A défaut de faire revenir Ancelotti, le Milan s’en remet encore à un de ses disciples

J'ai été pris au dépourvu, pas parce que je potassais ma Gazzetta du jour dans un avion me ramenant quelques jours en France, mais parce que rien n’annonçait un changement d’entraineur du Milan malgré la nouvelle contre-performance d’hier contre le Torino (0-0). Pas une ligne à ce sujet, tout juste un avertissement du directeur sportif Max Mirabelli : ''N'oublions pas que nous sommes le Milan et que nous jouons pour gagner et non pour participer, il n’y a plus de temps à perdre." Le licenciement de Vincenzo Montella a donc surpris dans la forme, mais est légitime dans le fond. Ce qui pose question, c’est le nom de son successeur immédiat et surtout futur. Ça fait beaucoup de choses à penser pour un début de semaine qui devait être monotone.

Une première partie de saison intéressante l’an passé avec un Milan dans le Top 3 jusqu'à la trêve, une seconde laborieuse conclue par une qualification en Europa League fêtée avec un peu trop d’engouement. Puis, l'enthousiasme estival, la dizaine de recrues, et un Diable en théorie de retour aux affaires. La réalité a été finalement tout autre. Trop de changements, trop de joueurs surévalués (on attendra encore un peu pour statuer s'ils sont également surcotés). Des incertitudes tactiques avec trois systèmes différents et un fonds de jeu inexistant alors que Montella nous avait si bien habitués à ce sujet. Laissons de côté le quasi sans-faute européen, qui ne pèse pas lourd face à la 7e place actuelle et les 11 points de retard sur la zone Champions League. Un objectif hors de portée sauf miracle.

Le cahier des charges est bien rempli, mais le plus déplaisant a été son comportement devant la presse. Son optimisme sans faille mais déplacé, son sourire narquois, et, par conséquent, une remise en question relative. Pour l’avoir rencontré en one-to-one à l’époque de Florence, Montella est effectivement une personne très sûre d’elle mais là, on frisait trop souvent l’arrogance. Malgré tout, le football italien ne doit pas se réjouir de cet échec, surtout après l'historique élimination de la Squadra contre la Suède. Il y a encore quelques temps, Montella incarnait le coach d’avenir par excellence, principalement pour sa philosophie de jeu espagnole mise en oeuvre avec la Fiorentina. Un technicien de seulement 43 ans mais comptant déjà 300 matches à son actif, et jamais viré jusqu'à maintenant. Il faut donc espérer qu’il se reprenne vite et qu’il tire les leçons de cette expérience. A presto Vincenzo.

Pour le suppléer, la direction a décidé de promouvoir Gennaro Gattuso tout juste nommé entraineur des U19 cet été. Depuis 2014, c’est le quatrième sénateur d’Ancelotti à être propulsé sur le banc du club, même s’il s’agit cette fois d’un coach un brin expérimenté puisqu'il peut se vanter de plusieurs expériences en pro. Tout l’inverse d’un Seedorf qui avait dû prendre sa retraite de joueur avec Botafogo pour succéder à Allegri, d’un Pippo Inzaghi et ses deux ans d’expérience chez les jeunes, tout comme Cristian Brocchi (plutôt assistant parlementaire que sénateur, mais fidèle de Carletto lui aussi). Des choix qui tenaient plus du romantisme que du pragmatisme ; d’ailleurs, les résultats de ce trio ont été au mieux passables, au pire catastrophiques. La panthère remonta le Milan du 11e au 7e rang, SuperPippo se classa 10e et Brocchi descendit d'un étage (de 6 à 7, sortant donc des places européennes). L’impression que, devant le refus d’Ancelotti de revenir au club, Berlusconi était convaincu de relancer la machine en misant sur ses disciples. Si on peut pardonner ce raisonnement au Cavalier au regard de sa lucidité décroissante, il est difficile de voir où la nouvelle direction veut en venir en suivant cette même logique.

Les précédentes tentatives de retours aux sources s'étant mal terminées, je ne voudrais pas qu'une autre icône de cette formidable génération soit sacrifiée sur l’autel d’une décadence sans fin. Mais d’un autre côté, je m’imagine Gattuso à l’oeuvre. Des coups de gueule, des coups de pression, des coups de pied au cul. De quoi provoquer un déclic sur le plan mental. C’est ce qui nous vient forcément à l’esprit lorsqu’on pense à lui. Or, se réjouir outre-mesure de ce côté folklorique est une erreur. Le Milan a aussi besoin d’un entraineur capable de lui trouver une identité tactique et d’enchainer sur une série de résultats positifs afin d'assurer au moins sa place dans le wagon de l’Europa League. En possède-t-il les moyens ? Ce n'est pas en se plongeant dans son CV qu'on en saura plus. Entraineur-joueur à Sion, sur le banc éjectable de Palerme en Serie B, dans des clubs en faillite en Crête et à Pise, et trois mois intéressants avec les U19 rossoneri. Rino a toute mon estime, et celle du peuple rossonero, mais hormis révélation divine, il est là pour faire l'intermédiaire avant l'arrivée promise d'un grand nom. Lequel ? Nous sommes en novembre et le Milan a déjà perdu une autre saison. Le déficit financier continue de se creuser ainsi que l'écart avec les cadors de Serie A. Compliqué. Et Ancelotti me diriez-vous ? Cette option relève du fantasme, à moins qu’il considère être le seul à pouvoir mettre fin à l’hécatombe touchant ses poulains. Carlo a un grand cœur. Alors qui sait.