Equipe de France de football : les grévistes de Knysna sont toujours là, ce n'est pas un hasard

ParEurosport

Mis à jour 14/10/2013 à 13:32 GMT+2

Des 23 grévistes de Knysna, 16 ont depuis rejoué au moins une fois avec les Bleus, et certains en sont même des éléments indispensables. Contesté par les médias, voire par le public, ce constat ne masque pas une réalité : les sélectionneurs ont cherché des alternatives. Sans les trouver.

France 2011 Ribery Evra

Crédit: AFP

Les Bleus , nous dit-on. Ils devaient être singulièrement rafraîchis dans la foulée de la Coupe du monde 2010, mais le "noyau dur" de nouveaux joueurs cadres recherché alors par Laurent Blanc est resté un "pépin de melon". Trois ans après, tous les grévistes de Knysna qui pouvaient revenir sont revenus. Ils forment encore la moitié de l'équipe-type. Le pouvoir n'a pas véritablement changé de main à la lecture de l'influence de Patrice Evra et Franck Ribéry dans la victoire en Biélorussie (2-4). Trois ans après les faits, seize d'entre eux ont joué au moins une fois sous les ordres des successeurs de Raymond Domenech, qu'il s'agisse de Laurent Blanc ou Didier Deschamps. Nous avons cherché à ne pas nous arrêter à ce constat, qui suscite souvent les passions dans nos espaces de discussion, pour nous poser cette question : qui mériterait d'être là à leur place. Les successeurs de Raymond Domenech ont cherché. Mais ils n'ont finalement apporté qu'une réponse : la réserve n'est pas suffisante à tous les postes en France.

GARDIENS : Ruffier n'a pas effleuré Lloris et Mandanda

Les "Knysnastes" : Hugo LLORIS / Steve MANDANDA / Cédric CARRASSO

Qualif. Coupe du monde 2014

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Ce ne sont pas forcément les joueurs que l'on associe le plus à l'événement de Knysna, mais Hugo Lloris et Steve Mandanda étaient eux-aussi dans le bus ce jour-là. Ils étaient déjà respectivement le numéro 1 et le numéro 2 au poste de gardien, et cette hiérarchie n'a pas évolué depuis. Sans que cela soit vraiment contestable même si le portier marseillais, auteur d'un excellent début de saison, semble de plus en plus proche du niveau de celui de Tottenham. Lloris et Mandanda restent tout cas les meilleures options au poste de gardien trois ans après Knysna. Quant à Cédric Carrasso, qui a connu sa seule sélection en Pologne en 2011 (0-1), il n'est au mieux qu'une option en tant que numéro 3.

Il a été essayé : Stéphane RUFFIER

Le portier stéphanois s'était retrouvé titulaire lors du premier match qui a suivi la Coupe du monde 2010, un amical perdu en Norvège (2-1) où aucun des "Mondialistes" n'avait été convoqué. Cela reste à ce jour la seule sélection de Ruffier en équipe de France. Depuis, Lloris a de façon quasi-systématique gardé le but tricolore, Mandanda se contentant de trois apparitions face à l'Ukraine (1-4), l'Islande (3-2) et l'Uruguay (1-0) et Carrasso de sa seule sélection en Pologne.

Les solutions naturelles "hors-Knysna" : Stéphane RUFFIER / Mickaël LANDREAU

A défaut d'avoir obtenu une nouvelle sélection en Bleu, Ruffier a confirmé match après match, saison après saison, qu'il faisait partie des meilleurs gardiens de l'élite. Encore un cran en dessous de Lloris et Mandanda, il apparaît comme une solution naturelle en cas de défection de l'un deux portiers. Mickaël Landreau, qui était le troisième gardien tricolore de la dernière liste avant de céder sa place à Ruffier sur blessure, est l'autre option qui se dégage.

2013 Ligue 1 Saint-Etienne Ruffier

Crédit: AFP

Il n'a pas été essayé : Benoît COSTIL

Dans une Ligue 1 où le poste s'internationalise de plus en plus, Benoît Costil fait figure de Tricolore le plus régulier. Le portier rennais n'a cependant jamais été considéré comme une solution, probablement aussi parce qu'il manque d'expérience au niveau international au sein d'un club où il n'a eu que trop rarement l'occasion de disputer la Coupe d'Europe (9 matches en 2011/2012).

DÉFENSEURS : Axe rafraîchi, mais pas les côtés

Les "Knysnastes" : Eric ABIDAL / Bacary SAGNA / Gaël CLICHY / Patrice EVRA / Anthony REVEILLERE

C'est le secteur où l'on retrouve le plus de joueurs qui étaient présents à Knysna, , dont le retour en Bleu a été sujet à polémique au-delà de performances rarement à la hauteur de celles qu'il réalise à Manchester United. Les prestations de Bacary Sagna et Gaël Clichy n'ont pas toujours convaincu non plus, mais cela n'a pas empêché les deux hommes d'intégrer le groupe de façon quasi-systématique. Le retour d'Eric Abidal apparaît comme le moins contestable parmi les quatre défenseurs qui étaient à Knysna. Compte tenu du fait que la réserve dans l'axe est plus importante que sur les côtés, c'est aussi le "Knysnaste" le moins indispensable du groupe. Sans club aujourd'hui, Anthony Réveillère n'a plus porté le maillot bleu depuis novembre 2012 et n'est plus une option aujourd'hui.

Ils ont été essayés : Aly CISSOKHO / Rod FANNI / Christophe JALLET / Younès KABOUL / Eliaquim MANGALA / Jérémy MATHIEU / Philippe MEXES / Adil RAMI / Mamadou SAKHO / Benoît TREMOULINAS / Mapou YANGA-MBIWA / Mathieu DEBUCHY / Laurent KOSCIELNY / Raphaël VARANE

Une liste longue comme le bras qui traduit la difficulté pour Laurent Blanc, puis Didier Deschamps, au moment de trouver des solutions fiables sans piocher parmi les joueurs du fiasco de 2010. Tous les postes du secteur sont concernés, les latéraux comme les centraux. La question de la charnière est d'ailleurs l'une des plus récurrentes depuis trois ans quand il s'agit d'évoquer les différents chantiers des Bleus. Mais le constat vaut aussi pour les joueurs de couloirs, où personne ne s'est réellement dégagé. Ce qui a conduit Blanc, puis Deschamps, à continuer à miser sur les "Knysnastes".

Les solutions naturelles "hors-Knysna" : Mathieu DEBUCHY / Laurent KOSCIELNY / Raphaël VARANE

A droite, Mathieu Debuchy s'est imposé comme l'alternative la plus crédible à Bacary Sagna, mais reste un cran en-dessous du latéral d'Arsenal. Dans l'axe, la régularité de Laurent Koscielny et donnent des solutions à Didier Deschamps. Les deux joueurs, quand ils sont opérationnels, sont d'ailleurs systématiquement appelés par le sélectionneur et apparaissent comme des titulaires pour le poste. A gauche en revanche, le constat est simple : on n'a pas trouvé mieux que Patrice Evra et Gaël Clichy pour l'instant. C'est vraiment à ce poste, avec celui de gardien, qu'on ne peut pas se passer des "Knysnastes".

FOOTBALL 2013 France - Varane

Crédit: Panoramic

Ils n'ont pas été essayés : Sébastien CORCHIA / Mickaël CIANI / François CLERC / Lucas DIGNE / Samuel UMTITI / Kurt ZOUMA

Si les essais ont été nombreux, toutes les options n'ont pas été étudiées. Sélectionnés au moins une fois avant le Mondial en Afrique du Sud, François Clerc et Mickaël Ciani n'ont pas été considérés comme des options par les successeurs de Raymond Domenech. Les autres pistes qui n'ont pas été suivies concernent des joueurs plus jeunes, notamment Sébastien Corchia dont un éventuel avenir en Bleu passe vraisemblablement par un départ de Sochaux. Kurt Zouma et Samuel Umtiti sont attendus à moyen terme après avoir formé la charnière du titre mondial chez les moins de 20 ans, tandis que Lucas Digne, lui aussi sacré champion du monde dans la catégorie, est considéré comme l'alternative la plus crédible au poste d'arrière gauche, derrière les "Knysnastes" Evra et Clichy. Mais il doit d'abord être titulaire au PSG avant de pouvoir menacer ses deux concurrents.

MILIEUX : Toulalan manque, Ribéry et Valbuena ont pris racine

Les "Knysnastes" : Franck RIBERY / Mathieu VALBUENA / Yoann GOURCUFF / Abou DIABY / Alou DIARRA / Florent MALOUDA

Franck Ribéry était déjà un cadre des Bleus et un joueur clé de l'équipe tricolore pour la Coupe du monde en Afrique du Sud, tandis que Mathieu Valbuena avait intégré le groupe après avoir réussi de bonnes prestations lors des matches de préparation au Mondial. Le Marseillais n'avait ainsi pas joué un grand rôle sur la grève de Knysna, à l'inverse du Bavarois, mais celui-ci a atteint un niveau tellement impressionnant, au Bayern comme en Bleu, que sa présence dans le groupe est aujourd'hui indispensable. Très régulièrement blessés, Abou Diaby et Yoann Gourcuff ont cependant été appelés chez les Bleus quand ils étaient opérationnels, mais trop rarement pour être considérés comme des cadres . Ils ne sont en aucun cas irremplaçables. Alou Diarra et Florent Malouda, eux, n'ont plus joué avec la France depuis l'Euro 2012. Il est peu probable que cela change.

Ils ont été essayés : Etienne CAPOUE / Geoffrey KONDOGBIA / Maxime GONALONS / Rio MAVUBA / Marvin MARTIN / Clément CHANTOME / Morgan AMALFITANO / Lassana DIARRA / Clément GRENIER / Josuha GUILAVOGUI / Yann M'VILA / Charles N'ZOGBIA / Yohan CABAYE / Samir NASRI / Paul POGBA / Moussa SISSOKO / Blaise MATUIDI.

Un profil retient particulièrement l'attention. Dans cette liste figurent beaucoup de "sentinelles" du milieu de terrain (Capoue, Gonalons, Mavuba, L.Diarra, Guilavogui, M'Vila), un poste qui n'a jamais trouvé un successeur à Jérémy Toulalan. Le Monégasque peut d'ailleurs toujours être considéré comme le meilleur joueur français dans ce rôle à l'heure actuelle, mais il a d'ores et déjà annoncé qu'il ne reviendrait jamais chez les Bleus. Les solutions "hors-Knysna" existent en revanche pour tous les autres postes spécifiques de l'entrejeu, à des degrés divers.

Les solutions naturelles "hors-Knysna" : Yohan CABAYE / Samir NASRI / Paul POGBA / Blaise MATUIDI / Moussa SISSOKO

Si la France se cherche toujours un vrai numéro 6, elle s'est en revanche trouvée des relayeurs crédibles avec Yohan Cabaye, Paul Pogba, Blaise Matuidi ou Moussa Sissoko, quatre joueurs qui n'étaient pas à Knysna. Samir Nasri avait pour sa part été "volontairement" oublié par Raymond Domenech en 2010 pour des questions d'attitude au sein du groupe qui ont éclaté au grand jour à l'Euro 2012. Mais la France ne dispose pas d'un réservoir énorme de techniciens au milieu, ce qui explique en grande partie pourquoi l'ancien Marseillais fait toujours partie du groupe.

Paul Pogba.

Crédit: EFE

Ils n'ont pas été essayés : Franck TABANOU / Julien FERET / Gianelli IMBULA / Rémy CABELLA / Mathieu FLAMINI / Morgan SCHNEIDERLIN / Romain ALESSANDRINI

Appelé pour la dernière fois en 2008, Mathieu Flamini n'a jamais eu une nouvelle chance en dépit des événements de Knysna. La situation pourrait changer pour le Gunner, puisque Didier Deschamps a reconnu qu'il le suivait. Julien Féret, l'un des rares meneurs de jeu français, paie probablement son manque d'expérience internationale en club, à l'image de Benoît Costil. Rémy Cabella et Gianelli Imbula sont régulièrement évoqués chez les Bleus dans un avenir proche à défaut d'avoir déjà eu leur chance. Ce n'est peut-être qu'une question de temps aussi pour Romain Alessandrini, appelé pour le match amical face à l'Allemagne en février (2-1), puis retiré de la sélection suite à une grave blessure dont il est remis depuis peu. Pour Morgan Schneiderlin, presque moins connu en France qu'en Angleterre, le bon début de saison de Southampton pourrait enfin attirer l'œil du sélectionneur. D'autant plus qu'il a ce profil de sentinelle où personne ne se dégage encore.

