FC Porto - Benfica : Les duels du classico

Une victoire chacun et deux nuls. L'historique des confrontations entre les techniciens de Porto et de Benfica est déjà indécis. Leur avenir aussi. D'ici deux journées leur contrat sera caduc. Le président lisboète Luis Filipe Veira affirme qu’il continue de voir en Jesus son messie pour les années à venir. S'il n'a rien gagné cette saison, JJ a encore de quoi garnir son CV. En plus de la Liga, il peut espérer soulever la Ligue Europa et la Coupe du Portugal. Mister Jorge ou le fantasme de Pinto da Costa qui, lui, n'a plus que le championnat à jouer. Le patron du FCP et le technicien benfiquiste sont des proches. De quoi rendre un peu plus jaloux encore un Vitor Pereira qui peine à faire l'unanimité et dont le nom revient avec instance du côté d'Everton.

Les cages des pires ennemis du pays sont gardées par des Brésiliens au futur incertain. Arrivé au Dragon en 2005, Hélton est annoncé partant. A 34 ans, il pourrait retourner au Vasco da Gama. Fabiano, son successeur attend patiemment, sur le banc. Au SLB, Artur n'est pas tranquille. La semaine dernière, il s'est loupé contre Estoril (1-1) et a relancé, malgré lui, le championnat. Voilà que Porto revient à deux points. Lors du classico aller (2-2), il avait déjà été montré du doigt. La Luz s'obscurcit et revoit le spectre de Roberto hanter son esprit. La saison prochaine, le trentenaire aura de la concurrence. Les jeunes Mika et Oblak ont du talent. Et les dents longues.

Même âge, même poste, même nationalité et même statut. Otamendi et Garay sont les patrons de leur défense et figurent bien en haut de la liste des recruteurs les plus riches clubs d'Europe. Les deux défenseurs centraux argentins se disputent le titre au Portugal mais aussi une place au sein de l'Albiceleste. Sabella mise de plus en plus sur le benfiquiste et ne semble pas conquis par les perfs d'Otamendi. Et si ça changeait ce samedi ?

Leurs stats font flipper. Surtout les gardiens. Recruté au Mexique l'été dernier, le Colombien Jackson Martinez n'a pas tardé à trouver ses marques et à marquer. Avec 25 buts, il est le "goleador" de la Liga. Devant les benfiquistes Lima (17) et Cardozo (16). Le Colombien a planté 30 fois en 40 matches cette saison (toutes compétitions confondues). Héros (entre autres) de la demi-finale retour de C3 contre Fenerbahçe (3-1), le Paraguayen en est à 31 pions en 43 matches. Jackson et Cardozo incarnent aussi un mal qui ronge le foot portugais depuis maintenant bien longtemps : la carence de buteurs pour la Seleção.

Un an et un jour séparent James (21 ans) de Salvio (22). Mais sûrement pas le talent. Ces élégants ailiers ont planté une dizaine de but chacun depuis le début de l'exercice. Des surdoués que le FC Porto et le Benfica ont recruté à prix d'or. Acheté au Banfield, vendu puis racheté à des fonds d’investissements, "El Bandido" colombien a coûté plus de 16 millions d'euros aux Dragons. "Toto" est carrément l'acquisition la plus onéreuse des Aigles. Un transfert à 13,5 millions d'euros que les (nombreux) socios ne regrettent pas.

Au premier coup d'œil rien ne les unit. Moutinho et Matic sont pourtant les parrains de leur milieu. Le petit João (1,70m) est un nom bien connu de la Liga. L'ancien capitaine du Sporting pourrait émigrer durant l'été. Le très riche PSG a flashé sur lui mais aussi sur... Matic. A 24 ans, le grand serbe (1,94m) explose. Il avait l'immense responsabilité de faire oublier Witsel et Javi. Jesus est ravi mais il pourrait bien perdre encore l'un de ses maîtres à jouer.

River bave rien qu'à l'idée de revoir Aimar et Lucho renfiler le maillot à bande. Les trentenaires argentins jouissent du statut de génie. Mais Pablo « Le Clown » sort d'une triste saison au Benfica. Souvent blessé, peu utilisé, il va partir durant l'été. Son contrat expire. Lui aussi... "J'aime être important et en ce moment je ne le suis pas", souffle-t-il. Pour Lucho, c'est la renaissance, après un douloureux passage en France. "El Comandante" porte bien son nom et le brassard aussi.

Lorsque Lima a signé au Benfica en août dernier, il avait déjà la cote. La saison dernière, seul Cardozo avait été plus efficace que lui. A 4 millions d'euros et 27 buts inscrits, l'ancien joueur de Braga est un recrutement réussi que Liedson regarde sûrement avec envie. A 35 ans, l'ancienne vedette du Sporting cire le banc bleu. Prêté l'hiver dernier par le Flamengo, le "Levezinho" (Léger) ne pèse plus lourd. Il a joué 47 minutes en Liga. Le temps de la Seleção semble si loin pour le joueur d'origine brésilienne... Un passeport portugais sur lequel louche Lima depuis plusieurs mois. Mais Paulo Bento est moins complaisant que Queiroz sur les naturalisations.

Vous l'aurez peut-être remarqué mais aucun joueur figurant plus haut n'a été formé au Benfica ou au FC Porto. On reproche souvent aux géants du foot portugais de ne pas valoriser leurs produits. A 24 ans et après avoir enchaîné les prêts, Castro a accepté le rôle de doublure. "Par amour pour le FC Porto", dit-il, le milieu de terrain mange les restes. André Gomes n'a pas eu cette patience. Avant de rejoindre Lisbonne, il est passé par le centre de formation des Dragons. Et rien que pour ça, le Benfica l'aime déjà...

Les deux anciens milieux du Sporting sont suspendus pour le duel du Dragon. Le Russe a pris le jaune de trop contre le Nacional (3-1) pendant que Carlos compliquait le boulot de ses potes face à Estoril (1-1). L'international portugais a mangé deux biscottes en quelques minutes. De quoi rajouter quelques cheveux blancs à Jorge Jesus qu'il l'avait fait entrer à la pause à la place d'un Enzo Pérez blessé et, du coup, incertain pour le classico.

A plus de 75 ans, Pinto da Costa est intouchable à Porto. Un monument – élu pour la première fois en 1982 - qui vient d'accepter de rempiler un nouveau mandat. PdC a fait de la rivalité avec le Benfica un programme rediffusé en boucle mais toujours vendeur. A quelques jours de son énième classico, il en rajoute : "Les rapports entre FC Porto et les autres clubs sont normaux. Avec le Benfica, nous n'avons pas de relations." Entouré de sa cinquantaine de trophées, le patron des Dragons aime regarder Lisbonne de haut. Le SLB a longtemps envié la stabilité du FCP. Il semble l'avoir enfin atteinte. Luis Filipe Vieira est à la tête du "Glorioso" depuis presque dix ans. Personne avant lui n'avait tenu aussi longtemps. Sous sa gouvernance, le Benfica brasse les millions et il est à quelques matches d'un tri (Liga, Coupe, Ligue Europa) à faire rougir Pinto da Costa.

Nicolas VILAS : Commentateur du championnat portugais sur Ma Chaine Sport, Nicolas Vilas ne manque pas de promouvoir "sa" Liga via bloGolo.fr ou sur les ondes de RMC. Débats, analyses, interviews, il vit sa passion pour le "futebol" avec le sourire. Et tente, autant que possible, de le transmettre...