France - Finlande (20h45) : Pogba - Matuidi - Cabaye, deux fauteuils pour trois

Didier Deschamps semble avoir enfin trouvé sa formule. Depuis quatre matches désormais, le sélectionneur a mis en place un 4-2-3-1 qui a plutôt donné satisfaction, et semble mieux convenir aux joueurs tricolores. Dans ce système, les deux joueurs alignés à la récupération tiennent un rôle primordial, tant sur la stabilité défensive de l'équipe que sur son animation offensive. Deschamps ne manque pas d'options dans ce secteur traditionnellement bien fourni en France, mais Paul Pogba, Blaise Matuidi et Yohan Cabaye apparaissent comme des choix privilégiés par le sélectionneur. Trois joueurs qui offrent des duos et des perspectives différentes à Deschamps, en quête de la meilleure formule à l'approche de ce barrage de novembre qui déterminera si les Bleus seront, ou non, de la Coupe du monde en Brésil l'an prochain.

Paul Pogba, qui a intégré le groupe tricolore en mars dernier, et Blaise Matuidi n'ont été associés qu'une seule fois par Didier Deschamps dans un 4-2-3-1 jusqu'ici. C'était le mois dernier, lors de la victoire en Biélorussie (4-2). Ils avaient également été alignés ensemble à la récupération contre la Géorgie (3-1) en mars, dans un 4-4-2, ainsi que lors de la défaite face à l'Espagne (0-1) quelques jours plus tard, dans un 4-3-3 ou Yohan Cabaye complétait l'entrejeu. Si Matuidi et Pogba n'ont pas été davantage associés depuis que Deschamps a stabilisé son système en 4-2-3-1, c'est parce que les deux joueurs étaient suspendus pour le match en Géorgie (0-0). Ce qui avait conduit le sélectionneur à tester un duo Guilavogui-Kondogbia en Belgique (0-0) au mois d'août en prévision de ce déplacement.

Sur le papier, c'est probablement le duo le plus compétitif pour les Bleus tant les deux joueurs ont atteint une autre dimension au niveau européen en club, l'un avec la Juventus, l'autre avec le PSG. Si Pogba et Matuidi s'inscrivent tous les deux davantage dans un registre de relayeur plutôt que dans celui de la sentinelle, cela n'empêche pas cette paire d'offrir une certaine complémentarité. La qualité du Turinois dans les transmissions, courtes ou longues, et dans les frappes complète bien la faculté du Parisien à combiner dans les petits espaces et à se projeter vers l'avant. Surtout, ce duo offre une dimension physique et une puissance dans l'impact qui ont de quoi faire pâlir d'envie n'importe quel sélectionneur.

Ce duo a marqué des points pour sa première apparition dans le 4-2-3-1 de Didier Deschamps lors de la démonstration des Bleus face à l'Australie (6-0) vendredi dernier au Parc des Princes. Jusque-là, Paul Pogba et Yohan Cabaye n'avaient été associés qu'une seule fois, dans un 4-3-3 avec Blaise Matuidi à leurs côtés face à l'Espagne (0-1) en mars dernier. Le rendez-vous face à l'Australie marquait le retour de Cabaye dans le onze tricolore. Le milieu de Newcastle n'avait plus rejoué avec les Bleus depuis la déroute au Brésil (3-0) pour deux raisons. D'abord parce qu'il était, comme Pogba et Matuidi, suspendu pour le match en Géorgie, et aussi parce que le Magpie était en situation conflictuelle avec son club après un transfert avorté en fin de mercato. Deux événements sans lesquels Deschamps aurait peut-être davantage travaillé autour de cette association.

La paire Pogba-Cabaye n'offre pas les garanties athlétiques du duo Pogba-Matuidi. Le joueur de Newcastle présente des qualités comparables à celles du Turinois dans la transmission, et sa frappe et un atout offensif comme il l'a prouvé en marquant face à l'Australie. Cabaye est davantage un organisateur de l'entrejeu qu'un pur récupérateur et s'exprime mieux avec une sentinelle à ses côtés, comme c'est le cas dans son club où il est associé à l'Ivoirien Cheik Tioté. On a cependant pu mesurer les bienfaits de son association avec Pogba dans un contexte où l'équipe de France a quasiment toujours eu le ballon face à l'Australie. Ce n'est pas un hasard si l'animation offensive tricolore a aussi bien fonctionné avec  ces deux remarquables rampes de lancement. Mais l'entrejeu français trouvera rarement une opposition aussi docile que celle proposée par l'Australie.