ATTAQUANTS : Le secteur où le casting à changé

Les "Knysnastes" : André-Pierre GIGNAC / Djibril CISSE

Comme son coéquipier Mathieu Valbuena, André-Pierre Gignac n'avait eu un rôle que très limité dans la grève de Knysna. Si le buteur de l'OM a dû attendre trois ans après le Mondial sud-africain pour disputer un nouveau match sous le maillot tricolore, c'est surtout pour des raisons de méforme et de blessure. Il n'est pas davantage considéré comme une première option en attaque aujourd'hui qu'en 2010 chez les Bleus. Sa présence dans le groupe n'est donc pas indispensable. Celle de Djibril Cissé, qui n'a plus joué un match chez les Bleus depuis 2011, l'est encore moins.

Ils ont été essayés : Hatem BEN ARFA / Karim BENZEMA / Jimmy BRIAND / Djibril CISSE / Kevin GAMEIRO / Olivier GIROUD / Bafétimbi GOMIS / Guillaume HOARAU / Alexandre LACAZETTE / Jérémy MENEZ / Dimitri PAYET / Loïc REMY

Dans cette liste figurent beaucoup d'attaquants testés pour occuper le côté droit de l'attaque tricolore, qui reste aujourd'hui le seul poste du secteur offensif où aucun joueur ne s'est réellement démarqué de la concurrence. A l'exception de Bafétimbi Gomis, aucun des attaquants de pointe "exclusifs" (Gameiro, Hoarau) n'a honoré une sélection depuis 2011, ce qui confirme la mise en place d'une hiérarchie pour le poste d'avant-centre, évolutive selon la forme du moment mais qui concerne désormais des joueurs bien définis.

Les solutions naturelles "hors-Knysna" : Karim BENZEMA / Olivier GIROUD / Dimitri PAYET

Titulaires respectivement au Real Madrid et à Arsenal, Karim Benzema et Olivier Giroud se sont naturellement imposés comme les deux solutions privilégiées pour le poste de numéro 9. Ce qui explique pourquoi Gomis est le seul véritable avant-centre, en dehors de ces deux joueurs, à avoir été titulaire en Bleu depuis 2011. Difficile en revanche de dégager une solution naturelle à droite, même si Dimitri Payet garde un léger avantage sur un Jérémy Ménez en manque de temps de jeu à Paris, et sur un Loïc Rémy qui revient seulement à son meilleur niveau. C'est régulièrement un choix par défaut que doit faire le sélectionneur, ce qui était déjà le cas pour Domenech en 2010 avec Nicolas Anelka.

FOOTBALL 2013 France - Australie (Benzema)

Crédit: Panoramic

Ils n'ont pas été essayés : Emmanuel RIVIERE / Kevin BERIGAUD / Anthony MODESTE / Wissam BEN YEDDER / Yoan GOUFFRAN / Florian THAUVIN

Si un nom doit retenir l'attention ici, c'est probablement celui de Florian Thauvin. Il présente un profil différent de tous les autres joueurs cités par sa capacité d'élimination et c'est celui pour lequel ce fameux poste sur le flanc droit de l'attaque semble le plus naturel. Sacré champion du monde U20, le Marseillais devrait logiquement intégrer le groupe tricolore dans un futur assez proche, même s'il doit d'abord s'imposer comme un titulaire en club. Yoan Gouffran évolue lui aussi dans ce rôle à Newcastle, Emmanuel Rivière peut également le tenir à Monaco, mais ces deux joueurs sont cependant bien plus à l'aise à leur poste de prédilection, dans l'axe.