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Portugal : le sélectionneur Bento joue sa qualification pour la Coupe du monde 2014

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/10/2013 à 20:48 GMT+2

Paulo Bento qui joue sa qualif pour le Mondial 2014 cette semaine contre Israël et le Luxembourg, célèbre ses trois ans à la tête de Seleção. Bilan d’un bâtisseur, une nouvelle fois au pied du mur.

C’était le 8 octobre 2010. Il y a trois ans, presque jour pour jour. Le Portugal (déjà) bien mal engagé pour l’Euro 2012 recevait le Danemark.  Paulo Bento effectuait ses débuts dans un Dragon en feu. Un baptême heureux qui s’avèrerait heureux (3-1). Quelques jours auparavant, la FPF annonçait sa nomination “à l’unanimité”. Le successeur de Queiroz dont l’expérience en tant que coach se limitait aux juniors (2004-2005) puis aux “grands” du Sporting (2005-2009) n’était pourtant pas le premier choix. Les Portugais désiraient Mourinho. Même pour deux, trois coups. Vite fait, bien fait. Mais le Real n’a pas voulu partager. Le puissant Jorge Mendes s’est alors attelé à trouver une alternative. Bento qui venait de rejoindre son écurie serait l’élu.
Le Mou cautionne alors et envoie une lettre ouverte au syndicat des entraineurs portugais (ANTF) : “Paulo Bento doit être vu par tous comme nôtre entraîneur et comme le meilleur !” Le succès face aux Danois sera suivi d’un autre face à l’Islande (3-1) et d’un 4-0 historique collé aux Espagnols, en amical. Mais l’ex-milieu de terrain va encore transpirer. La Seleção n’ira en Ukraine et en Pologne qu’après l’épreuve des barrages. Les Bosniens tiennent tête (0-0) avant de craquer à la Luz (6-2). Mister Bento se voit proposer une rallonge jusqu’en juin 2014. A l’Euro, les Portugais survivent au “Groupe de la mort” (Allemagne, Pays-Bas, Danemark) et craquent en demies, aux tirs-aux-buts face aux “Hermanos” espagnols (0-0, 2-4 aux t.a.b.), futurs vainqueurs. Mais le Portugal n’a pas tout perdu. Pas encore.

Bento le gagneur

Dans deux matches et moins d’une semaine, les Portugais connaitront leur destin. A un point de la Russie, dans le groupe F, Bento reçoit Israël (le 11 octobre à Alavade) et le Luxembourg (le 15 à Coimbra). “Je crois encore qu’on peut terminer premiers”, assure son capitão  Cristiano Ronaldo. Pour cela et pour éviter de nouveaux barrages, il faudra espérer un faux pas des Russes au Luxembourg et/ou en Azerbaïdjan. S’il qualifie son pays, Bento sera le troisième “seleccionador” à qualifier le Portugal à deux phases finales, après Antonio Oliveira (Euro 96 et Mondial 2002) et Scolari (Mondial 2006 et Euro 2008). Seul Felipão a dirigé plus de rencontres (73) que lui. Israël sera le 36e match de Bento. En tant que joueur, il s’était arrêté à 35 capes, reste à savoir si, en tant que sélectionneur, il ira largement au-delà... Son bilan est positif : 19 victoires, 9 nuls et 7 défaites. Avec un taux de succès global de 54,3%, il est loin des 75% d’Otto Gloria (1964-1966) mais sur les rencontres officielles (non amicales) son pourcentage monte à 66,66% (14 victoires, 4 nuls et 3 défaites en 21 matches). Et se sont bien matches-là qui comptent.

Bento le guérisseur

En nommant Paulo Bento, le patron de la fédé, Gilberto Madaíl, voulait trancher avec l’époque Queiroz. L’ex-adjoint de Sir Alex Ferguson a été limogé pour “ juste cause “. Il a fait appel. Une affaire qui a duré de long mois. Les rapports entre Queiroz et la fédé se sont lentement dégradés et certains joueurs se sont lassés. Simão, Tiago et Deco ont préféré raccrocher.
A son arrivée, Bento fait renaître une Seleção sous tension, en pleine reconstruction. Il va rappeler Hélder Postiga. L’ancien éphémère buteur de Saint-Etienne  avait été complètement bâché par Queiroz. Sous Bento, il va ressusciter. Il a planté 15 buts depuis octobre 2010 (sur 26 au total). Avec une moyenne de 0,41 but par sélection, il talonne… Cristiano Ronaldo (0,41 but par sélection). HP sera suspendu contre Israël et ça ne fait plus rire grand monde.
CR7 demeure le plus fort symbole du savoir-faire de Bento. Il a filé les clés jeu et du vestiaire à la ‘Guesh-star’. Avec 20 buts inscrits, il est le meilleur réalisateur de Paulo, dont l’équipe tourne avec une moyenne de 1,94 but par match (68 buts). On est loin de la disette “queirozienne” au cours de laquelle Cristiano n’avait célébré que deux buts… Il y a un mois, le triplé de l’attaquant du Real en Irlande du Nord le propulsait, avec 43 pions, deuxième meilleur réalisateur de l’histoire de la Seleção. Derrière Pauleta (47 buts) et devant la légende Eusébio (41) qui avait célébré son dernier avec le Portugal à… Belfast. Ce dernier s’émeut : “Je suis triste. Il n’y pas de comparaison  possible. Aujourd’hui c’est plus facile.” En bon capitaine, CR7 répond : “Pas la peine d’être triste. Les records sont faits pour être battus. Eusébio sera toujours Eusébio et Cristiano restera Cristiano.”
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Eusebio and Cristiano Ronaldo (Reuters)

Crédit: Eurosport

Bento le bâtisseur

Depuis qu’il est en poste, le technicien de 44 ans a lancé 17 joueurs en équipe nationale. Le dernier en date étant Licá. L’ailier du FC Porto est entré en jeu le 11 septembre dernier face au Brésil (1-3). Avant lui, l’ancien joueur de l’Estrela Amadora, Guimarães, du Benfica, d’Oviedo et des Lions avait baptisé João Pereira, Paulo Machado, Rui Patrício, Rúben Micael, André Santos, Nélson Oliveira, Miguel Lopes, Cústodio, Éder, Hélder Barbosa, Pizzi, Vieirinha, Luís Neto, Sereno et André Martins. Le jeune gardien lyonnais Anthony Lopes, Cédric Soares, André Almeida et Josué qui viennent d’être appelés attendent leur chance, comme Adrien, Bruno Gama, André Gomes ou André Castro avant eux.
En son temps (2003-2008), Felipão avait testé trente nouveaux joueurs. Le Brésilien avait initié la transition entre la “ Génération Dorée ” (championne du monde junior 1989 et 1991) et la “Génération du Courage” (finaliste du mondial U20 2011, emmenée par Nélson Oliveira). Scolari a fait éclore un certain Cristiano Ronaldo, Ricardo Carvalho, Nani, Bruno Alves, Raúl Meireles, Hélder Postiga, Miguel, Migue Veloso ou Maniche. Pas sûr que Bento puisse jouir du même vivier. Mis à part le Sporting, son ex, qui se recentre sur la formation, les grands clubs portugais ne misent que (trop) peu sur les jeunes joueurs nationaux. Et ça commence à se sentir… Le Génération du Courage porte bien son nom…

Bento le trancheur

Si pas mal de supporters des Bleus reprochent à leurs sélectionneurs successifs de manquer d’audace et d’initiatives, Bento, lui, tranche. Histoire de marquer clairement la différence avec son prédécesseur, il a annoncé : “Avec moi, il n’y aura pas de demandes naturalisations.” L’appel de Liedson à la Coupe du monde 2010 avait fait débat. Le buteur du Sporting, qui avait manifesté quelques mois avec le mondial sud-africain l’envie de jouer pour son Brésil natal, s’est tourné, à 32 ans, vers l’autre Seleção, joyeusement incité par Queiroz qui délaissait Makukula, alors meilleur buteur de Turquie. Paulo préfère parier sur l’oublié Postiga et sur le jeune Nélson Oliveira. Lorsqu’il était prêté par le Benfica à Paços, Bento disait de l’actuel Rennais : “Il est le futur de la Seleção.” Il le lancera en A malgré son faible temps de jeu au SLB.
On reprochera au sélectionneur de chouchouter un élément de l’écurie Mendes. L’agent de Varela sera de ceux-là. Bento ne fuit pas et convoque l’attaquant de Porto. Comme lorsqu’il était joueur, Paulo Bento n’est pas du genre à se démonter. Il ne fuit pas les clashs de Pinto da Costa, lorsque celui-ci s’étonne de voir jouer son Moutinho diminué 90 minutes face à Israël, en mars dernier (3-3). Septembre 2011, Carvalho et Bosingwa sont écartés. Vexé d’apprendre qu’il va être absent contre Chypre, le premier quitte le stage. “On m’a manqué de respect”, explique le Néo-Monégasque. Le joueur risque une suspension de plusieurs mois mais son sélectionneur lâche : “Je ne vais demander aucune poursuite. Qu’il suive son chemin et moi le mien.” Quelques semaines plus tard, c’est le latéral droit qui n’apprécie pas de savoir qu’il va cirer le banc contre l’Argentine. “Tu n’entraînes plus les juniors du Sporting”, lui aurait lancé le alors joueur de Chelsea qui, quelques minutes plus tard, quitte l’entraînement prétextant une blessure. “Un joueur ne peut pas simuler une blessure”, accuse le Mister qui poursuit : “Chacun doit assumer ses erreurs.” Rater la Coupe du Monde au Brésil serait la plus grosse pour le Portugal…
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Bento en conférence de presse

Crédit: AFP

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