Supercoupe d'Europe - Barça-Séville (5-4) : Pedro, un cadeau en guise d'adieux ? Pas si vite...

Il y a des joueurs qu'on enferme dans une case. D'autres non. Lionel Messi, auteur de deux coups franc magistraux mardi soir, à Tbilissi, fait clairement partie de la deuxième catégorie. Pedro Rodriguez, auteur du but de la victoire face au FC Séville en finale de la Supercoupe d'Europe (5-4), fait quant à lui partie de la première. Joueur de grand talent, catalogué "super remplaçant" depuis de nombreuses saisons, l'ailier du Barça a une nouvelle fois justifié son rôle. Celui du détonateur, du mec qui change la face d'un match.

Il a suffi d'un ballon qui traîne dans la surface de réparation andalouse pour que le Barcelonais accentue les clichés autour de lui. "J'ai pris l'homme que j'estimais être le meilleur dans ces circonstances. Et je le referais encore encore si j'en ai l'opportunité", a souligné un Luis Enrique, qui s'est lancé dans un plan de survie. Pas forcément de quoi apaiser la situation de son attaquant, en quête de temps de jeu et visiblement frustré par les différentes prises de position de sa direction sportive.

Buteur décisif, Pedro a naturellement ramené sur le devant de la scène la question de son départ. Boudeur pendant la cérémonie de remise des trophées, l'attaquant espagnol s'est lui même emparé du sujet devant les caméras d'Antena 3 :

En cause pour Pedro, les déclarations de Robert Fernandez, le nouveau secrétaire technique du club. Interrogé par TV3 avant la rencontre, le dirigeant avait confirmé que le joueur voulait partir de Catalogne. "Pedro m'a dit qu'il voulait partir (...) C'est une décision très personnelle et il doit y penser en famille. Il faut le laisser tranquille (...)". Des affirmations démenties par le principal intéressé : "Je ne veux pas partir du Barça. Ce n'est pas une question d'argent, comme ça a aussi été dit. Ce que je veux, c'est avoir plus de temps de jeu. Je suis ambitieux."

Du côté du Barça, les choses avaient pourtant été claires depuis le début. Avec une volonté claire et nette de garder l'international espagnol. La non-homologation des contrats d'Arda Turan et Aleix Vidal, indisponibles jusqu'au 1er janvier 2016 à cause de la sanction de la FIFA infligé au Barça, a laissé peu de marges de manoeuvre au board du FCB quant à sa position. Une idée renforcée par le scénario survenu lors de la Supercoupe d'Europe : le Barça dispose d'un effectif trop limité à l'heure actuelle pour fonctionner correctement sur tous les tableaux. "Nous avons manifesté publiquement notre position, insiste Robert Fernàndez. Aussi bien que l'entraîneur que moi-même, nous souhaitons que Pedro reste. C'est un joueur qui apporte beaucoup de choses. Mais c'est lui qui décide."

Ce but salvateur peut-il remettre en cause l'avenir du joueur au FC Barcelone ? On pourrait penser que oui. "Vous êtes au courant de sa situation", a souligné un énigmatique Luis Enrique après la rencontre. Blessé aux adducteurs au terme de cette folle soirée, Pedro a fait, et fait évidemment toujours l'unanimité auprès de ses coéquipiers. Plus que jamais. Dans la presse sportive catalane également. Après le succès su Barça, le site Internet du quotidien Mundo Deportivo titrait ceci : "Pedro, ne t'en va pas".

Clin d'oeil du destin : Pedro a offert à son Barça une deuxième Supercoupe d'Europe (sur les cinq remportées). La première fois, c'était en 2009 face au Shakhtar Donetsk. Et il avait également marqué à la 115e minute. Pour certains, cela restera une coïncidence. Pour les autres: un signe fort. Celui que le destin de Pedro est plus que jamais lié à celui du Barça.

Le but du Pedro, c'est celui du dernier rappel. Pas titularisé par Luis Enrique (qui lui a préféré Rafinha) au coup d'envoi, malgré le forfait de Neymar, l'attaquant du Barça garde une cote énorme auprès des suiveurs catalans. Editorialistes et autres experts sont allés dans le même sens. La quête d'un deuxième sextuplé avec son club formateur pourrait lui faire reconsidérer les choses. C'était la position prise par Hristo Stoitchkov, l'ancienne gloire du Barça, qui ne veut pas que le joueur des Canaries parte en Angleterre jouer sous les ordres de Louis van Gaal, son ennemi. "Moi, je ne laisserai jamais Pedro partir, jamais. Parce que s’il part, il ne sera plus footballeur. Peut-être que Pedro va m’écouter et qu’il va dire à tout le monde : 'Je reste à Barcelone' ", glissait-il sur les ondes d'Onda Cero lundi dernier.

Après ce nouveau succès européen, la Catalogne toute entière est en train de se rendre compte que Pedro est plus qu'un remplaçant. Il demeure un rouage essentiel de ce Barça redevenu géant. Mais n'est-il pas déjà trop tard pour changer les choses ? "Je ne sais pas si c'était mon dernier match (...). Je serai toujours du Barça, quoi qu'il arrive", a également glissé l'enfant du pays...