France-Géorgie (3-1) : Varane-Pogba, émotions partagées

Quoi qu'il advienne de leur carrière internationale, qu'elle soit d'une richesse infinie ou se termine plus vite qu'on ne l'imagine à cette heure, Raphaël Varane et Paul Pogba n'oublieront jamais cette soirée du 22 mars 2013 et cette victoire face à la Géorgie (3-1). Parce qu'on n'oublie jamais vraiment sa première fois. Surtout si elle est réussie. Pour les deux jeunes internationaux, cette première cape a été honorée avec brio. Alignés ensemble au coup d'envoi par Didier Deschamps, les deux gamins n'ont pas déçu le patron qui est désormais certain d'une chose : Varane (19 ans) et Pogba (20 ans) ont l'étoffe.

Le défenseur du Real Madrid comme le milieu de terrain de la Juventus Turin n'ont pas mis des plombes avant d'entrer dans le match et de rassurer l'ensemble des observateurs. Les deux hommes ont  symboliquement joué leur premier ballon ensemble et, rapidement, montré qu'ils avaient les épaules. Autoritaires, sereins et appliqués, Varane et Pogba n'en ont pas rajouté. Ils n'ont pas tremblé non plus. Enfin, presque... car à l'intérieur, ça bouillait. "C'était vraiment spécial, je ne m'attendais pas à autant d'émotion pour ma première sélection, a reconnu Raphaël Varane, sourire en coin, après quatre-vingt-dix minutes accomplies. C'est un grand moment que je n'oublierai pas. Il restera gravé dans ma mémoire."

Même sentiment pour l'autre néo-Bleu, qui a ressenti le poids des responsabilités, non pas lorsqu'il a pénétré sur la pelouse mais bien avant. "A l'hôtel, j'avais la pression, a reconnu Pogba en zone mixte. Après, je suis arrivé au stade et c'était parti. Il fallait jouer et, comme on dit en anglais, 'enjoy'." L'autre grand moment de la soirée de Pogba aura été cette Marseillaise qu'il a entonnée et vécue intensément : "Ça m'a donné des frissons. A ce moment-là, j'ai repensé à ma première cape en U16." Après ça, l'ancien joueur de Manchester United a plongé la tête la première et joué son jeu. Ni plus, ni moins. Apparemment, tout le monde a aimé. Ses nouveaux coéquipiers ne se sont pas fait prier pour le lui faire savoir : "Les autres joueurs étaient contents pour moi. Ça m'a fait plaisir qu'ils viennent me voir et me disent ça."

Par son aisance technique et son calme, Raphaël Varane aussi a séduit. Et a également été adoubé par les copains. Mamadou Sakho en tête. Son alter ego en défense centrale l'a fait crier haut et fort après le match. Alors que Varane répondait à la presse et expliquait avoir beaucoup communiqué avec Sakho, le Parisien lui a coupé la parole, hilare : "Non, ça s'est très mal passé ! Je plaisante...  Ça  s'est très bien passé, on a parlé avant, pendant et après et j'espère que ça va durer." C'est tout le mal qu'on souhaite à Varane comme à Pogba. Les deux hommes ont prouvé vendredi qu'ils savaient nager sans bouée. Dès mardi, il sera question de commencer une traversée de l'Atlantique censée les mener jusqu'au Brésil en juin 2014.