Maintenant que Pogba est parti, qui sera la nouvelle attraction de la Serie A ?

Le feuilleton a fatigué tout le monde et l’officialisation du départ de Pogba a finalement été accueillie par un grand ouf de soulagement. La faute à des négociations presque artificielles et un timing soigneusement repoussé afin de créer le plus grand buzz possible. Les traits de caractère du milieu de terrain français ont été grossis à l’extrême, faisant de lui la caricature de lui-même. Ce n’était plus un transfert record mais une vraie campagne de promotion avec la complicité de son agent Mino Raiola et de son sponsor Adidas.

Même ses désormais anciens coéquipiers n'ont pas caché leur déception : "Paul, c’est plus simple d’avoir des nouvelles de lui sur les réseaux sociaux qu’en vrai", a récemment déclaré Gigi Buffon. Pogba est parti et il emporte avec lui ce manège médiatique à la limite du supportable or le Français savait attirer les regards du monde entier sur la Serie A comme personne. Ce n’est pas du chauvinisme, mais bien un simple constat. En termes d’exposition, le football italien perd beaucoup.

Le trône de star numéro un du Calcio est désormais vacant. Il ne s’agit pas de forcer les candidatures, ce processus se fera tout naturellement au fil des mois. Cherchons juste à l’anticiper un peu. Une ou deux personnalités ressortent par championnat, on est bien placé pour le savoir en France après la "Zlatanisation" de la Ligue 1. Un petit jeu où tout le monde trouve son compte, le joueur comme son employeur. Si ce n’est pas dans les habitudes de la Juve de faire ressortir autant une individualité, le service commercial du club y a sûrement pris goût. Le comptable aussi a pu observer des effets positifs puisque l’extravagance de Pogba y est pour beaucoup dans le prix record de son transfert.

Paulo Dybala est encore un poil timide mais son excellent rendement avec la Vieille Dame en fait le plus sérieux prétendant. Il est probablement le joueur le plus talentueux du championnat, en tout cas celui qui possède le meilleur rapport qualité/âge. Sa belle gueule va attirer de plus en plus les sponsors et son style de jeu détonnant ne gâche pas l'affaire.

Le mythique 10 ne sera vraisemblablement pas attribué cette saison, mais à l'instar de Pogba, porter ce numéro lui permettrait d'obtenir un maximum de visibilité. Toutefois, le risque est d’en faire un homme-sandwich écrasé par la pression plus qu’un fer de lance. On y pensera donc à deux fois à Turin. Enfin, Dybala ne devrait pas trop souffrir de la concurrence interne. Higuain a beau être le joueur le plus cher de l'histoire de la Serie A et le plus prolifique sur une saison, ces paramètres s’annulent devant sa dégaine de Monsieur tout-le-monde.

La nouvelle attraction pourrait bien se trouver hors de Turin où tatouages abondants et coupes de cheveux fantasques sont tolérés avec difficulté. De ce point de vue, Radja Nainggolan est devenu une réelle référence en la matière. Tatoué des pieds à la tête, arborant une crête changeant de couleur au gré des humeurs, cette apparence de "voyou" colle d’ailleurs à un style de jeu assez dur sur l'homme. Mais ne nous méprenons pas, le Belge est un excellent joueur de foot qui ne cesse de progresser saison après saison.

Râtisseur de ballons averti mais aussi redoutable destructeur de défenses, plus le temps passe, plus il se rapproche de la surface de réparation avec un poste de "trequartista" qui lui convient à merveille. Son surnom de "Ninja" est tout un programme et laisse la porte ouverte à toutes les fantaisies possibles pour les grands pontes de la pub. En outre, il est membre de la sélection la plus à la mode, la Belgique, du moins jusqu’au dernier Euro, il fut d’ailleurs une des seules satisfactions de ces décevants Diables Rouges.

Dans le même style, mais en moins déluré, Mauro Icardi lequel bat son collègue de la Roma de 600 000 followers avec plus d’un million d’abonnés sur Twitter (c’est aussi plus du triple de Dybala). Un facteur désormais aussi important que les buts et autres compétences qui permettent de jauger le potentiel marketing de chaque footballeur.

L’Argentin a l’avantage d’être un avant-centre mais son style sans fioriture tend peut-être à le pénaliser. Le duo qu’il forme avec sa femme et agent Wanda Nara le dirige plutôt dans la catégorie people mais là encore, attention aux confusions, c’est un buteur racé qui a réussi à surnager au sein d’une Inter très souvent moribonde. Il en est d’ailleurs le capitaine, à seulement 23 ans (comme Pogba). On peut dire qu’il est dans la force de l’âge.

Ces trois garçons se détachent indéniablement, mais attention, Pogba était un inconnu lorsqu'il débarqua en Italie en 2012. Il passera difficilement la main à un compatriote, après une brève illusion liée au montant de son transfert, l’Italie s’est rendue compte que Geoffrey Kondogbia était un tout autre type de joueur. L'indiscipliné M’Baye Niang a peut-être plus de chances. Et du côté des crêtes ? Celle d'Hamsik reste la plus populaire mais elle est combinée à un profil bas et une nationalité peu porteuse.

El Shaarawy possédait toutes les cartes en main pour s’affirmer comme nouvelle tête de gondole du football italien : le jeu, le soin de son image et un multiculturalisme (son père est égyptien) qui touche beaucoup de jeunes mais il ressort tout juste la crête de l’eau. Enfin, côté italien, le casting n'est pas folichon. On l'a vu à l'Euro, la star, c'était le sélectionneur. Il y a bien le petit Insigne, et encore, Donnarumma n'en est qu'à ses débuts et évolue dans les bois tandis que Berardi devrait quitter Sassuolo mais il n'en a aucune envie. Totti et Buffon ? Voyons, ils valent bien mieux que ce rang découlant du foot business. Leur place est au panthéon.