Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Sanguin, éduqué à la dure... Voici Yuri Berchiche, le latéral qui arrive au PSG

François-Miguel Boudet

Mis à jour 07/07/2017 à 19:20 GMT+2

TRANSFERTS - Inconnu ou presque en France, Yuri Berchiche sort d’une excellente saison avec la Real Sociedad. L’heure de la maturité pour un joueur longtemps étiqueté ingérable et désormais au PSG.

Yuri Berchiche avec la Real Sociedad - 2017

Crédit: Getty Images

Yuri Berchiche pour concurrencer Laywin Kurzawa au Paris Saint-Germain, l’idée a de quoi surprendre. Le latéral gauche sort certes d’une grosse saison avec la Real Sociedad (35 matches, 3.090 minutes, 3 buts et 2 passes), la meilleure de sa carrière, mais investir au moins 15 millions d’euros sur le Basque de 27 ans peut dérouter. Sur le dossier, on sait que Manchester City l’a déjà observé plusieurs fois, les Citizens envisageaient de formuler une offre supérieure à celle du PSG en mars et Pep Guardiola aurait même demandé à son frère Pere, agent de profession, de s’activer. Mais c'est Paris qui a remporté la mise.
La Real Sociedad a été l’équipe révélation de la Liga et les Txuri-urdin se sont qualifiés pour la prochaine Ligue Europa avec un jeu particulièrement séduisant. Yuri s’est spécialement mis en valeur grâce à ses facultés physiques, sa puissance et sa détermination dans les duels. Suffisant pour prétendre à une place dans le XI d’Unai Emery ? Ses détracteurs considèrent qu’il a toujours des lacunes défensives et son mauvais caractère peut encore lui jouer des tours.
picture

Cedric Bakambu face à Yuri Berchiche

Crédit: AFP

Un caractère incandescent qui lui a coûté cher et retardé son éclosion

Yuri traine une réputation de joueur sanguin, conflictuel, peu sociable et introverti. A 27 ans seulement, il a déjà pas mal bourlingué et porté six maillots depuis qu’il a quitté la plage de Zaraust où il appris le football et le club d’Antiguoko, où sont passés des joueurs comme l’ancien Parisien Mikel Arteta, Xabi Alonso, Aritz Aduriz ou encore Javi De Pedro, ailier gauche emblématique de la Real dans les années 1990 qui a eu un temps comme concurrent un autre gaucher… un certain Unai Emery. La bougeotte est peut-être un héritage familial puisque son père algérien et sa mère espagnole se sont rencontrés en Allemagne et mariés à Majorque avant de s’installer au Pays basque il y a plus de trente ans. Éligible avec les Fennecs, il ne semble pas particulièrement intéressé si l’on se tient à ses propos tenus dans Mundo Deportivo en août 2014. Mais avec Lucas Alcaraz, un sélectionneur espagnol, sait-on jamais...
Si le PSG cherche un joueur de caractère, alors Yuri entre parfaitement dans les cases. Yuri a du cran, des "huevos" comme on dit en Espagne et n’a pas peur de faire des choix difficiles. Après un an chez les Cadete de la Real Sociedad, il rejoint l’Athletic Club Bilbao, le rival historique, plutôt que le Barça qui lui fait également les yeux doux. Un natif de Gipuzkoa en Biscaye, c’est une véritable trahison mais il a assumé sa décision lors de son retour à la Real en 2014 : "A ce moment-là, j’ai pensé que c’était le mieux pour moi et je ne regrette pas. Ce furent deux très belles années et je suis parvenu à la sélection (il est international U17 et U18).
Pendant deux saisons, il joue sous les ordres de la légende Julen Guerrero et il est annoncé comme le successeur d’Asier del Horno qui, avant de se crasher à Chelsea et Valencia, était une belle référence à ce poste. Mais l’aventure chez les Leones prend un tournant inattendu lors d’un match à Irún début 2007. Le bouillant Yuri craque complet : "Nous avions supporté une ambiance très pesante tout au long de la rencontre, rappelait-il dans El Correo en 2008. Je suis allé voir l’arbitre pour le menacer. J’ai fondu un fusible et je sais que j’ai commis une erreur".
picture

Yuri Berchiche avec la Real Sociedad - 2017

Crédit: Getty Images

Éduqué à la dure dans les divisions inférieures

Suspendu quatre mois par son club, il fait le même choix que son coéquipier Mikel San José et traverse le Channel. Le Navarrais signe à Liverpool, lui à Tottenham. Il passe une saison à l’Academy des Spurs (35 matches comme latéral gauche et défenseur central) avant d’être prêté à Cheltenham Town (4e division, 7 matches) alors qu’il a le mal du pays. Une déception pour le latéral qui était suivi de près par Joaquín Caparrós, le coach de l’Athletic qui souhaitait le faire revenir. Ancien détecteur de la Real et devenu entre-temps directeur sportif de Valladolid, Roberto Olabe convainc José Luis Mendilibar de le recruter en 2009. Mais plutôt que la Liga (1 match), ce sera finalement l’équipe B pour Yuri et une saison à ferrailler en Tercera (la 4e division espagnole).
2010 marque son retour au Pays basque. Deux saisons au Real Unión Irún en Segunda B (3e division) lui permettent de revenir à la Real Sociedad qui le prête immédiatement à Éibar où il reste deux ans pour participer amplement aux montées en Segunda (30 matches, 4 buts) et en Liga (37 matches, 3 buts) : "Quand il est arrivé à Irún, il était encore jeune mais il était puissant, il couvrait du terrain, était doté d’un très bon pied gauche et d’une grosse frappe, se souvient son ancien coéquipier Eneko Romo, aujourd’hui directeur technique des Txuri-beltz. C’était un joueur avec du potentiel et on le voyait percer en Liga".
picture

Yuri Berchiche avec la Real Sociedad face au Lionel Messi - 2017

Crédit: AFP

Du déclic à Éibar aux rencontres de Ligue des champions ?

Mais davantage que son passage à Irún, c’est l’aventure avec Éibar qui le transforme : "J’ai mûri comme footballeur et comme personne, confessait-il lors de son retour à la Real Sociedad en août 2014. Je suis un joueur différent maintenant. Ce que je veux désormais, c’est faire mon trou dans cette équipe, un rêve que j’ai depuis petit. Tout est entre mes mains". Il a atteint son objectif. Après deux saisons convenables pour ses véritables débuts en Liga (deux fois 21 matches disputés), Yuri a littéralement explosé sous les ordres d’Eusebio Sacristán.
Unai Emery, toujours attentif à l’actualité de son club formateur (il était à Hondarribia, sa ville natale située à quelques kilomètres de San Sebastían, il y a une dizaine de jours), a manifestement apprécié la progression. Cependant, si le latéral devrait être capable de s’adapter à la Ligue 1, il est difficile de pronostiquer quel sera son niveau en Ligue des champions. Entre le côté gauche d’Anoeta et celui du Parc des Princes, il y a un monde. Mais à 27 ans, c’est le bon moment pour Yuri d’entrer dans la lumière.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité