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Portugal : Sporting Lisbonne : le pouvoir d’être socio

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 14/02/2013 à 17:20 GMT+1

La Direction du Sporting vient de démissionner sous la pression des socios. Conséquence d’une gestion catastrophique et d’un modèle démocratique.

Sporting's defender Daniel Carrico (AFP)

Crédit: AFP

Lundi 4 février. Les photos de David Beckham suant dans son nouveau "survêt'" du PSG fait le tour des rédactions. Les Qataris ont fini par convaincre le milieu de 37 ans. Il jouera cinq mois jouera en L1. Sans salaire. Ou presque. Le "Spice Boy" touche déjà entre 30 et 35 millions d’euros par an. C’est à peu près le budget du Sporting pour la saison en cours. Et à Lisbonne, pendant que le beau gosse anglais se fait gaiement shooter par les photographes, la direction des Lions se fait durement shooter par ses socios.  Le mouvement "Dar Rumo ao Sporting" avait réuni les 3.500 signatures nécessaires à la réalisation d’une "AG" extraordinaire ; avec pour but de destituer les dirigeants actuels. Au Portugal, comme dans de nombreux pays latins, le président n’est pas roi. Et doit rendre des comptes. Ceux de Godinho Lopes ne sont pas fameux. Elu en mars 2011 (lors d’élections déjà anticipées), il a préféré donné sa démission. Son successeur sera connu le 23 mars prochain. Et il aura du taff…
Le ventre mou
"Comme nous vous avons soutenu pendant 90 minutes, nous serons aussi là pour vous remettre à votre place si vous continuez à nous manquer de respect ainsi qu’au club qui vous paye." Voilà, selon Record, ce qu’a trouvé un joueur du Sporting dans sa boite aux lettres, cette semaine. Lors de la dernière journée, le Rio Ave a encore battu (2-1) le SCP en Liga. Empêtré dans le ventre mou, le Sporting n’a plus que ça. Eliminé des "Taças " (Coupe du Portugal et Coupe de la Ligue), sorti bon dernier de sa poule en Ligue Europa (derrière Genk, le FC Bâle et le Videoton), le club lisboète a réalisé le pire début de saison de ses 107 ans d’histoire. Godinho a flingué le CV de cinq entraîneurs en 24 mois. Trois, rien que cette saison. Sa Pinto, Oceano et Franky Vercauteren ont été essayés avant que Jesualdo Ferreira ne soit nommé manager puis, en plus, entraîneur. Quatre coaches sur un exercice, du jamais vu depuis 1997/98. Le SCP avait alors terminé quatrième en championnat. Une catastrophe. Le club qui court après un titre de champion depuis 2002 n’a jamais fait pire qu’une cinquième place.  Louper la C3 compliquerait plus encore les comptes du club. Sous Godinho, le Sporting n’a rien gagné (45% de victoires). Surtout pas de l’argent. 
Le ventre vide
Et dire qu’à la rédaction de ses premiers statuts, le Sporting Clube de Portugal avait réservé son groupement aux individus de "la bonne société. " Fondé par la noblesse lisboète, le SCP galère aujourd’hui à payer ses factures. Sa dette auprès des banques dépasse les 200 millions d’euros. Les mauvais castings répétés - 26 joueurs recrutés - du staff de Godinho n’ont pas aidé. La masse salariale a augmenté de plus de 40% en un an pour atteindre 42,5 millions d’euros en 2011/12. Les retards de paiement touchent même le "grande" Sporting. Symbole de cette gestion chaotique, le cas Domingos. Ejecté de son poste d’entraîneur en février 2012, il est toujours payé par les Lions. A Bola annonce que le club portugais lui verse la différence entre ce qu’il percevait à Alvalade et ce qu’il gagne maintenant à La Corogne. Même Alvalade se met à sonner creux. Ils n’ont été que 27 028 en moyenne lors de cette première partie de saison contre 34 493, l’année dernière. Difficile aussi avec de tels résultats de valoriser ses joueurs. Et donc de bien les vendre. Afin de dégager des liquidités, le Sporting a vendu une partie des droits de ses athlètes à des fonds d’investissements. Souvent à perte. Carriço, Izmailov et Pereirinha qui étaient les seuls détenus à 100% par le SCP sont partis cet hiver. Le Sporting n’est plus proprio que de "morceaux " de ses joueurs.
