Didier Deschamps soigne sa communication pour redorer l'image des Bleus

La valeur de l’exemple. Dans un entretien accordé au Parisien mardi, Didier Deschamps se place en première ligne pour redorer l’image de l’équipe de France. Le sélectionneur des Bleus véhicule, à longueur de réponses, un message clair à destination de son groupe et des supporters. Une volonté de respecter les valeurs et les mœurs affirmée depuis le début de son mandat. Il évoque d’abord le cas Yann M’Vila. Impliqué notamment dans la sortie des Espoirs en boîte de nuit en octobre dernier, le milieu international a été cité dans une affaire de prostitution de mineur au mois de février. Des scandales extra-sportifs à répétition qui ne plaisent pas à Deschamps, lassé du comportement de l’ancien Rennais, exilé au Rubin Kazan depuis le dernier mercato hivernal. "Il se fait mal tout seul, explique le Basque. Pourquoi lui en voudrais-je ? Il est responsable de sa vie. C’est du gâchis pour lui." Suspendu de toute sélection nationale par la Commission discipline de la Fédération française jusqu’en juin 2014, avec une période de sursis à partir du 1er mars, M’Vila n’est plus apparu en sélection depuis l’Euro 2012.

Patrice Evra continue lui d’être convoqué à chaque rassemblement et son dérapage avant le dernier match amical contre l’Allemagne n’a rien changé à sa situation. Les tabloids anglais avaient fait leurs choux gras d’une soirée passée par le défenseur de Manchester United dans les bras d’une playmate à la veille du rendez-vous à Clairefontaine. Mais Deschamps refuse de commenter cette histoire. "N’allons pas dans le people. C’est de la sphère privée et j’ai d’autres informations que les vôtres. J’en ai suffisamment pour savoir ce qui s’est vraiment passé. Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de problème, mais entre ce qui est écrit et ce qui s’est passé, il y a pas mal de décalage."

"Je ne suis pas sélectionneur pour l’argent"

Toujours au cours de cet entretien, DD parle sans détours de son rapport à l’argent. Pour lui, il était logique de baisser son salaire pour devenir le numéro 1 des Bleus. "J’ai suffisamment bien gagné ma vie avant, assure-t-il. Je ne suis pas sélectionneur pour l’argent. Je ne fais pas des choix d’argent. C’est une chance." Issu d’un milieu modeste, il déclare être en phase avec la réalité du quotidien des Français. "Il n’y avait pas de place pour le superflu. Mais je fais en sorte que mon enfant connaisse la valeur de l’argent." Très attentif à son image, le Bayonnais confirme également avoir laissé la Ferrari au garage pour rouler désormais en Citröen. "Vis-à-vis du public, c’est indécent, même si je n’ai pas honte de gagner de l’argent que je gagne. Il y a des gens qui ne joignent pas les deux bouts, des SDF, etc. Aujourd’hui, les joueurs gagnent beaucoup mais, en 1998, on n’était pas à plaindre."

Mais Deschamps prend aussi la défense de ses joueurs, souvent pointés du doigt pour leurs salaires mirobolants. L’ancien entraîneur de Marseille estime que tout travail mérite salaire et que les sommes générées par leurs performances sont importantes. "Comment fait-on des compétitions sans joueurs ? Savez-vous combien rapporte une Coupe du monde ? Des centaines de millions d’euros, explique Deschamps. Cela paraît exagéré de dire cela devant Monsieur ou Madame Tout-le-Monde, mais ce qui est redistribué aux joueurs est un faible pourcentage." Quant à l’image arrogante et distante des Bleus par rapport à leur public, l’ancien capitaine de la sélection ne se fait pas d’illusion : "Ils joueront pour eux. Chacun joue d’abord pour sa réussite personnelle, puis pour la réussite de groupe et ensuite pour les gens." Ceux à qui Deschamps aime s’adresser, pour tenter de créer enfin une atmosphère positive autour du groupe France.