Mercato - PSG : Remplacer Thiago Motta, la mission la plus compliquée de l'été parisien

Habitué à multiplier les signatures et les approches, le PSG se voit cet été contraint de gérer un certain nombre de départs. Dernier en date, Thiago Motta a expliqué mardi vouloir quitter le club parisien. "Rester au PSG, ça n’aurait pas de sens, a expliqué l’Italien dans La Gazzetta dello Sport. Je sens qu’un cycle se termine pour moi. Si je reste, je n’aurai plus la motivation nécessaire." Ajouté à celui de Yohan Cabaye à Crystal Palace, le désormais probable départ de Thiago Motta ouvrirait un épineux chantier pour les dirigeants du Paris Saint-Germain.

D’abord parce qu’il imposerait, numériquement, de recruter deux nouveaux milieux de terrain, dans un secteur où Laurent Blanc aurait volontiers misé sur la continuité. Depuis plus d’un an et demi, l’ancien sélectionneur des Bleus s’est évertué à mettre en place une identité de jeu, largement construite autour d’un système (le 4-3-3) et de principes de jeu (faits de longues phases de conservation, notamment). Si Paris y est finalement arrivé, c’est en (grande) partie grâce à l’intelligence de jeu de Motta, formé au Barça, et à sa complicité avec son compatriote Marco Verratti.

Changer de milieu défensif, dans le système parisien, est loin d’être anodin. C’est prendre le risque de rompre l’équilibre du bloc-équipe ; celui, également, de perdre du temps à recréer automatismes et relations techniques. La sentinelle, dans la grande chaîne de Blanc, n’est pas qu’un maillon défensif ; elle est un point d’ancrage, une rampe de lancement offensive. C’est précisément pour ces raisons-là que l’entraîneur parisien avait choisi Cabaye (un joueur qu’il connaissait par cœur) lorsqu’il lui avait fallu, après le passage au 4-3-3, se renforcer au milieu. Avec, déjà dans l’esprit, l'idée qu’il faudrait épauler (sinon suppléer) Thiago Motta un jour.

Voilà le Cévenol face à la même équation aujourd’hui. Avec une difficulté en plus : la (bonne) sentinelle se fait rare. Peu nombreux sont les spécialistes du poste à avoir le niveau international que requiert le PSG. Pour ces quelques-uns, le PSG doit faire face à un marché complètement verrouillé. Inutile de s’éterniser sur les Busquets, Mascherano, Matic ou Xabi Alonso, intouchables aujourd’hui. Khedira a quitté (libre) le Real pour la Juventus ; Schneiderlin s’est engagé lundi en faveur de Manchester United ; Nainggolan a prolongé son contrat avec l’AS Rome et réaffirmé son envie de rester en Italie ; William Carvalho, un temps annoncé partant du Sporting, s’est fracturé le tibia à l’Euro Espoirs. La liste est longue et elle réduit, jour après jour, la fenêtre de tir parisienne.

Il subsiste, dans le viseur des dirigeants du champion de France, un certain nombre de joueurs semblant évoluer un cran en-dessous des exigences du projet parisien. L’Equipe évoquait ce mardi le nom de Benjamin Stambouli, en perdition à Tottenham. Sont également cités Lucas Biglia ou Alex Witsel. Le PSG n’étant pas seuls sur ces deux derniers dossiers et leur club n’étant pas forcément enclin à les libérer, rien ne dit que ces pistes soient faciles d’accès. Rien ne dit, non plus, que ces joueurs aient les épaules assez larges pour s’imposer dans le onze-type de Blanc.

Il serait alors tentant d’évoquer l’hypothèse d’un recrutement… interne. Autrement dit, d’imaginer Laurent Blanc reconvertir dans la durée un de ses joueurs en milieu axial. Marco Verratti pourrait présenter les qualités nécessaires pour occuper ce poste. L’Italien l’a fait, à plusieurs reprises, la saison dernière. Mais Blanc avait déjà souligné l’année dernière qu’il n’imaginait pas le milieu de poche s’y installer sur le long terme.

David Luiz peut, lui aussi, monter d’un cran, comme il l’a fait face à Chelsea la saison dernière, en huitième de finale de Ligue des champions. Mais là encore, l’expérience n’est pas sans risques. Le Brésilien est une force physique, bien moins à l’aise tactiquement et techniquement. Son utilisation dans le trident de l’entrejeu peut être une solution pour Blanc dans certaines rencontres spéciales, mais elle ne saurait convenir, à terme, à la philosophie de jeu du "Président".

Le 4-3-3 n’est pas une facette immuable au PSG, malgré tout l'attachement que Laurent Blanc lui porte. Entre 2011 et 2013, Ancelotti a d’ailleurs construit son équipe en 4-4-2. Sans sentinelle, il ne faut pas exclure l’idée de voir Matuidi et Verratti associés dans l’entrejeu. Les deux joueurs présentent une complémentarité évidente : l’un a plutôt un profil de récupérateur, gaucher, qui se projette vers l’avant par des courses, l’autre est un relayeur, droitier, excellent dans un rôle de rampe de lancement. Un dernier argument plaide en faveur d’une conversion parisienne à une nouvelle organisation. Cela permettrait soit à Edinson Cavani (en pointe d’un 4-4-2) soit à Javier Pastore (en meneur d’un 4-2-3-1) de retrouver le poste de prédilection dont le 4-3-3 les privait. Un casse-tête de plus pour Blanc, contraint de gagner, dans les prochaines semaines, sa propre bataille du milieu de terrain.