A qui le tour ?
Godinho Lopes devrait difficilement être candidat à sa succession. Il a fait savoir à ses soutiens (restants) qu’il n’avancerait que si aucune liste crédible ne se présentait. La sienne en serait-elle une ? Officiellement, les trois principaux groupes de supporters du Sporting Juventude Leonina, Diretivo XXI et Torcida Verde n’appuient aucun des candidats. Comme dans toute démocratie footballistique, ils pourront choisir.
Bruno de Carvalho sera encore là. Il y a deux ans, il pensait avoir gagné les présidentielles. Une partie de la presse l’avait carrément annoncé vainqueur. Les réclamations n’y changeront rien. Il s’inclinera. De justesse : 33,15% des voix pour lui contre 33,55% pour Godinho. Ce chef d’entreprise (immobilier) avait posé avec son entraîneur : Marco van Basten ; avait dévoilé le nom de ses investisseurs : trois richissimes Russes. Jeune (41 ans), il était le seul candidat en 2011 à assumer le statut de président salarié. Ce qui serait une première dans l’histoire du club. Aujourd’hui, pas de promesses. Des mots : "Je me sens dans l’obligation de me rendre disponible pour aider à traverser cette phase difficile." De Carvalho la joue prudent et conforte la position de Jesualdo pour les prochains mois.
Carlos Severino. Au lendemain de la démission en bloc des dirigeants du Sporting, Severino s’est déclaré candidat et a annoncé le nom de son mouvement : "SOS, sauver le Sporting." Ancien journaliste, l’homme de 59 ans a été responsable de la communication du SCP de Dias da Cunha, entre 1998 et 2006. "Le football professionnel doit tourner autour des joueurs issus de la formation, en recrutant de façon chirurgicale. Notre modèle est celui du Barça, la meilleure équipe du monde", a-t-il lancé. Il assure être en contact avec Cruff qui lui a envoyé… "un email." Remettre la formation au premier plan serait la bonne décision. Le Lion qui a accouché de Figo, Paulo Futre, Simão ou Cristiano Ronaldo est le meilleur club formateur au Portugal. Et l’un des meilleurs dans le monde.
On en parle. José Couceiro. Il connait Alvalade dans ses moindres recoins. Au Sporting, José Couceiro a été directeur Sportif (1997/98), directeur Général (2010/11) et entraîneur (2011). A 50 ans, il n’écarte pas un retour par la très grande porte "si il y a une solution pour combler le manque d’argent" et "une cohésion interne" C’est donc pas encore gagné… Paiva dos Santos. En 2011, il était le "vice" du candidat Pedro Baltazar. En attendant d’obtenir les soutiens suffisants, il balance : "Je vais nettoyer le Sporting de A à Z." Normal pour un homme qui fait son business dans la pharmacie. Herminio Loureiro. Selon le Diario de Noticias, l’ancien président de la Ligue Professionnelle (2006 -2010) aurait été contacté par un lobby bancaire afin de le représenter. Un candidat "consensuel" comme l’était Godinho…
Mais ces élections anticipées le prouvent. Même à l’heure des pétro-gazo-dollars ou  des lobbys bancaires, la "democracia do futebol" continue de se faire respecter. Reste à savoir pour combien de temps encore… Car au Sporting comme dans beaucoup d’autres institutions en faillite, on rêve d’accueillir un riche investisseur (étranger). Les exemples de ces montages loupés  abondent mais l’argent, lui, manque…
Commentateur du championnat portugais sur Ma Chaine Sport, Nicolas Vilas ne manque pas de promouvoir "sa" Liga via bloGolo.fr ou sur les ondes de RMC. Débats, analyses, interviews, il vit sa passion pour le "futebol" avec le sourire. Et tente, autant que possible, de le transmettre...
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Nicolas Vilas

Crédit: Eurosport

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