Karim Benzema et sa disette avec les Bleus : "Ça ne va pas durer dix ans"

Depuis le début de la semaine, son nom est sur toutes les lèvres. Lui, c'est Karim Benzema. S'il focalise l'attention, c'est en raison de cette statistique qui ne cesse de gonfler. Désormais 1217 minutes sans marquer avec les Bleus pour le joueur aux 60 sélections (15 buts). La dernière fois, c'était le 5 juin 2012. Au milieu de cette tempête, même si sa situation s'est aussi détériorée au Real Madrid où il a été pris en grippe par les socios, l'attaquant a affiché un calme olympien mercredi à Clairefontaine. D'abord tendu, il s'est peu à peu libéré.

Son message, il l'a résumé en une phrase devant la presse. "C'est une période difficile. La plus longue de ma jeune carrière. Mais je travaille. Et de toute façon, ça ne va pas durer dix ans. Ce sera bientôt terminé, assure-t-il. C'est un manque de réussite. Je me procure pas mal d'occasions. A moi de les transformer en buts." Interrogé sur la recherche de "solutions" à son inefficacité, il a répondu : "Je ne vais pas commencer à faire des mathématiques". Message reçu : Benzema aimerait mieux faire, mais il refuse de paniquer.

Face à la Biélorussie (2-4), le 10 septembre, Didier Deschamps, qui l'avait toujours défendu bec et ongles, avait pourtant cassé son statut d'intouchable en titularisant à sa place Olivier Giroud (22 sélections, 3 buts). Si le Gunner n'avait pas été plus efficace, le patron des Bleus n'avait pas tari d'éloges à son sujet. Depuis, la concurrence entre les deux hommes est devenue "évolutive", dixit le sélectionneur. Sa mise sur le banc, Benzema la vit très bien. Presque trop bien même : "Je ne suis pas malheureux. Parfois, tu te retrouves sur le banc. Mais on a gagné. C'est bien pour l'équipe. A la fin, j'étais content pour tout le monde". L'ancien Lyonnais, s'il a "envie d'être meilleur", se réfugie derrière le bien collectif : "Je ne revendique rien du tout. On est un groupe. Il n'y a pas de numéro 2 ou 3. Giroud est un bon attaquant. Il fait ses matches. C'est bien pour lui, son club et l'équipe de France. Mais ce n'est pas Giroud contre Benzema. Moi, je le vois comme ça".

Après un tel mutisme devant le but, Benzema était forcément attendu sur ses explications. Sans doute s'y attendait-il. Et sans doute avait-il préparé sa ligne de défense. Il l'avoue : "ça (l')embête de ne pas marquer et de ne pas aider l'équipe de France à marquer plus de buts". Mais l'attaquant regrette qu'on se focalise sur ce compteur bloqué à zéro pour jauger ses performances. Est-il un vrai numéro 9 ? Le débat a pris feu après le match en Géorgie (0-0). "Il y a plusieurs sortes de numéro 9, rétorque-t-il. Certains restent dans surface, ils ne sont là que pour marquer. D'autres font participer les autres joueurs et prennent les espaces. Moi, je sais faire les deux. On veut me juger sur le nombre de buts parce que j'ai le numéro 9 dans le dos. Mais je ne suis pas là que pour marquer des buts. L'essentiel, c'est qu'on gagne."

Une défense qui tiendrait si on ne lui reprochait pas dans le même temps son manque d'implication. Même à Madrid, Carlo Ancelotti a eu l'occasion de pointer du doigt son manque de travail. "Ancelotti n'a pas dit ça exactement. Il a dit que Di Maria et moi, nous n'avons pas le même travail défensif", rectifie Benzema. Il estime n'avoir rien à se reprocher quant à son "attitude", un mot sur lequel il a demandé des éclaircissements. Pas plus devant le but que sur son repli défensif. "Un attaquant doit marquer des buts, pas faire le travail du défenseur ou du numéro 6, argumente-t-il. L'attaquant doit être le premier replacement défensif sur le terrain. Mais je ne vais pas courir jusqu'à la cage d'Hugo Lloris par exemple. Le premier replacement, ça dure peut-être dix secondes pour que ça soulage l'équipe. S'il y a un problème d'attitude, c'est veut dire qu'un joueur ne veut pas jouer au foot. Moi j'ai envie de jouer au foot !"

Si on le sent malgré tout concerné - il parle souvent de son manque d'efficacité avec Zidane à Madrid - et qu'on peut comprendre qu'il affiche toujours une confiance inébranlable en lui, reste ce sentiment étrange que Benzema ne saisit pas forcément ce que tout le monde lui reproche. Son supposé manque d'engagement sur le terrain, sa trop grande facilité, il les balaye d'un revers de la main : "Il y a un papier qui est sorti où on disait que je faisais 10 kilomètres par match. On ne peut pas dire que je ne cours pas. Je cours et je bouge pas mal sur le terrain. Si c'est un reproche, oui c'est injuste". Selon Le Parisien, il pourrait être titulaire vendredi contre l'Australie, ce qui serait le signe d'une concurrence qui a basculé en faveur de Giroud, promis au match face à la Finlande. Benzema en rit, il n'a pas prévu de célébration particulière s'il retrouvait enfin le chemin des filets sous le maillot tricolore. Une chose est sûre, on parlera encore beaucoup de lui dans les jours qui suivront la rencontre. Pour changer.