France-Géorgie : Karim Benzema, la solution devenue question

Vendredi face à la Géorgie et à quelques jours près, Karim Benzema fêtera ses six années de présence en équipe de France. Et peut-être sa 56e sélection. Autant de capes à 25 ans, c'est remarquable. Ses statistiques personnelles avec les Bleus le sont beaucoup moins. L'avant-centre du Real Madrid, devenu incontournable par ses promesses, son talent et la force des choses, n'a marqué que 15 buts depuis sa première apparition face à l'Autriche (2007). Pour un avant-centre, c'est léger. Et sur ces derniers mois, c'est franchement préoccupant.

Les critiques ont beau le "saouler parfois", elles sont inhérentes à son statut. A son poste également. Le football a peut-être évolué, il n'en reste pas moins que l'avant-centre reste le joueur le plus à-même de marquer et celui sur lequel on compte pour remplir cette mission. Que cela plaise ou non… Ces derniers mois, Benzema semble l'avoir suffisamment oublié pour être remis en cause. Mécontent du rendement de son attaquant, José Mourinho l’a mis sur le banc à plusieurs reprises avec le Real Madrid, où l'ancien Lyonnais ne brille guère non plus cette saison (8 buts en Liga). Didier Deschamps, lui, ne s'est pas encore résolu à se passer de Benzema en pointe. Il l'a bien positionné sur un côté, le droit face à la Biélorussie en septembre (3-1) , le gauche contre le Japon en octobre (0-1). Mais le reste du temps, Benzema a conservé les rênes dans l'axe aux dépens d'Olivier Giroud, dont l'impatience était déjà palpable durant l'Euro lorsqu'il traversait les zones mixtes de la Donbass Arena ou du stade olympique de Kiev.  Et que Benzema ne marquait pas.

Le dernier but de Karim Benzema avec les Bleus remonte au 5 juin 2012. L'attaquant avait réussi un doublé face à l'Estonie (4-0) lors du dernier match de préparation à l'Euro 2012. Depuis cette date, le néant. Dix matches joués, zéro but en 839 minutes. Sa plus longue disette en équipe de France. Didier Deschamps ne tire toujours pas la sonnette d'alarme. Parce que c'est Karim Benzema. "J'ai confiance en Karim compte tenu de ses qualités. Il lui manque un déclic. Lui ne doute pas." DD ne semble pas douter non plus. Pas plus que son prédécesseur, qui avait fait de Benzema la pierre angulaire de la reconstruction post-Knysna.  Muet durant l'Euro,  déserteur récidiviste aux abords de la surface de réparation, Benzema avait déjà essuyé les critiques. Et assumé.

Depuis, rien n'a vraiment changé. Pas même la hiérarchie alors que Giroud et même Gomis ont trouvé le chemin des filets avec l’équipe nationale. Le sélectionneur ne semble pas prêt à donner les clés à un autre. Pour des raisons qui tiennent essentiellement au talent de Benzema qui, dans son esprit, va forcément retrouver le chemin des filets. Quant à associer Giroud et Benzema en pointe, DD l’a déjà fait face à l’Uruguay. Il pourrait bien remettre ça face à  la Géorgie. "C'est une option qui implique des aménagements pour avoir une équipe équilibrée. Ils ont des caractéristiques différentes qui peuvent être associées. Je n'ai pas d'inquiétudes sur leur complémentarité", a-t-il laissé entendre jeudi. Mais, à l'image de Blanc, Deschamps ne voit dans cette solution qu'une affaire d'opportunité et de besoin à un moment précis. Pas une possibilité sur le long terme.

Si Karim Benzema a tout l'air d'être inamovible, il ne pourra pas l'être indéfiniment. Tête d'affiche des Bleus post-2010, le joueur présente des statistiques qui ne correspondent pas aux standards du très haut niveau. Depuis 2010 et l'arrivée de Blanc, qui a coïncidé avec sa prise réelle de pouvoir en attaque, Benzema a joué 28 matches avec l'équipe de France. Il a été titularisé à 26 reprises et a inscrit 7 buts. Sous les ordres de Raymond Domenech, il avait marqué 8 fois en 27 sélections et en étant remplaçant à 13 reprises. On peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut, certains sont suffisamment parlants pour ne pas nécessiter le moindre commentaire.