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M'Baye Niang au Milan, constat d’échec sur toute la ligne

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 30/01/2017 à 17:27 GMT+1

Après une probable dernière tentative, l’attaquant français M’Baye Niang n’aura finalement pas réussi à s’imposer au sein du club milanais. Pourtant, il était plutôt bien parti cette saison avant de complètement lâcher mentalement. Le voici désormais à Watford.

Mbaye Niang (AC Milan), buteur contre la Lazio

Crédit: AFP

"Je remercie le club et le coach qui m’ont fait confiance, j’apprécie Montella et lui m’apprécie, il n’y a pas eu de désaccord et je lui souhaite le meilleur". Dans un italien frôlant la perfection, M’Baye Niang a salué de la sorte son désormais ancien club. N’y voyez pas là les classiques phrases de circonstance, non, il avait l’air aussi heureux de rejoindre Watford que déçu de quitter le Milan. L’adieu n’est pas définitif puisque l’option d’achat obligatoire de ce prêt est lié au nombre de buts qu’il inscrira (on parle de 8), or, il s’agit déjà de son troisième départ temporaire depuis son arrivée en Lombardie l’été 2012. Et inutile d’insister ultérieurement.

Le poteau de la discorde

Posez la question à n’importe quel supporter du Milan, il vous répondra que la première image de Niang lui venant à l’esprit est son action loupée contre le FC Barcelone. 38e minute du quart retour de la Champions League 2012/13, sur une situation de contre-attaque et poursuivi par deux défenseurs blaugrana, le Français part seul dans la moitié de terrain adverse. Il ajuste Valdes, mais son tir croisé à ras de terre vient mourir sur la base du poteau. Quelques centimètres plus à droite et le Milan égalisait à 1-1 changeant totalement la physionomie de cet affrontement et, qui sait, peut-être son histoire récente. Il en encaissera finalement rapidement deux autres puis un dernier dans les arrêts de jeu, rendant vaine sa belle victoire 2-0 à l’aller.
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M'Baye Niang lors de AC Milan - Cagliari en Serie A le 8 janvier 2017

Crédit: AFP

Ce soir-là, Niang s’était retrouvé titulaire à sa grande surprise, à tout juste 18 ans, pour l’un des derniers soubresauts d’un club en perdition. En faire le bouc-émissaire de cette prestation collective loupée est hors de propos. Parler de "sliding door" concernant son aventure en Lombardie l’est aussi. Il s’agit simplement d’un flashback isolé. La direction milanaise avait misé sur un jeune espoir du SM Caen dont la mission n’était pas de qualifier le Milan dans le dernier carré de la C1.

Le Milan trop grand pour lui ? Pas ce Milan !

Niang était un investissement à moyen terme dont il fallait tirer les conclusions au moins quatre ans plus tard. Ça tombe bien, c’est le laps de temps qui s’est écoulé depuis son arrivée. Quatre années qui ont totalement redimensionné l’historique club italien. Le costume n’était donc pas trop large pour lui et la concurrence pas insurmontable entre les Honda, Suso, Cerci, El Shaarawy, Torres, Pazzini, Robinho, Boateng, Balotelli, Bojan, Luiz Adriano et j’en passe. Difficile toutefois de faire abstraction de l’extrasportif quand on aborde son cas.
Les écarts de conduite n’ont pas manqué, et dans le vrai sens du terme. Une balade sans permis en se faisant passé pour Bakary Traoré, deux accidents de la route, le premier lors de son prêt à Montpellier, le second à Milan en février dernier qui lui a abîmé une cheville alors qu’il était dans un bon moment de forme. Des erreurs de jeunesse qui ont rappelé sa fameuse virée nocturne avec Griezmann et consorts du temps des Espoirs tricolores. Heureusement ou plutôt malheureusement pour lui, le Milan est devenu beaucoup plus laxiste sur le comportement de ses joueurs et cette sensation d’impunité qui règne à Milanello l’a absolument desservi.
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Wenger : "M'Baye Niang est très talentueux"

D’un extrême à l’autre en un temps record

Pourtant, le plus dur semblait passé. J’avais mis de côté pas mal de coupures de la presse sportive pour préparer un entretien qui ne se fera finalement jamais. Je les ai relues, voici les titres de ses interviews : "Je suis un leader", "Je suis prêt à devenir capitaine", "Je ne suis plus un enfant", et des articles : "Des jolis gestes et un leadership, le nouveau Niang est la force du Milan", "Sans Niang, le Milan est un petit Milan". On en était là il y a à peine trois mois. L’Yvelinois était un des éléments clés du surprenant début de saison des Rossoneri avec des stats largement supérieures à la moyenne des autres ailiers du championnat, plus de buts, de frappes cadrées, d’occasions créées, de centres, de passes réussies. Montella parlait d’un joueur "en constante progression également en terme de concentration et de participation et possédant les caractéristiques pour devenir un leader".
Et je dois avouer qu’on y a presque cru. Il y mettait du cœur à l’ouvrage avec un pressing et un bon repli défensif, ses accélérations balle au pied dans le couloir gauche mettaient en difficulté ses vis-à-vis et créaient le surnombre. Résultat, 3 buts, 2 passes décisives et 2 penalties provoqués lors des 8 premières journées. Les tifosi s'enthousiasmaient. Mais il a suffi d’une grippe tenace et de deux penalties loupés coup sur coup contre Crotone et la Roma pour que Niang perde ses fragiles acquis. Très vite, les rumeurs sur un manque d’implication ont circulé, Bonaventura a été remonté d’un cran et le Français a glissé sur le banc. Montella attendait une réaction d‘orgueil lors de ses entrées en jeu, il n’a eu que la confirmation que son joueur avait totalement lâché prise.
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M'Baye Niang avant AC Milan - Juventus en Super Coupe d'Italie le 23 décembre 2016

Crédit: AFP

Tourner la page pour de bon et pour son bien

Le problème est dans la tête, dans l’attitude, dans l’approche, c’est assez criant, mais ne négligeons pas non plus les pieds. Sa palette de jeu est finalement assez peu variée, ses prises d’initiatives trop prévisibles, les adversaires comprenant vite comment faire pour le contrecarrer. En Premier League - championnat qu’il aurait déjà pu rejoindre l’an passé via…Leicester - il trouvera un marquage moins asphyxiant et évoluera de nouveau en pointe au sein du 3-5-2 de Walter Mazzarri. C’est à ce poste qu’il avait brillé lors de son passage au Genoa il y a deux saisons, la seule occasion où il a réussi à trouver une vraie continuité dans ses prestations sur au moins 6 mois. 6 mois, c’est justement le temps qu'il dispose pour faire trembler les filets au moins 8 fois et donner un tournant à sa carrière. Le chapitre milanais (il a encore un an et demi de contrat) doit être clos, définitivement. Le Milan encaisserait 18 millions d'euros, effectuerait une belle plus-value et Niang lancerait - plus que relancerait - définitivement sa carrière. Il n'y a pas de raison que cette histoire ait une fin heureuse, faudra juste que les dirigeants de Watford lui apprennent à rouler à gauche. Ce ne sera pas du luxe.
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