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Le mercato anglais a ouvert une brèche, en attendant l'effet domino

Gil Baudu

Mis à jour 07/09/2017 à 20:31 GMT+2

TRANSFERTS - En décidant de clôturer son prochain mercato estival avant l'ouverture de la saison, le championnat anglais a amorcé une tendance. Reste à savoir si elle s'étendra à ses voisins européens. Et sous quelles conditions…

Nasser El Khelaifi, le président du PSG, et Kylian Mbappé, le 6 août 2017, au Parc des Princes.

Crédit: Getty Images

La secousse est partie d'Angleterre. Traversera-t-elle la Manche ? Telle est la question. D'une certaine manière, la Premier League est partie en éclaireuse. Elle a pris une décision à laquelle ses voisins devraient inéluctablement se plier : fermer, dès 2018, son mercato estival avant que la saison ne commence. "Les Anglais ont amorcé la pompe", convient Bernard Caïazzo, président de Première Ligue, le syndicat patronal représentant des clubs de L1, que nous avons joint par téléphone.
En réalité, le championnat le plus riche de la planète foot a sans doute plus qu'"amorcé la pompe". Car le marché qui vient de s'achever l'a confirmé : la Premier League est toujours l'acteur majeur du mercato. Cet été encore, elle en fut le moteur. Même si la Ligue 1, boostée par la fièvre acheteuse du PSG, en aura été un carrefour. Les clubs anglais ont dépensé 1,55 milliard d'euros. Trois fois plus que leurs homologues français !
Autre indicateur de sa puissance financière sans égal, le championnat anglais a signé sept des dix plus grosses transactions estivales :
  • Romelu Lukaku (Everton -> Manchester United) : 85 M€
  • Alvaro Morata (Real Madrid -> Chelsea) : 80 M€
  • Benjamin Mendy (Monaco -> Manchester City) : 57,5 M€
  • Kyle Walker (Tottenham -> Manchester City) : 57 M€
  • Alexandre Lacazette (Lyon -> Arsenal) : 53 M€
  • Bernardo Silva (Monaco -> Manchester City) : 50 M€
  • Gylfi Sigurdsson (Swansea -> Everton) : 49,4 M€
Précision d'importance : ces transactions ont été conclues bien avant l'ouverture de la Premier League. Seul Sigurdsson a signé après le 11 août. Les six autres ont bougé dès le mois de juillet. Et même dès le 26 mai, concernant Silva.

Anticipation VS court-termisme

Si effet domino il y a, la jurisprudence anglaise se matérialisera davantage dans la stratégie globale des clubs. Avec pour maître-mot l'anticipation. Sir Alex Ferguson le disait récemment en ces termes : "Il faudrait clore le marché des transferts avant le début de la saison pour que chacun n'attende pas de voir ses premiers résultats pour recruter." La légende écossaise de Manchester United visait explicitement le "court-termisme" de ces clubs assis entre deux chaises, freinés par l'incertitude d'un tour préliminaire de Ligue des champions ou de Ligue Europa. En Premier League, ils devront désormais voir au-delà. Prendre le risque de casser leur tirelire avant même d'avoir dégagé leur horizon continental.
Leonardo Jardim n'avait pas cette problématique en tête. Son billet pour la Ligue des champions, Monaco l'avait déjà en poche. Mais jusqu'au bout, jusqu'au 31 août, l'entraîneur portugais a trainé comme un boulet le cas Mbappé. Son départ pour le PSG ne s'est conclu que lors des dernières heures du mercato d’été. Le championnat avait débuté depuis près d’un mois. A écouter Jardim, on l'imagine aisément favorable à une extension du modèle anglais. "A 20%, ce mercato sert à acheter des joueurs pour renforcer l'équipe. Les autres 80%, c'est pour affaiblir l'adversaire et 'mettre le bordel' dans la maison des autres."
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Leonardo Jardim et Kylian Mbappe

Crédit: Getty Images

"Il faudrait que tous les championnats démarrent en même temps"
Pour peu qu'elle se généralise, la réforme initiée par la Premier League mettrait un peu d'ordre dans ce joyeux "bordel". Elle rationnaliserait un marché complètement dingue. Finie la "longue incertitude" pointée du doigt par Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA. Oubliés, les "achats paniques" de dernière minute, à des tarifs prohibitifs, qui visent à redresser la barre, à combler un démarrage poussif. Cela suppose que la Ligue 1, la Bundesliga, la Liga, la Serie A et tous les autres championnats du Vieux-Continent se mettent au diapason. "Si on le fait en Premier League et que le reste de l'Europe ne le fait pas, alors nous continuons à avoir un problème", prévient Ronald Koeman, le manager d’Everton. Réponse de Bernard Caiazzo : "il n'y a pas de raison que la L1 ne suive pas le mouvement".
Mais, car il y a un mais, "dans un souci d'harmonisation générale, il faudrait que tous les championnats démarrent en même temps". "Maintenant, nous devons étendre le débat au niveau européen, insiste Giuseppe Marotta, le directeur sportif de la Juventus Turin. Les championnats les plus importants (en Europe) doivent se coordonner." C'est une condition sine qua non. Sans elle, le fameux "effet domino" ne traverserait pas la Manche. Et les clubs anglais pourraient encore céder des joueurs "dans d'autres championnats où le mercato resterait ouvert". La formule n'est pas anodine. Elle figure dans le communiqué de la Premier League.
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