Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Non, ni l'Inter ni personne d'autre n'est la victime désignée de la Serie A

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 10/02/2017 à 16:54 GMT+1

C'était une saison jusque-là tranquille, sans les habituelles polémiques arbitrales, mais il s'agissait finalement du traditionnel calme avant la tempête. Et l'affrontement entre la Juve et l'Inter a ressuscité les caricatures les plus grossières.

Les joueurs de l'Inter Milan protestent face à la Juventus Turin -2017

Crédit: Panoramic

En fait, je n'avais pas vraiment envie d'écrire ce papier, déjà parce que c'est forcément prendre parti, même sans le vouloir. J'aurai beau prendre toutes les précautions possibles qu'on me collera quand même une étiquette, si ce n'est pas déjà fait par ailleurs. Non vraiment, l'envie n'y était pas, l'actualité de ces derniers jours ayant provoqué chez moi un sentiment de ras-le-bol, pour la énième fois. Encore plus quand c'est vécu sur place. Et qu'on ne vienne pas me parler de folklore de la Serie A.
En fait, je pourrais pratiquement copier-coller un précédent papier publié en 2014 ; c'était quelques jours après un Juventus-Roma (victoire 3-2 des Turinois) qui avait provoqué un tollé à cause de l'arbitrage. Tous les arguments sont encore parfaitement valables et je n'ai pas l'intention de me répéter, c'est d'ailleurs peine perdue devant l'entêtement de certains, mais le changement de casting mérite des précisions ultérieures.

Du beurre dans des épinards réchauffés

La Juve recevait donc l'Inter dimanche soir pour le compte du derby d'Italie qu'elle a remporté 1-0 grâce un but de Cuadrado. Durant cette rencontre, plusieurs situations "limites" engendrent des décisions délicates à prendre pour l'arbitre. Loin de moi l'idée de les énumérer pour convaincre tel ou tel camp, la bataille des replays, vidéos exclusives, cachées et autres arrêts sur image soigneusement choisis m'a bien assez fatigué. Ça promet d'ailleurs pour l'arbitrage vidéo.
La prestation de Mr Rizzoli n'est pas un problème, il n'a d'ailleurs rien à prouver à personne quant à son impartialité vue la confiance que lui accordent l'UEFA et la FIFA. Pourtant, et sans surprises, les faits de jeu continuent d'être ressassés avec pour principal objectif de remettre sur le plateau la théorie concernant la Juve et ses accointances avec les hommes en noir. Comme promis, je n'y reviendrai pas car j'ai été exhaustif sur le sujet. Je regrette seulement que mes collègues continuent de surfer sur ce "sentiment populaire", mais il faut bien faire son beurre en ces temps difficiles.
picture

Danilo D'Ambrosio avec l'arbitre Nicola Rizzoli lors de Juventus-Inter Milan - 2017

Crédit: AFP

L'habit ne fait pas le moine, ni l'ange

Je ne crois pas en une hiérarchie des tifosi selon les couleurs supportées. Il n'y en a pas de plus lucides que d'autres et ils sont tous logés à la même enseigne devant les prétendues injustices. Idem pour ce qui est des joueurs, entraineurs et dirigeants. A de rares exceptions - et d'ordre individuel - tous crient au loup. Or, j'ai eu le malheur de jeter un œil sur les réseaux sociaux et aux commentaires de certains articles en ligne. Pas le baromètre le plus pertinent, mais cela donne une idée. J'avoue être resté bouche bée devant certains raisonnements. Passent encore les discours des supporters de la Roma et du Napoli malheureusement "habitués" à gagner rarement, mais le fameux coup d'éponge de 2006 aurait dû éradiquer les alibis les plus coriaces. Et pourtant, une pañolada (agitation de mouchoirs blancs) est prévue dans les tribunes de San Siro ce dimanche lors de la réception de l'Empoli. Comme il y a 7 ans, saison où l'Inter avait raflé tous les titres possibles. Ce besoin de se sentir encerclé, menacé, ghettoïsé, je ne le comprends pas.
Quel plaisir peut-on éprouver à endosser le rôle de la victime, puisque c'est de cela qu'il s'agit, lorsqu'on est un des clubs les plus titrés d'Italie ? Pourquoi vouloir montrer absolument patte blanche lorsqu'on sait que chaque grand club italien a assez de marchandises à disposition pour monter une quincaillerie ? Où est l'intérêt de brandir "Calciopoli" à tout va, affaire dont seule la Juve a justement payé les pots cassés ? Il suffit de taper le nom de l'Inter - ou celui de n'importe quelle équipe transalpine de renom - et de l'associer au terme scandale pour trouver une liste infinie de vidéos ou d'articles sur la toile. Si on prend pour argent comptant ceux des rivaux, cela vaut aussi pour les siens. Je sais bien que ce sont des trucs de supporters régis par l'incohérence et la subjectivité, mais je ne m'y ferai décidément jamais.
picture

Stefano Pioli, l'entraîneur de l'Inter Milan - 2017

Crédit: AFP

Un appel à la réaction d'orgueil qui restera sans suite

Tous les composants de l'environnement médiatique gravitant autour des Nerazzurri ont exécuté une levée de bouclier parfaitement synchrone. Et les partis neutres s'en sont parfois félicités. Heureusement, le club a décidé de marquer une rupture en se fendant d'un communiqué officiel en réaction aux propos de John Elkann, président d'Exor (holding contrôlant la Juve). Ce dernier a déclaré : "La capacité de l'Inter à ne pas savoir perdre est stupéfiante, et pourtant elle devrait en avoir l'habitude." Les intéressés ont répondu : "Le club ne comprend pas pourquoi la Juventus continue de faire référence à l'Inter tandis que notre attention n'a jamais été portée sur eux. Nous avons, sans hausser le ton et dans les endroits appropriés, cherché une confrontation concernant des décisions arbitrales que nous considérons discutables. Aujourd'hui, notre esprit se dirige vers l'avenir conscients d'avoir réalisé un bon match à Turin malgré la défaite. Chacun a sa propre histoire, nous avons la nôtre et nous en sommes fiers." Ouf. Il y a peut-être de l'espoir.
Et si cela n'était pas suffisant, Claudio Ceresa, directeur du quotidien Il Foglio et ouvertement Interiste, y est allé de son édito. Bon, il s'agit d'un coup d'épée dans l'eau, les "siens" n'ayant accordé aucune crédibilité à son propos et s'empressant de le renier. Dommage, car il y parle d'une "réalité virtuelle dans laquelle mes (ses) semblables sont devenus le prototype du contestataire à tout va rejetant nos (ses) incapacités sur un système corrompu" et souhaite "une réaction d'orgueil" plutôt que "d'alimenter un système pervers en tentant d'imposer des post-vérités." Un phénomène, ce dernier, très en vogue, et qui aura pour conséquence de délégitimer pour la énième fois un éventuel nouveau scudetto bianconero.
En effet, c'est ce que le sentiment populaire entretenu par le cirque médiatique perpétuera au fil des années à propos de cette rencontre. Une erreur monumentale commise de la part des principaux adversaires de la "Vieille dame", car, là où ils se gaussent d'entacher la réputation de l'ennemi public numéro un, ils continuent surtout de créer des alibis à leurs équipes et tracer leurs propres limites. Le jour où ils en prendront conscience, la Juve pourra trembler. Mais pas demain ; demain y'a "shitstorm".
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité