Qualifs CDM 2014 - Avant Suède-Allemagne : L’axe du problème

Il est loin le temps où la presse se posait la question du vrai niveau du joueur du club bavarois. Fini le demi-échec de son passage à Manchester City, où il était le plus souvent décalé au poste de latéral droit et assez rarement sur le terrain. Elu meilleur défenseur central de Bundesliga en 2012/2013, Boateng a passé un énorme cap, aidé par le triplé historique du FC Bayern bien entendu, et, comme il l’affirme, "je ne me laisse plus faire".

Monstre de puissance, un pur stoppeur donc, il semble s’être définitivement imposé en devenant plus méchant dans les duels, forçant ainsi son caractère. Le temps où il dépannait à droite (et même en tant qu’arrière gauche à la Coupe du monde 2010) est bel et bien révolu. Depuis quelques matches, le Bundestrainer le préfère à Mats Hummels et cela fonctionne à merveille. Le grand gagnant de la sélection pour quelqu’un qui était promis tout au plus au banc grâce à sa polyvalence.

Chouchou des médias avec sa belle petite bouille et son sourire "ultra-bright", Mats Hummels vit une période compliquée. Considéré comme l’un des meilleurs axiaux du monde, au style très entreprenant, n’hésitant pas à apporter le surnombre au milieu comme en attaque, au point d’éveiller la curiosité d’un club comme le FC Barcelone, il a les défauts de ses qualités. Moins défenseur dans l’âme que ses concurrents mais avec une relance au-dessus de la moyenne, son manque de forme se voit immédiatement sur le terrain. Egalement parce que ses coéquipiers doivent compenser ses montées et répondre collectivement au style individualiste du joueur du BVB.

Un libéro à l’ancienne en fait, lequel ne peut s’épanouir que dans une équipe bien huilée. "On n’aime pas trop les critiques en équipe nationale", se permet-il pour justifier la perte de sa place de titulaire. Une sortie médiatique qui vaut une rencontre au sommet à Dortmund entre le Bundestrainer, Joachim Löw, et le coach des Borussen, Jürgen Klopp, pour comprendre la situation actuelle (le cas du gardien Weidenfeller était aussi à l’ordre du jour) d’un Hummels la tête dans le sac et expulsé lors de la dernière journée de Bundesliga au Borussia-Park de Mönchengladbach.

Mine de rien, l’ancien joueur du Werder Brême et d’Hanovre 96 est en train de réussir sa reconversion en Premier League. Ou, tout du moins, de redonner un sacré coup de fouet à sa carrière au point de bientôt prolonger avec le club londonien. Titulaire chez les Gunners, capitaine parfois, "die Giraffe" et son double-mètre est revenu en grâce aux yeux du sélectionneur. Lui, qui avait perdu sa place lors de l’Euro 2012 au profit du duo Hummels-Badstuber, semble pourtant indéboulonnable et garant d’une continuité dans la réussite. Si la vieille garde (Metzelder, Friedrich) n’est plus là depuis belle lurette, Mertesacker représente l’histoire de la Nationalmannschaft depuis près d’une décennie.

Pas étonnant, dans ces conditions, qu’il tutoie bientôt le club très restreint des cent sélections. Un sacré record. On lui reprochera toujours sa lenteur liée à sa morphologie, ses difficultés à se retourner lorsqu’il se retrouve pris de vitesse ou dès que le ballon lui passe dans le dos. Mais étant donné sa carrière, les critiques sont-elles vraiment fondées ? En tout cas, depuis la reprise de la saison 2013/2014, il a retrouvé sa place de titulaire avec Boateng et n’a pas encaissé de but lors des rencontres de qualification.

Qui se souvient du défenseur munichois ? Le 12 décembre 2012, alors que Dante, transfuge du Borussia Mönchengladbach, Boateng et donc Badstuber se livrent à une rude concurrence pour être titulaires dans l’axe, le natif de Memmingen est victime d’une rupture des ligaments croisés du genou droit lors du choc au sommet, en Bundesliga, contre le Borussia Dortmund (1-1). Les brancardiers l’évacuent sur une civière. Il s’ensuit une descente aux enfers avec des rechutes à la pelle et des nouvelles opérations.

En pleine progression à un poste charnière qui demande beaucoup d’expérience, Badstuber est malheureusement toujours out et pour de longs mois encore. Dommage pour le gaucher, le seul de la sélection allemande, titulaire lors du dernier Euro à côté de Mats Hummels. Et même s’il arrive à se rétablir pour la prochaine Coupe du monde, il n’est pas sûr que Löw le sélectionne. Son temps de jeu risquant d’être famélique donc rédhibitoire.

Le capitaine des Knappen de Gelsenkirchen sera très certainement du voyage au Brésil et suite notamment à la blessure de Badstuber, ses chances d’y participer ont fortement augmenté. Mais à l’image de son club, il manque de stabilité. Formé pour le poste de défenseur central, il peut aussi être décalé sur le flanc droit et fut même essayé au Stade de France à gauche. Ce qui fut, au passage, loin d’être une réussite. Déjà présent à l’Euro 2012 et comme Joachim Löw ne prévoit pas, pour le moment, de véritable alternative à Philipp Lahm, il est le candidat naturel au départ.

Il aurait dû faire partie du groupe lors de la Coupe du monde en Afrique du sud si une vilaine blessure ne l’avait pas contraint à renoncer. Remplaçant idéal, capable de jouer dans l’axe, sur les côtés et même au poste de milieu défensif, il est aussi excellent de la tête comme en témoigne ses nombreux buts sur coups de pied arrêtés. Autre avantage, il ne fait jamais de vague et est déjà bien content d’être là.

Retenez bien ce nom car c’est LE futur défenseur de la Nationalmannschaft. Toujours à Fribourg, malgré des sollicitations de plus en plus nombreuses, il continue son apprentissage du haut niveau et participe, cette saison, à la Ligue Europa avec son club mais aussi à la lutte pour le maintien. Titulaire indiscutable lors du dernier Euro espoirs en Israël, il a tout pour devenir un axial de classe mondiale : propre sur l’adversaire, une excellente relance, un bon placement. Détenteur de la médaille d’or Fritz Walter, laquelle récompense les plus grands talents, en 2012 chez les U18 et en 2013 chez les U19.

Transféré du FC Nuremberg au Werkself lors de l’intersaison 2012/2013, ce pur stoppeur, excellent de la tête, a réussi son acclimatation au point d’être appelé pour la tournée américaine de l’été dernier, où il a d’ailleurs fêté ses deux premières sélections. Seul petit problème, il n’est plus le choix numéro un en club où son coach, Sami Hyypiä, lui préfère le duo Spahic-Toprak.

Lors du dernier Euro en Pologne et en Ukraine, la charnière centrale de la sélection germanique reposait sur le duo Hummels-Badstuber. En 2010, en Afrique du Sud, c’était Mertesacker-Friedrich et deux ans auparavant encore le duo était composé de Metzelder et de Mertesacker. Comme si l’Allemagne n’arrivait pas à se choisir une véritable ligne directrice. A quelques mois de l’aventure brésilienne, les choix ne sont toujours pas définitivement arrêtés.