Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Jorge Mendes, le Ballon d'Or des agents

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/11/2012 à 22:06 GMT+1

Agent de Cristiano Ronaldo, de José Mourinho et de plus 80 autres acteurs majeurs, Jorge Mendes fascine par sa réussite et irrite par ses méthodes. Portrait.

Jorge Mendes 2012 ronaldo

Crédit: Eurosport

Ses mots aux médias sont comptés. Il ne donne aucune interview. La dernière fois qu’il est monté au créneau, c’était pour déclarer que lui, l’agent, le confident de Cristiano Ronaldo connaissait les raisons du malaise de la star au Real. Depuis, c’est le silence radio. A 46 ans, Jorge Paulo Agostinho Mendes, préfère s’activer en coulisses. Il se dit d’ailleurs qu’en ce moment-même, il négocie le prochain contrat pharaonique de CR7, sa poule aux oeufs d’or, avec les Merengue. Mais aussi qu’il prépare le marché hivernal des transferts. Dans ces périodes-là, ses quatre téléphones portables chauffent comme jamais et il parcourt l’Europe à bord de son jet privé, se réveille à Madrid chez lui, déjeune à Porto, boit le thé à Londres, goûte à Moscou avant de regagner ses pénates.
Aujourd’hui, Jorge Mendes est la tête d’une multinationale : la Gestifute. Une agence, basée à Porto, qui s’occupe des intérêts de 83 joueurs, et pas des moindres : Cristiano Ronaldo, Falcao, Pepe, Coentrao, Nani, Di Maria…Avec tous ses joueurs, il pourrait former, au moins, deux équipes presque invincibles en Europe. Et son équipe-type ressemblerait à celle-ci : Rui Patricio - Bosingwa, Bruno Alves, Pepe, Coentrao - Anderson, Raul Meireles, Nani- Cristiano Ronaldo, Falcao, Di Maria. Et l’entraîneur de cette dream-team serait José Mourinho. Comme vous pouvez le constater Jorge Mendes s’est spécialisé, et c’est logique, dans le joueur Portugais, ou celui qui est passé, un jour, par la Superliga. Pour pour bien prendre conscience de la mainmise de l’agent sur le marché lusitanien, il faut se souvenir que lors du dernier Euro, 17 des 23 sélectionnés portugais étaient des hommes de Mendes, tout comme l’entraîneur, Paulo Bento. Au petit jeu des comparaisons, Jean-Pierre Bernes serait un "petit joueur" face au super agent portugais.
Aujourd’hui, Jorge Mendes est considéré comme l’agent numéro un dans le monde. Selon une étude menée par Futebol Finance, Gestifute est l'entreprise du genre la plus rentable et la plus riche du monde. Avec ses 83 joueurs, ses actifs se montent à un demi-milliard d’euros (536 millions très exactement), soit deux fois plus que ceux de Stellar Football (Gareth Bale, Joe Hart, Darren Bent ou Ashley Cole), deuxième au classement. Bref, Mendes est devenu incontournable dans le marché des transferts… Sa carrière n’a pourtant réellement commencé qu’en 1996. Car Mendes est avant tout un brillant et très opportuniste homme d’affaires, qui a su surfer, dans le sillage de CR7, sur l’explosion des joueurs portugais ces quinze dernières années.
D'abord un video club, puis des boîtes de nuit, puis La Corogne...
Avant de jongler avec quatre téléphones portable, de parler cinq langues, de s’acheter un jet privé, quelques voitures de luxe et de ne porter que des costumes de grands couturiers, Mendes avait une autre vie. Jeune, ce fils d’un fonctionnaire et d’une femme au foyer, rêvait de devenir footballeur. Mais ce milieu de terrain plutôt porté sur la gauche n’a jamais percé. C’est cette quête impossible qui l’a poussée à quitter Lisbonne et sa famille pour aller s’installer au nord du Portugal, à quelques kilomètres de la Galice espagnole. Il ne ferait pas carrière mais c’est là où son goût pour les affaires s’est développé. Après avoir monté un vidéo-club, il est devenu un oiseau de nuit et s'est lancé dans le business des discothèques. C’est dans l’un de ses clubs qu’il a rencontré Nuno, un médiocre gardien de but qu’il réussirait pourtant à vendre, en 1996, au Deportivo La Corogne.
Dans l’histoire du Mendes-agent, Agusto Cesar Lendorio, le président du Depor, occupe une place centrale. Car c’est lui qui lui a permis de mettre le pied à l’étrier. "Il était têtu, se souvenait récemment Lendorio dans El Pais. Il pouvait attendre quatre heures devant mon bureau pour pouvoir me parler. J’avais beau lui répéter que je n’achéterais personne, il a fini par me convaincre. Pourquoi ? Parce que c’est un homme très positif, qui apporte des solutions à tous les problèmes et il sait rester proches de ses joueurs et des clubs avec qui il travaille. C’est comme un ménage à trois ! Peu après Nuno, il a vendu Costinha, un parfait inconnu à Monaco. Il était le seul à ce moment-là à percevoir tout le potentiel de ce joueur."
La légende Mendes pouvait commencer. C’est un agent efficace qui s’occupe de tout, des contrats, de l’image, de l’organisation quotidienne et des campagnes médiatiques de ses joueurs. Un négociateur hors pair. "Lors des discussions que nous avons eu pour Deco, dirait un jour l’ex président du Barça, Joan Laporta, j’avais l’impression que le club allait acheter Pelé." Le "super agent Mendes" (l’un de ses surnoms) est arrivé dans ce business au bon endroit (le Portugal) et au bon moment. Il est passé à la vitesse supérieure au milieu des années 2000.
