Biélorussie - France : Gignac, un concurrent pour Benzema et Giroud ?

Le temps semble révolu où Karim Benzema apparaissait comme l'unique attaquant des Bleus. Son inefficacité en sélection (2117 minutes) pousse aujourd'hui à regarder ailleurs pour trouver des buteurs. Olivier Giroud, régulièrement appelé par Didier Deschamps, semble être l'option numéro un pour le remplacer. Mais ça n'est pas la seule. Certains aimeraient voir un peu plus André-Pierre Gignac. A commencer par José Anigo. "Je ne sais pas si Gignac va titiller Benzema et Giroud, en tout cas, il n'a rien à leur envier", assure ainsi le directeur sportif de l'OM. A l'heure où Deschamps doit trouver un moyen de mettre fin au mutisme des Tricolores, l'hypothèse APG ne semble pas si improbable. "C’est une autre solution, avouait ainsi Jean-Pierre Papin avant même le match à Tbilissi. Ça peut être intéressant." Depuis que Raymond Domenech l'a repéré à Lorient, Gignac a toujours eu ses partisans. Ça n'est pas son ancien entraîneur à Toulouse, Alain Casanova, qui dira le contraire, lui qui disait en 2011 : "Je lui ai souvent répété : 'Tu as le potentiel pour être l’un des meilleurs attaquants d’Europe'. Avec la confiance, je le vois au niveau d’un David Villa ou d’un Fernando Torres". Mais peut-on le comparer à ses deux coéquipiers ?

"Si j'ai pris la décision de le sélectionner, c'est en raison de ce qu'il réalise avec son club, déclarait Deschamps lors de l'annonce de sa liste. C'est un joueur qui a une bonne efficacité et peut avoir un rôle à jouer." Sur ce plan, il est vrai que Gignac n'a rien à envier à Benzema et Giroud. Avec trois buts en quatre matches de Ligue 1, le Martégal est l'homme en forme de l'OM (dont il a inscrit 8 des 16 derniers buts). Olivier Giroud a lui aussi signé un début de saison fracassant en inscrivant trois buts lors des trois premiers matches d'Arsenal.  Auxquels on peut ajouter ses huit buts en sept matches de préparation cet été. De son côté, même s'il est sifflé par Bernabeu, Karim Benzema n'a pourtant pas à rougir de ses débuts en Liga. Avec deux buts et deux passes décisives en trois matches, l'ancien Lyonnais est impliqué dans deux-tiers des buts madrilènes cette saison.

Notre avis : Après un mois de compétition, les trois hommes partent sur un pied d'égalité en club.

Entre le trois attaquants, le problème ne réside pas dans leurs qualités intrinsèques. Mais plutôt dans leurs profils. Et Deschamps a la chance de disposer de trois options différentes. "C'est un joueur qui a un registre différent, analyse-t-il d'ailleurs au sujet du Marseillais. Il aime prendre la profondeur."  Domenech, qui en avait fait un de ses hommes de base entre avril 2009 et juin 2010, a noté son évolution. "Il bouge les défenseurs. Il a fait de gros progrès tactiquement et techniquement, dans la prise de balle dos au but et dans la conservation, a-t-il eu l'occasion d'expliquer dernièrement. Il sait se retourner ou attendre un partenaire pour temporiser. Que faut-il de plus ?" Le seul point commun entre les trois hommes : ils sont habitués à jouer dans un système à une pointe en club. Mais le nul en Géorgie ayant sans doute enterré le 4-4-2, APG part sur ce plan avec autant de chances que les autres. Mais lui-même sait que chacun a un atout à faire valoir : "Giroud est plus un point d'appui. Il est présent dans la surface et il est bon de la tête. Karim c'est la finesse, la technique, il est très complet. Et moi, je bouge partout, je frappe beaucoup… Je joue à l'instinct".

Notre avis : Gignac a plus le profil d'un attaquant de pointe quand un Benzema est un attaquant qui voudra participer au jeu et toucher le ballon (11 passes décisives la saison dernière avec le Real en Liga). Mais Giroud l'est davantage encore...

Outre son mutisme devant le but, on reproche souvent à Karim Benzema son manque de combativité. Or, c'est le gros point fort d'André-Pierre Gignac. "J'ai rarement vu un joueur avec une telle force mentale", témoigne Alain Casanova. Absent depuis trois ans, l'ancien Toulousain n'a rien lâché et a retrouvé les Bleus avec le mors aux dents. Même lors de ses blessures à répétition à Marseille.  "C’est un garçon avec un gros mental, confirme José Anigo. L’an dernier, par rapport à ses blessures, il n’a jamais lâché. Je lui parlais et ça m’a toujours surpris".  Gignac a donc de l'envie à revendre. "Je  suis un acharné, disait-il la semaine dernière à Clairefontaine. J'ai toujours envie de prouver, je me remets en question sans  cesse.Je peux apporter ma générosité". De la générosité, c'est ce qui manque cruellement aux Bleus. Or, pour Raymond Domenech, "à l'heure actuelle, peu de joueurs ont sa générosité."

Notre avis : Un avantage qui peut aussi se retourner contre Gignac qui présente le profil idéal pour faire basculer un match en sortie de banc. C'était son rôle en Géorgie. Sans réussite.

Avec 53 buts avec le Real Madrid sur les deux dernières saisons, on comprend que Karim Benzema soit devenu l'attaquant numéro 1 dans la hiérarchie. Chez les Bleus, son bilan n'est malheureusement pas aussi flatteur. Avec 15 buts en 60 sélections, soit un ratio de 0.25 but par match, il est loin du standard de ses prédécesseurs. Mais il reste, malgré tout, ce qu'il y a de mieux à disposition de Deschamps. Gignac (4 buts en 17 sélections) et Giroud (3 buts en 21 sélections) font moins bien. Seul bémol, mais il est d'importance, le Madrilène a souvent été titulaire quand ses partenaires devaient se contenter d'entrées en cours de match. Le Marseillais, par exemple, a passé seulement 711 minutes sous le maillot bleu. L'équivalent de huit matches. Mais il a à son actif le fait d'être le seul du trio à avoir participé à une phase finale de Coupe du monde en 2010.

Notre avis : Malgré les critiques, l'historique plaide en faveur de Benzema. Mais le poids d'un CV résistera-t-il à un manque d'inefficacité ? Si Deschamps doit prendre un risque, c'est bien celui de voir les Bleus marquer enfin un but.