Mémo mercato : La Juve maîtrise l'art de recruter, l'OM celui de se déplumer

Reprenons le parcours de N'Golo Kanté, seulement sur les trois dernières années. En juin 2013, il quitte gratuitement l'US Boulogne, alors en National, pour découvrir la Ligue 2 avec Caen. En mai 2014, il est dans l'équipe-type de L2 et participe à la montée du club normand en L1. En juillet 2015, après une seule saison au sein de l'élite, il rejoint Leicester en Premier League pour 8 millions d'euros. En mai 2016, il est sacré champion d'Angleterre avec les Foxes et figure dans l'équipe-type de la Premier League. En juin 2016, il est sélectionné pour disputer l'Euro avec l'équipe de France et atteint la finale de l'épreuve. Et le 16 juillet 2016, il est recruté par Chelsea pour 38 millions d'euros. Une ascension fulgurante ? Le mot paraît presque trop faible pour le gamin de Suresnes.

C'est vrai, ça ressemble au choix de la facilité d'associer la Juventus à la rubrique des bonnes affaires du mercato. La Vieille Dame n'en est vraiment pas à son coup d'essai dans cet exercice, mais ses deux recrues des sept derniers jours méritent quand même d'être mentionnées ici. D'abord Mehdi Benatia. Un prêt du Bayern assorti d'une option d'achat à 17 millions d'euros pour un défenseur talentueux et expérimenté, qui a fait ses preuves en Serie A, et qui pourra éventuellement succéder au vieillissant Andrea Barzagli (35 ans), c'est déjà un joli coup. Marko Pjaca en est un autre. Oui, il a coûté 23 millions d'euros, mais le jeune ailier croate de 21 ans a vraiment montré un très fort potentiel, notamment à l'Euro. On attend déjà avec impatience les fruits de son association avec Dybala.

André Gomes a beaucoup de qualités, et il a prouvé à Valence ou en sélection portugaise qu'il constituait à la fois un bon renfort pour le présent et un très bon pari sur l'avenir, à 22 ans. Il n'était pas forcément attendu au Barça, ne serait-ce que parce que la presse madrilène annonçait son transfert au Real comme acquis 24 heures avant sa signature à Barcelone. Les dirigeants catalans n'ont pas lésiné sur les moyens (35 M€ + 20 M€ de bonus éventuels + Martin Montoya) pour recruter un joueur dont la place de titulaire dans le onze barcelonais est pourtant loin d'être assurée avec la concurrence du trio Busquets-Rakitic-Iniesta. Ça parait cher pour un joueur dont le temps de jeu s'annonce limité, à moins d'un départ, parfois évoqué, de Rakitic.

Que Chelsea fasse une offre de 75 millions d'euros pour Alvaro Morata, c'est déjà gros. Les Blues ont mis 40 millions d'euros sur un attaquant d'avenir en la personne de Michy Batshuayi. Et, quitte à mettre une telle somme sur la table, autant l'investir sur un élément offensif confirmé qui a déjà terminé une saison avec plus de 10 buts au compteur, même si l'apport de l'Espagnol va au-delà de la finition. Mais à la limite, le plus gros dans cette histoire, ce serait le refus du Real de lâcher Morata pour un tel montant alors que le club merengue a déjà un attaquant de niveau international avec Karim Benzema. Ça fait beaucoup pour y croire vraiment.

Allez, on va faire un effort et accorder un peu de crédit aux déclarations publiques de Mino Raiola. Tout ce qui a été dit jusqu'ici, l'offre de 101 millions de Manchester United refusée par la Juventus, la décision de Paul Pogba de rejoindre MU, la contre-proposition turinoise de 120 millions d'euros acceptée par les Red Devils, les 20 millions d'euros de salaire annuel pour le joueur (droits d'images compris), la commission de 25 millions d'euros négociée par l'agent italo-néerlandais… Tout ça, on va admettre que c'était du "bla bla bla". Au moins jusqu'à l'officialisation du transfert.

Mario Götze en a eu assez. Pas suffisamment de temps de jeu au Bayern, un Euro manqué et un besoin urgent de retrouver ses sensations ont poussé le héros allemand de la finale du Mondial 2014 à appuyer sur le bouton "reset". Il reprend sa partie là où il l'avait quittée il y a trois ans, à Dortmund. Mais cette fois, le public du Signal Iduna Park ne le regardera plus comme l'enfant chéri qui portait les couleurs du club depuis l'âge de huit ans. Plutôt comme le traître qui a fui chez l'ennemi avant de retourner au bercail en situation d'échec. Pas sûr qu'il ait droit au même traitement. Faire "reset", c'est plus facile sur une console.

Ça y est, il ne reste plus aucun titulaire de Marcelo Bielsa à l'OM. Le onzième est parti dans la semaine à Watford. Il s'agit de Brice Dja Djédjé. Et comme la plupart des joueurs qui composaient le onze de Bielsa à Marseille il y a seulement 14 mois, le latéral droit a été bradé, pour moins de 4 millions d'euros. On parle des onze éléments les plus souvent titularisés, mais on pourrait aller plus loin en évoquant aussi les départs de Rod Fanni, Mario Lemina ou Michy Batshuayi, trois autres éléments utilisés régulièrement par le technicien argentin durant son année sur le banc olympien. Romain Alessandrini était aussi dans ce cas, et il ressemble furieusement au dernier des mohicans. Pour combien de temps ? A ce rythme, on n'exclut pas de parler de lui dans cette rubrique vendredi prochain…