Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Un leader sulfureux, un goleador 007 et… le Snapchat de Delort : le championnat du Mexique est fou

Thomas Goubin

Mis à jour 21/10/2016 à 14:58 GMT+2

La LigaMX, ce n'est pas qu'André-Pierre Gignac. Condensé de l'actualité du Torneo Apertura 2016, du retour aux affaires d'un inspirateur de Guardiola au Snapchat d'Andy Delort, en passant par la mauvaise réputation de son leader, les Xolos Tijuana.

Andy Delort sous le maillot des Tigres

Crédit: AFP

De kidnappé à joueur le plus cher de l'histoire

Alan Pulido a du cran. Dernier avant-centre à avoir enquillé des buts sous le maillot des Tigres avant l'arrivée d'André-Pierre Gignac, ce grand espoir du football mexicain avait décidé de quitter son club formateur à l'été 2014. A 23 ans, il partait en Europe, après une Coupe du monde qu'il avait passé sur le banc. Lui, assurait que son contrat était arrivé à son terme, alors que Tigres soutenait qu'il courrait encore sur deux ans. Le TAS donnera finalement raison au club de Monterrey.
En fin de saison dernière, Alan Pulido a encore défrayé la chronique. Cette fois, il s'est trouvé au cœur d'un fait divers. Le 29 mai, le Mexique apprend ainsi avec inquiétude que le goleador vient d'être enlevé dans l'Etat de Tamaulipas, sa terre natale, frontalière du Texas. Mobilisation générale des services de police. Mais Pulido n'aura pas vraiment besoin de l'aide des autorités, puisque c'est seul qu'il se libérera. C'est en tout cas la version officielle. Comme dans un film hollywoodien, Pulido aurait profité d'un moment d'inattention de l'un de ses ravisseurs pour le maîtriser, s'emparer de son arme, mais aussi de son téléphone afin de donner sa localisation aux autorités.
Au Mexique, le scepticisme escorte cette version. Reste qu'une fois libéré, Alan Pulido n'a pas tardé à refaire parler de lui. Fin août, le footballeur aux aptitudes de James Bond devenait le joueur le plus cher de l'histoire du championnat mexicain. A se fier aux chiffres donnés par la presse locale, les Chivas Guadalajara, entraînés par un Bielsiste, l'ex-international argentin Matías Almeyda auraient déboursé environ 15 millions d'euros pour se payer ses services. Une somme hors du commun pour un joueur qui a peiné à s'imposer à l'Olympiakos la saison dernière, après avoir débuté sa carrière européenne chez un autre club grec, le modeste Levadiakos. Mais au pays, la cote du goleador semble définitivement ne pas avoir souffert de son passage erratique sur le Vieux Continent. La semaine dernière (9 octobre), Pulido a ainsi fait son retour en sélection après deux ans d'absence, lors d'un match amical face à la Nouvelle-Zélande. Mais qui arrêtera Puligol ?

Welcome to Tijuana

La 13e journée de la saison régulière (sur dix-sept) s'est jouée ce week-end. Invaincus pendant onze journées, les Tigres de Gignac ne sont toutefois pas leaders de la LigaMX. La place est actuellement occupée par les Xolos Tijuana, un club entraîné par Miguel Herrera, l'ex-sélectionneur du Mexique qui avait connu son quart d'heure de gloire lors de la Coupe du monde 2014 grâce à ses célébrations volcaniques.
Les Xolos s'appuient notamment sur la réussite de Dayro Moreno, international colombien auteur de neuf buts - quatre de plus que Gignac - et sur les finances de la sulfureuse famille Hank Rhon. Le père, Jorge, ex-maire de Tijuana, a créé le club il y a peu, en 2007, mais avait dû prendre ses distances quelques semaines seulement après la montée de sa créature en LigaMX, en 2011. Lors d'une perquisition, 88 armes et 9000 cartouches avaient été découvertes au domicile de cet homme politique et businessman dont le nom apparaissait dans un rapport de la DEA. Officiellement, c'est donc l'un de ses dix-neuf enfants (!), Jorge Alberto, 32 ans, qui gère le club dont le principal sponsor est Grupo Caliente, empire du jeu de hasard détenu par… Jorge Hank Rhon.
picture

