Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Transferts : Jorge Mendes, enquête sur l’agent qui fait le bonheur (AS Monaco, Cristiano Ronaldo...)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 26/06/2013 à 19:29 GMT+2

Comme chaque été, l'agent Jorge Mendes va animer les marchés d'Europe. Via l'AS Monaco, son influence s'étend sur la L1. Qui est ce tout-puissant? Enquête.

Il n’est pas loin de 6 heures du matin. L’aéroport Sá Carneiro de Porto somnole. Trois silhouettes tentent d’esquiver les flashs. James Rodriguez et João Moutinho sont en partance pour Monaco. Les deux futurs ex-Dragons sont accompagnés de Jorge Mendes. Le Portugais, qui est l’agent officiel de Moutinho depuis avril dernier, sait se placer sur les gros dossiers. Le propriétaire russe de l’ASMFC, Dmitri Rybolovlev, a misé sur lui pour l’aider à construire son équipe. Il aligne 70 millions d’euros sur la doublette portiste. Le transfert record du foot français ; Thiago Silva est envoyé au tapis. Ricardo Carvalho et Falcao pour la suite. 60 millions d’euros rien que pour le Colombien. Jackpot. Jorge est un as pour dont la réussite n’est pas qu’une simple histoire de bluff, ni de chance. Enquête sur l’agent qui attire l’argent.
"Tout le monde l’aime"
"Il génère le consensus. Tout le monde l’aime. Je dois apprendre avec lui." Les chaussures de Jorge Mendes brillent presque autant que sa luxueuse montre en ce 18 mai 2012. Les éloges sont l’œuvre de Miguel Relvas, ministre-adjoint et des Affaires Parlementaires. Le puissant agent portugais vient d’être décoré par son gouvernement de la médaille d’honneur du Mérite sportif. Et ce quelques jours seulement après avoir été cité par l’Unité nationale du combat contre la corruption de la police judiciaire, qui enquête sur les 3,6 millions disparus sur le transfert de Bebé de Guimarães vers Manchester United, à l’intersaison 2010. Mais ce soir-là, à Oeiras, Jorge est souriant. Bien entouré : sont présents Fernando Gomes (président de la fédé), Mario Figueiredo (président de la Ligue), les anciens secrétaires d’Etat aux sports José luis Arnaut et Hermíno Loureiro, Luis Filipe Vieira et Antonio Salvador (présidents du Benfica et de Braga), le sélectionneur national Paulo Bento, Carlos Freitas (directeur sportif du Sporting) ou encore le super influent magnat des médias Joaquim Oliveira… Une récompense de plus pour le patron de la Gestifute, agence créée par Mendes en 1996.
Fin 2012 et pour la troisième année de suite, c’est à Dubaï qu’il est ensuite distingué. Cérémonie des Globe Soccer Awards. Jorge Mendes pose fièrement avec ses deux trophées. D’un côté celui du meilleur agent de l’année et, de l’autre, le tout aussi sculpté Cristiano Ronaldo. L’attaquant portugais – plus chère transaction de l’histoire du football (94 millions d’euros) - est la tête de gondole de la Gestifute. Une boite qui gère des CR7, Mourinho, Pepe, Anderson, Nani, Coentrão ou Meireles, qui brasse, embrasse et embrase les millions.
Très vite, le foot côté biz
Né le 7 janvier 1966 à Lisbonne au sein d’une famille de classe moyenne, Jorge a un goût et un don certain pour le sport. Il pratique le karaté et l’athlétisme (sous les couleurs du Sporting) avant de se dédier au football. Recalé par le Benfica, il entame une carrière au Petrogal, club beaucoup plus modeste de Lisbonne. Beau-gosse, le jeune Mendes aime courir les jupons autant que derrière les ballons. Un aventurier qui va bientôt connaître sa première migration. Son frère l’invite à le rejoindre dans le Nord, à Viana do Castelo. Jorge y intègre le Vianense puis le Lanheses, autres clubs de seconde zone. Malgré ses qualités de joueur reconnues, il privilégie le business. Déjà… Parallèlement à son activité dilettante de footeux, il a une petite entreprise de locations de VHS. Et s’il accepte d’intégrer le Lanheses, c’est avec la promesse de gérer l’espace commercial autour du terrain.
Mendes investit son premier pécule dans la "night." Il monte, à Caminha, la discothèque Alfândega qui va faire décoller sa carrière. Son carnet d’adresses se remplit. Hommes d’affaires, personnalités du showbiz du Portugal et d’Espagne s’y retrouvent. Jorge est à la frontière. Les footballeurs ne sont jamais loin… Le gardien de but du Vitória de Guimarães, Nuno Espírito Santo, devient l’un de ses potes. L’arrêt Bosman vient de tomber et Mendes flaire le bon coup. Il convainc César Lendoiro d’embaucher Nuno dans son Depor pas encore Super. Le transfert est bouclé en 1997. Une amitié est née avec le dirigeant galicien.
Elle tient toujours. L’année dernière, Mendes a placé Diogo Salomão et Bruno Gama en Galice. Le Super Depor, qui a retrouvé l’élite en 2012/13, a accueilli ses Pizzi (prêté par l’Altetico Madrid), Tiago Pinto (pour quelques mois), Silvio (prêté par l’Atletico Madrid), Nélson Oliveira (prêté par le Benfica) et les noms de Hélder Postiga ou de Hugo Almeida y ont circulé. Alberto Rodriguez devait lui aussi signer au Riazor mais le Péruvien a été recalé aux tests médicaux. Domingos s’est assis sur le banc en cours d’exercice. Sans grand succès. Dans les rangs rivaux, certains s’amusent de l'omniprésence de JM. A quelques heures du derby galicien, le latéral du Celta, Hugo Mallo, pose avec une pancarte sur laquelle on peut lire "A vendre". L’écusson du Depor est customisé. Le drapeau du Portugal substitue celui du Deportivo.
Installé à Monaco depuis longtemps
Mendes et Monaco, c’est une vieille histoire d’amour. En 1997, Jorge, à l’aube de sa carrière, y place le quasi-inconnu Costinha, issu des rangs du Nacional. La formation de Madère est alors championne de… D3 portugaise. Un pari réussi. Quatre ans plus tard, il intègre le FC Porto où il va exploser. Le "ministre" est devenu l’un des meilleurs ambassadeurs de la Gestifute. Nommé directeur sportif du Servette à l’été 2011, il y avait rameuté Roderick. Lorsqu’il était au Sporting, il avait milité pour la venue de Maniche ou Diogo Salomão. Et là, il vient tout juste d’être nommé entraîneur de Paços de Ferreira. Il succède à Paulo Fonseca – parti au FC Porto malgré une dernière place en Liga avec le Beira-Mar. Tous ces noms sont estampillés Gestifute.
picture

Costinha Maniche

Crédit: Imago

Jorge a ses quartiers dans la Principauté. Il y a bouclé quelques transferts, à distance. A la fin des années 90, si on en croit l’un de ses meilleurs ennemis Octavio Machado, Beto a failli aller à Monaco. En mai 2013, alors que Ranieri était menacé, Jorge a soufflé le nom de Paulo Fonseca. L’entraîneur révélation de la Liga portugaise 2012/13 avec Paços s’est engagé finalement au FC Porto. Pas étonnant non plus d’avoir entendu les noms de Coentrão ou Cristiano Ronaldo à Louis-II.
Monaco, un paradis fiscal dans lequel se retrouve bon nombre de belles fortunes. Dont celle de Dimtry Rybolovlev, "l’une des 100 plus grandes fortunes selon le classement de Forbes", rappelle Costinha. L’actuel propriétaire russe de l’AS Monaco FC croise pas mal de ses compatriotes sur le Rocher. Comme Alexei Fedorichev. Il y a une douzaine d’années, l’homme d’affaires avait tenté la reprise du club mais le Prince Rainier s’y était opposé. Fedorichev n’a pas bonne pub. Il est soupçonné de blanchiment d’argent et Interpol l’a dans le viseur. Il habillera quand même l’ASMFC. Sa Fedcom devient sponsor maillot de l’équipe. Fedorichev était aussi le patron du Dynamo Moscou qui, en 2006, a signé un partenariat avec… Monaco. Le Dynamo. Un club avec lequel Jorge Mendes a eu du rendement...
Infographie bio Jorge Mendes
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité