Transferts : Daniel Carvajal, un Madridiste de retour au Real

Le Real Madrid est un club très riche. Bien plus qu'il ne le croit. Dans l'ombre des stars qui composent son équipe première se cachent quelques pépites condamnées à l'exil pour espérer pouvoir percer au plus haut niveau. La Maison Blanche s'est parfois rendue compte qu'elle avait laissé partir à tort des joueurs qu'elle n'estimait pas suffisamment compétitifs compte tenu de l'impératif de résultats auquel est tenu le club le plus titré d'Europe. Elle n'a pas fait la même erreur pour Daniel Carvajal. Un an après l'avoir transféré au Bayer Leverkusen, le Real a racheté l'arrière droit qu'il avait lui-même formé, pour un montant de 6,5 millions d'euros.

La somme ne peut en aucun cas être considérée comme excessive. En réalité, c'est quasiment une opération blanche pour Madrid. Carvajal avait été vendu l'été dernier pour un montant estimé entre 5 et 6 millions d'euros. Les dirigeants madrilènes avaient pris soin d'inclure dans la transaction une clause de rachat à 6,5 millions d'euros à l'issue de la première saison. Celle-ci a été levée dès l'officialisation de la réélection de Florentino Perez à la présidence de la Maison Blanche. Et c'est d'ores et déjà un soulagement pour le prochain coach du Real, dont l'identité ne devrait plus tarder à être connue. La saison passée, José Mourinho a dû faire face à un manque de personnel pour le poste d'arrière droit. Après avoir recentré Sergio Ramos, le technicien portugais ne disposait plus que d'une seule solution, Alvaro Arbeloa, et a parfois été contraint d'aligner Michael Essien, un milieu de formation, dans cette position. Son successeur ne sera plus confronté au même problème avec le retour de Carvajal.

Le montant paraît d'autant plus faible au regard des performances de l'international Espoirs espagnol avec le Bayer Leverkusen. Alors qu'il n'avait jamais évolué au plus haut niveau avant son transfert en Allemagne, Carvajal s'est adapté en un temps record, à la fois à un nouveau championnat, mais aussi aux exigences requises par l'élite. Il a participé à 32 des 34 matches de Bundesliga de son équipe, dont 31 titularisations, apportant ainsi une large contribution à la troisième place de son club en fin de saison, synonyme de qualification pour le barrage de la Ligue des champions. Et si le Bayer n'a terminé que derrière le Bayern au classement des meilleures défenses d'Allemagne, son latéral espagnol n'y est pas pour rien. Carvajal fait ainsi partie des meilleurs tacleurs de la Bundesliga (3,4 par match) et arrive en troisième position parmi les intercepteurs (3,7 par match). Des statistiques qui expliquent en grande partie pourquoi le quotidien Bild l'a élu meilleur arrière droit de Bundesliga cette saison.

Si Carvajal a eu droit à l'honneur de cette distinction, c'est parce qu'il fait bien mieux que défendre. Même si ce paramètre est prioritaire à son poste, et qu'il y a montré des qualités indéniables, notamment dans le placement et dans l'anticipation, aussi par son rôle prépondérant dans l'organisation du pressing du Bayer et sa faculté à se trouver sur les trajectoires des tirs. Mais là où le jeune Espagnol se démarque de la concurrence, c'est surtout par son apport offensif et ses qualités de contre-attaquant. Doué techniquement, très bon dribbleur, Carvajal fait fructifier ces atouts par sa capacité à bien finir les actions. Avec sept passes décisives, il a ainsi été le quatrième meilleur passeur de la Bundesliga parmi les latéraux, derrière Philipp Lahm (Bayern Munich), Bastian Oczipka (Eintracht Francfort) et Lukas Piszczek (Borussia Dortmund). Il s'était aussi mis en évidence avec un joli but au terme d'une très belle action collective lors de la victoire du Bayer Leverkusen à Hoffenheim (1-2) pour sa seule réalisation de la saison. L'Espagnol, très complet et qui ne présente pas de lacune, a montré qu'il avait tout pour plaire cette saison.

Sans être un ancien de la Maison Blanche, Carvajal avait déjà de quoi intéresser le Real Madrid, comme n'importe quel autre grand club. Juste sur ses performances qui ont validé son choix de tenter l'aventure à l'étranger au début de la saison passée. Quitter la capitale espagnole a forcément été une décision délicate pour le natif de Leganes, dans la Communauté de Madrid. C'est un enfant du Real, arrivé au club à l'âge de 10 ans est passé par toutes les équipes de jeunes avant d'intégrer la Castilla, la réserve du club merengue, au début de la saison 2010/2011. Partir était encore plus délicat compte tenu de la manière avec laquelle Carvajal s'était imposé comme un élément indispensable de la réserve madrilène. Après avoir disputé 30 matches lors de sa première année, il en a joué 38 en 2011/2012, inscrivant 2 buts et délivrant 9 passes décisives pour devenir l'un des grands artisans de la montée en Liga Adelante. L'été passé, avec les soucis récurrents au poste d'arrière droit du Real, l'idée de rester dans cet environnement qu'il maîtrise en attendant son heure n'était pas forcément moins risquée qu'un pari à l'étranger où beaucoup se sont grillés les ailes.

La perspective de retourner au Real par le biais de la clause de rachat n'a pas été étrangère à son départ au Bayer, un club qui avait repéré ses qualités et qui lui a permis de les développer au plus haut niveau. "J'espère faire de mon mieux ici, m'améliorer de jour en jour et si un jour, le Real décidait de lever l'option, j'accepterais immédiatement", avait-il révélé dans Marca au début du mois. Madrid n'a pas laissé passer l'opportunité, au grand dam d'un Bayer fataliste. "Nous sommes désolés de ne plus compter Daniel dans nos rangs, mais nous savions que le Real Madrid allait reconnaître sa valeur sportive tôt ou tard", a expliqué Rudi Völler, le directeur sportif du club allemand, après avoir annoncé le retour du joueur au Real Madrid. "Il nous a laissé une grande impression, non seulement sportive mais aussi humaine, dès le premier jour", a ajouté le président Wolfgang Holzhaüser.  "Nous sommes désolés de le perdre, mais c'est bien de lui avoir permis d'accomplir son rêve d'enfance de jouer au Real Madrid. C'est un Madridiste jusqu'au bout des ongles." Du rêve à la réalité, il y avait un pas que Carvajal a su franchir, en attendant peut-être de s'imposer comme un titulaire au sein du club de son cœur.