Marcos Caicedo (Leon) - Carlos Nunez (Xolos)

Crédit: AFP

Malgré leur image controversée, les Xolos font toutefois bien les choses sportivement. Le club a ainsi déjà remporté un titre de LigaMX (torneo Apertura 2012) et, malgré la réputation interlope de la ville frontalière, attire aussi nombre de talents américains, certains bi-nationaux (mexicano-américains), au sein de son performant centre de formation. Quoiqu'il en soit, si le représentant de Tijuana termine en tête de la saison régulière, cela ne présagera en rien d'un titre au terme de la Liguilla (play-offs). En LigaMX, un championnat souvent irrationnel, le leader est rarement gagnant à la fin. Il est même fréquent qu'il se fasse éjecter dès les quarts de finale par le huitième de la saison régulière.

Une influence de Guardiola à la tête de l'América

En France, Ricardo La Volpe est un entraîneur méconnu. Nommé, le 22 septembre, à la tête de l'América, le club le plus puissant du pays, cet argentin moustachu de 64 ans est pourtant admiré par Pep Guardiola. En 2006, à l'occasion de la Coupe du monde, l'actuel entraîneur de Manchester City avait même fait l'éloge de celui qui était alors sélectionneur du Mexique (2002-2006). Guardiola était notamment captivé par les phases audacieuses de relance à trois d'El Tri, dont il ne cache pas s'être inspiré. "La Volpe n'oblige pas ses défenseurs à relancer proprement, mais à sortir en jouant, ce qui est autre chose, c'est à dire que le ballon et les joueurs avancent ensemble", avait écrit le Catalan dans les colonnes d'El País.
Guardiola venait alors de terminer sa carrière au Mexique, sous les couleurs des Dorados Sinaloa. Une fois à la tête du Barça, il appliqua à sa manière les principes de la "sortie lavolpienne", en s'appuyant notamment sur Rafa Marquez, pilier de la sélection de l'Argentin."Guardiola parle toujours de moi" ne manque jamais de rappeler celui qui a aussi entraîné Boca Juniors, mais qui a très peu gagné. Aussi bon stratège que mégalo, La Volpe fera t-il de l'América, actuel cinquième de LigaMX, un champion ? Une seule certitude, le puissant club de Mexico, vainqueur, en 2015, de la Ligue des champions de la Concacaf face aux Tigres, disputera au mois de décembre le Mondial des clubs. La Volpe espère y rencontrer le Real Madrid, en demi-finale."On va leur donner du tiki-taka", s'est-il amusé dans une interview à ESPN.

Quand le Mexique s'intéresse aux Snaps d'Andy Delort…

Et quid d'Andy Delort ? Son transfert aux Tigres a animé l'été français, comme le mexicain. Mais depuis son arrivée à Monterrey, pas grand6chose à signaler pour l'ex-Caennais. Pour le moment, son entraîneur le cantonne à des entrées en fin de match. Logique pour un joueur arrivé à court de compétition - son dernier match remontait à la 38e journée de Ligue 1- et qui doit faire face à une concurrence plus relevée qu'à Caen, dans un effectif replet d'internationaux. Chez les Tigres, on compte d'ailleurs avant tout sur Delort pour la fin de championnat et la Liguilla.
Reste que le Français fait déjà parler de lui, notamment sur les réseaux sociaux. Ses publications sur Snapchat, où il peut s'afficher le crâne ceint d'une couronne de fleurs, lui valent ainsi de se faire chambrer, notamment par les supporters des Rayados Monterrey, l'ennemi local. "Au Mexique, cela peut être vu comme gay" lui a même indiqué un journaliste du quotidien mexicain, Cancha. Avant de lui demander explicitement s'il était homosexuel ... Se moquant bien du qu'en-dira-t-on, Delort continue de s'amuser avec les filtres de Snapchat et autres Instagram. Le décalage culturel entre la France et son nouveau pays d'accueil a toutefois conduit l'ex-caennais à devoir préciser la signification de sa larme tatouée sous son œil droit. Au Mexique, chaque larme tatouée équivaut à un homme tué...
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité