-retraite dorée, Immobile plafonne tandis que la fiabilité de Balotelli est encore et toujours à prouver. Le natif de Calcinate n’en est vraiment qu’à sa seconde saison au haut niveau et il serait indélicat de mettre la charrue avant les bœufs, mais il a la gueule de l’emploi et Giampiero Ventura l’a compris en lui confiant déjà les clés de l’attaque italienne.
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Andrea Belotti

Crédit: Imago

Au fait, à qui a-t-on affaire ?

Ce joueur reste encore relativement méconnu du grand public et c’est donc l’occasion de le présenter, d’autant que son style sort des sentiers battus. Déjà, c’est un bosseur et pas un joueur né avec un talent inné, il est d’ailleurs né milieu de terrain et avait été recalé du centre de formation de l’Atalanta. Belotti vient du foot d’ "en bas", l’Albinoleffe en Serie C, Palermo en Serie B et maintenant le Toro. Un parcours qui rime avec sacrifice et humilité. Pour son style de jeu, on le compare à son glorieux aîné Ciccio Graziani, avant-centre granata dans les années 70 dont il partage la particularité d’être "bossu". Ah ça, il n’est pas très joli à voir courir, non, mais sa carcasse lui permet d’encaisser les coups et de les rendre. Parmi les éléments ayant disputé au moins 10 rencontres, il est à la fois celui qui provoque le plus de coups-francs et en obtient le plus : 2,6 vs 3,3 par match. En Italie, on appelle cela "far reparto da solo", c’est-à-dire être en mesure de soutenir seul le poids de toute une attaque.
Là où il est bluffant, c’est que cette dépense d’énergie n’empiète pas sur sa lucidité grâce à une forte résistance et une excellente capacité à récupérer de ses efforts. Preuve en est, ses 17 buts, il les a inscrits en 68 tirs (dont 30 cadrés), c’est presque deux fois moins que Dzeko auteur d’une seule réalisation supplémentaire. Avec 3,3 tentatives par match, Belotti ne figure qu’au 10ème rang de ce classement spécifique. Enfin, son répertoire est on ne peut plus complet : 7 du droit (son pied), 5 du gauche et 5 de la tête, mais aussi 6 dans les 6 mètres et 10 dans les 18. Aucun autre attaquant de Serie A ne distille aussi bien ses pions. Parlons tout de même de son point faible pour éviter que cette présentation tourne à l’hagiographie. L’exercice des penaltys avec 2 loupés sur 3 essais avant de passer la main. J’ai cité Graziani comme point de comparaison, mais puisque peu de monde connait ce grand ancien, je vous donne un deuxième nom qui vous éclaircira définitivement l’horizon : Christian Vieri.

Et maintenant, le bon choix de carrière

Inutile de faire semblant, Belotti ne fera pas de vieux os au Torino même si son style en épouse parfaitement l’esprit besogneux. L’automne dernier, son président s’est empressé de lui renouveler son contrat avec une clause de 100 Millions d’€ à la clé…mais valable seulement pour l’étranger. Urbano Cairo est donc parfaitement convaincu . Je dirais un poil surréaliste car le potentiel marketing - fondamental dans ce genre d'opération onéreuse - est pour le moment bien caché. Le dirigeant piémontais laisse en revanche une marge de manœuvre pour le marché italien, et ce n’est pas plus mal. Vue l’historique difficulté des joueurs transalpins à s’exporter, il serait souhaitable que l’attaquant de 23 ans reste au pays, surtout avec un Mondial en ligne de mire dans seulement 16 mois (déjà !).
Néanmoins, peu de cadors transalpins ont les moyens de se le payer mais surtout peu de cadors en ont réellement besoin. La Juve a Higuain, l’Inter a Icardi, la Roma a Dzeko et le Napoli a Milik. Reste le Milan, loin d’être satisfait par Bacca, en passe d’être vendu à des investisseurs venus de Chine et à qui le surnom de Belotti n’aura pas échappé. On l’appelle en effet "Il Gallo", soit le coq…soit l’animal à l’honneur cette année dans le calendrier chinois, y'a plus qu'à !
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Andrea Belotti Torino

Crédit: AFP

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