Là aussi, ce duo n'a été aligné qu'une seule fois par Didier Deschamps dans un 4-2-3-1 jusqu'ici. Et l'expérience ne s'était pas révélée concluante. Les Bleus s'étaient inclinés devant l'Allemagne (1-2) au Stade de France en février dernier et avaient subi la loi de l'entrejeu allemand, il est vrai l'un des meilleurs au monde, sur l'ensemble de la rencontre. Cabaye et Matuidi avaient été associés à trois autres reprises, à chaque fois dans un 4-3-3. D'abord avec Maxime Gonalons lors du nul en Espagne (1-1), puis avec Paul Pogba au Stade de France face aux mêmes Espagnols (0-1) et face au Brésil (3-0) aux côtés de Josuha Guilavogui. Cabaye et Matuidi n'ont donc jamais connu la moindre victoire quand ils ont été associés en équipe de France (1 nul, 3 défaites).

Si cette paire avait été malmenée lors de sa seule apparition dans un 4-2-3-1 face à l'Allemagne, c'est parce qu'elle avait affiché ses lacunes. Matuidi et Cabaye avaient éprouvé les pires difficultés à se placer l'un par rapport à l'autre et laissé des espaces béants dans leur dos, dont les hommes de Joachim Löw ne s'étaient pas privés de profiter. On avait alors senti que l'un et l'autre étaient plus à l'aise à côté d'un vrai numéro 6, dans un contexte similaire à celui qu'ils connaissent en club (Tiote pour Cabaye, Motta et Verratti pour Matuidi). C'est l'une des raisons pour lesquelles ce duo n'a pas été reconduit. L'autre, c'est Paul Pogba. Jusqu'ici, le Turinois a été systématiquement titularisé par Didier Deschamps quand le sélectionneur l'a eu à sa disposition. Il est son premier choix au milieu.

Si Paul Pogba, Blaise Matuidi et Yohan Cabaye apparaissent comme les trois options privilégiées par Didier Deschamps dans l'entrejeu, le sélectionneur a été amené à tester d'autres joueurs au milieu. Lors de ses six premiers matches à la tête des Bleus, D.D. avait ainsi systématiquement aligné au moins un vrai numéro 6 : Maxime Gonalons, Rio Mavuba et Etienne Capoue. Josuha Guilavogui, capable de tenir ce rôle de sentinelle comme d'évoluer dans un registre de relayeur, avait pour sa part été aligné au Brésil (3-0) et en Belgique (0-0) en prévision du match face à la Géorgie en septembre, où l'ancien Stéphanois avait été associé à Moussa Sissoko à la récupération en raison des suspensions de Pogba, Matuidi et Cabaye. Geoffrey Kondogbia avait quant à lui connu sa seule sélection en Belgique, dans un rôle de relayeur à côté de Guilavogui.

Ces joueurs constituent aujourd'hui, au mieux, des options secondaires pour Didier Deschamps. Appelé de façon quasi-systématique par le sélectionneur, Moussa Sissoko apparait aujourd'hui comme le quatrième choix dans la hiérarchie des Bleus au milieu. Un statut que revendique aussi Etienne Capoue, plus polyvalent et dont la faculté à rester devant la défense donne d'avantage de possibilités à Deschamps. Mavuba et Gonalons n'ont plus vraiment la même cote qu'ils avaient il y a un an, tandis que Guilavogui et Kondogbia pourraient bien payer le choix d'avoir changé de club l'été dernier, pour rejoindre respectivement l'Atlético Madrid et l'AS Monaco. L'un et l'autre ne sont pas encore parvenus à s'imposer comme des titulaires, et peuvent difficilement revendiquer une place chez les Bleus à l'heure actuelle. Et même s'ils réintégraient le groupe de Deschamps, il leur serait difficile de bouleverser la hiérarchie actuelle où Pogba, Matuidi et Cabaye sont bien installés.