Ronaldo et Mourinho ferrés au meilleur moment
En 2003, le jeune Cristiano Ronaldo est vendu à Manchester United. Et en 2004, après avoir remporté la Ligue des Champions avec Porto, José Mourinho arrive à Chelsea. Mendes occupe enfin le marché le plus rémunérateur du monde : l’Angleterre. La porte est ouverte et il va s’y engouffrer la tête la première. Il est alors l’agent du joueur et de l’entraîneur numéro un de la planète. De deux poules aux œufs d’or qui vont l’aider à gagner beaucoup, mais vraiment beaucoup d’argent. A Chelsea, il va réussir à vendre Paulo Ferreira et Bosingwa pour 20 millions d’euros chacun. Un exploit. A Manchester United, il vend en un coup de baguette magique Anderson pour 20 millions et Nani pour 25. Sachant que l’homme prend d’énormes commissions (des sources annoncent 10% sur chaque transfert) à chaque fois, c'est une fortune qui est en cours de construction.
Mais le chef d’œuvre de Mendes est certainement d’avoir pris le pouvoir d’un des clubs les plus puissants de la planète : le Real Madrid. En Espagne, la rumeur court, qu’aujourd’hui, il est celui qui prend toutes les grandes décisions sur les transferts et sur les joueurs. Le vestiaire serait aujourd’hui divisé entre les Mendes boys et les autres. Mais il faut avouer qu’avoir réussi à placer CR7 et Mourinho dans le même club, c’est une brillante idée. Tant au niveau des résultats qu’au niveau du business. Et au Real, Mendes a fait encore plus fort qu’à Chelsea ou a Manchester. Les Merengue lui ont acheté pour 192 millions d’euros de joueurs dont 96 millions pour le seul Cristiano Ronaldo, 6 pour Carvalho, 30 pour Pepe et Di Maria et surtout 30 millions pour Coentrao, qui n’en vaut certainement pas le tiers. Et ce n’est certainement pas terminé… Mendes aime tellement Madrid qui l’a décidé de s’y installer, dans le quartier de la Finca, celui où vit CR7, Mou et les autres.
Même s’il est l’homme le plus puissant du football actuellement, Mendes n’est pas immortel et surtout il ne bénéficie d’aucune immunité. Dans cet impityoable milieu, il peut tomber d’un jour à l’autre. Selon le très sérieux The Guardian, la justice commence à s’intéresser sérieusement à ses affaires. Dans sa ligne de mire : le transfert de Bebe, pour 9 millions d’euros à Manchester United. Une étrange affaire, puisque Bebe a quitté son précédent agent six jours avant le deal et qu’au final, il n’a presque jamais joué avec les Red Devils (7 matches et 2 buts en deux saisons). La justice se demande si ce transfert n’a pas été une manière détournée de payer Mendes pour ses menus services. Difficile à prouver.
La justice anglaise et la FIFA suivent ses affaires
Pour l’affaire "Formation", du nom d’une agence de joueurs qui s’occupe entre autres de Rooney, c’est une autre paire de manches. Ce groupe accuse Mendes de ne pas lui avoir payé son dû. En 2002, Formation et Gestifute signent un contrat de collaboration, qui stipule que les deux sociétés se partageront toujours les commissions (50/50) des transferts des joueurs de Gestifute vendus en Angleterre. Au début Mendes jouait le jeu et profitait des contacts de Formation pour se faire son propre carnet d’adresses, avant de décider de voler de ses propres ailes. Un exemple ? Le transfert de Cristiano Ronaldo à Manchester United. Formation n’aurait touché que 100.000 euros sur la transaction, alors que Gestifute a facturé pour 1,5 millions d’honoraires. Mais là ou Mendes est un redoutable homme d’affaires, c’est qu’il a facturé cette somme non pas comme une commission mais comme le suivi au quotidien du joueur. L’affaire est en tout cas toujours en justice et vu le nombre de transactions réalisées par Mendes en Angleterre, elle pourrait lui coûter beaucoup d’argent.
La justice n’est pas la seule à commencer à fouiller dans les affaires de Mendes. La FIFA a lancé dernièrement une enquête contre lui pour conflits d’intérêts. Le super agent portugais a, en effet créé avec Peter Kenyon (ex dirigeant de Chelsea et de Manchester United), des fonds d’investissements basé dans le paradis fiscal de Jersey. Le concept est révolutionnaire. Quality Sports II Investments, c’est son nom, propose à des hommes fortunés d’investir dans le football. Comment ? Moyennant 1 million d’euros minimum, cette société promet jusqu’à 10% de rentabilité par an. En clair : ils mettent de l’argent sur des joueurs en devenir et seront rémunérés sur les transferts futurs. Le tout, encadré, par Gestifute, l’une des plus grandes agences de la planète. Sauf que… Tout ceci est illégal pour la FIFA, car elle estime que certains mouvements d’argent sont suspects et qu’il peut y avoir conflits d’intérêts car Kenyon comme Mendes sont à la tête d’agences de représentations.
Cette histoire prouve une chose : le super agent portugais a des méthodes très novatrices dans le milieu. Il essaie d’avoir toujours un coup d’avance sur ses concurrents. Sa dernière lubie : que CR7 gagne un second Ballon d’Or. Alors, depuis quelques mois, il s’active en coulisse, et a mis sur pied une campagne de presse pour que son joyau soit à nouveau au sommet du football mondial. Pour les affaires, il n'y aurait pas de meilleur nouvelle
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité