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Loin du strass et des paillettes, l'autre face du mercato

Loïc Tanzi

Mis à jour 16/06/2015 à 09:28 GMT+2

Pendant que les ogres européens mettent des dizaines de millions sur la table pour recruter les stars du football, une majorité de joueurs vit avec la crainte du chômage ou celle de ne pas arriver à atteindre le monde professionnel.

Amine Oudrhiri, alors avec le Red Star

Crédit: Panoramic

Pas facile de survivre dans la jungle footballistique. L'image est forte mais elle reflète bien la bataille que se livrent des centaines de joueurs dans les divisions inférieures pour tenter de faire leur trou. Quand on part de loin, le talent n’est pas une assurance pour arriver au plus haut niveau. Surtout dans un sport où les trajectoires linéaires sont une rareté. L'histoire récente retient les parcours de Ribéry, Valbuena ou Rami, mais combien de joueurs se sont cassés les dents en tentant de gravir les échelons ?
Slimane Sissoko est le dernier joueur avoir fait le grand pas entre le National (3e division) et la Ligue 1, recruté par Angers en provenance de Luçon aux premières heures du mercato. Il lui fallait une bonne dose de talent et un peu de chance : les clubs de l'élite tentent de moins en moins ce genre de paris.

Le second marché est totalement bloqué

Amine Oudrhiri a lui tenté sa chance en passant du Red Star au FC Nantes à l'hiver 2014. Un an et demi plus tard, le milieu de terrain de 22 ans doit encore se battre pour entrer  définitivement dans la cour des grands. Ne sentant pas venir sa chance en équipe première, il a tenté de grappiller du temps de jeu à l'échelon intermédiaire, en rejoignant Arles-Avignon en prêt la saison dernière. L’expérience n’est pas concluante (2 matches de Ligue 2). Une blessure à la cheville l’empêche de s’exprimer. C’est le retour à la case départ. Pour tenter de tout recommencer. "Je suis revenu, je n’ai pas encore eu de discussions avec l’entraîneur (Michel Der Zakarian), mais j’ai besoin de jouer. Je cherche un club de Ligue 2 qui peut me faire confiance. Il ne le regrettera pas."
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Amine Oudrhiri - FC Nantes

Crédit: AFP

Le temps de jeu, une rengaine qui obsède les joueurs professionnels. Ce facteur détermine leur place sur l’échiquier du mercato. Quand Cristiano Ronaldo ou Paul Pogba affolent le marché avec des sommes astronomiques, d’autres ne demandent qu’à pouvoir s’exprimer : c’est le second marché du football professionnel. Celui qui ne bouge pas et qui connait la crise. "C’est très compliqué aujourd’hui, affirme Oudrhiri. C’est dur pour un joueur qui a du talent mais qui n’est pas très connu de signer dans un club. Il y a un peu moins d’argent dans le football qu’il y en avait avant. C’est paradoxal quand on voit les sommes engagés par les grands clubs, mais c’est la vérité." Les clubs moins bien lotis sont pourtant peu actifs au moment de chercher des solutions à moindre coût dans les divisions inférieures.
Les clubs sont frileux à l’idée de prendre un joueur que personne ne connait"
Frank Welfringer, l’agent du joueur connait ça avec beaucoup de ses joueurs. Celui qui mise sur des jeunes prometteurs est dans l'expectative. "En ce moment, rien ne bouge. Il y a pourtant énormément de joueurs de talents en France en National ou même plus bas, mais les clubs sont frileux à l’idée de prendre un joueur que personne ne connait."
Une difficulté que connaissent encore plus les jeunes joueurs. A qui l’on ne laisse plus rien passer. "Il faut en faire plus quand on vient du ‘football d’en bas’, assure Oudrhiri. On part forcement avec un a priori sur nous car les gens se disent que si on n’a pas été dans un centre de formation c’est qu’on n’avait pas le niveau. C’est normal, moi je l’accepte. Et j’essaye au maximum de répondre aux exigences."
Pour eux, il n’y a qu’une solution : "rentrer dans la boucle", soupire Frank Welfringer. "Une fois que t’es dans la boucle Ligue 1 et que tu prouves que tu as le niveau, les clubs viennent tout seul. Le plus dur, c’est de trouver le premier club. Celui qui osera miser sur le joueur."
Amine Oudrhiri ne se veut pas autant fataliste. Il reste accroché à ce rêve que tout est possible. A condition de se donner les moyens. "Les contacts, ça aide forcement. Mais si tu fais tes matches, il y aura toujours une personne qui va te remarquer. Le travail paye j’en suis convaincu." L’avenir lui apportera la réponse. En attendant, c’est la jungle qui l’attend.
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