Suarez, Ibra, CR7, Higuain… c'était la plus belle saison des serial-buteurs

"Les buts, c'est comme le ketchup : quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps." Et les buteurs, ils explosent les compteurs de concert ? Longtemps seul sur sa planète avec Lionel Messi, Cristiano Ronaldo a vu cette saison une belle brochette d'attaquants appliquer sa maxime à la sauce tomate. Quatre des cinq championnats majeurs ont vu au moins un attaquant dépasser la barre des 30 buts. Un millésime exceptionnel.

Les meilleurs buteurs de la saison au sein des cinq championnats majeurs :

Les buteurs de Premier League manquent à l'appel mais le championnat anglais peut lui aussi se targuer d'une densité offensive exceptionnelle, avec trois joueurs à au moins 24 buts. Harry Kane (Tottenham), Jamie Vardy (Leicester) et Sergio Agüero (Manchester City) font aussi bien que le trio Drogba-Rooney-Bent en 2010. Au Portugal, Jonas s'est lui fendu de 32 réalisations pour participer au nouveau titre de Benfica.

L'Espagne connaît ce phénomène de serial-buteurs depuis de longues saisons. Elle est désormais imitée par le reste de l'Europe. En 2011, la phase éliminatoire de la Ligue des champions s'est disputée pour la première fois avec plus de 3 buts par match en moyenne. Le Guardian s'interrogeait alors sur les raisons d'une augmentation généralisée du nombre de buts çà travers l'Europe. Et relevait notamment une plus grande maîtrise technique, aussi bien sur la scène européenne qu'en Angleterre : des transmissions plus précises, plus d'efficacité devant le but… tandis que le nombre de tacles diminuait.

Les différents buteurs qui se sont éclatés à plus de 30 buts cette saison en championnat appartiennent à des équipes aux intentions de jeu affirmées. Et qui trouvent face à elles des rivaux de moins en moins capables de s'opposer à leur force de frappe. L'Espagne, d'où cette tendance a émergé ces dernières années avec les monstres Ronaldo et Messi, est polarisée sur Madrid et Barcelone. En France, le PSG et Ibrahimovic sont surdimensionnés pour la Ligue 1.

La Serie A, réputée pour sa solidité défensive, est en déclin marqué. Paulo Dybala (22 ans, 19 buts) était trop jeune pour en profiter pleinement. Au sommet de son art, Gonzalo Higuain n'a lui pas laissé passer l'occasion d'exploser les compteurs, renouant avec des sommets que la Serie A ignorait depuis l'avènement du catenaccio dans les années 1960. Dans un championnat qui a vu Diego Maradona dominer le reste des buteurs avec 15 réalisations (1988), seul Luca Toni (31 buts en 2005/2006) a dépassé les 30 buts en une saison sur les 60 dernières années.

De là à lire derrière cette soudaine émergence de serial-buteurs un déclin défensif, il n'y a qu'un pas aisément franchi. "En Italie, on avait une grande tradition de défenseurs, mais c'est de l'histoire ancienne et je ne saurais dire pourquoi", constatait il y a quelques mois la référence Paolo Maldini. "Il n'y a plus de défenseurs", assène-t-il même. Les grands attaquants, eux, sont toujours bien là. Et même plus que jamais.