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Ukraine - France, Barrages Coupe du monde 2014 : La peur, le vrai danger qui guette les Bleus

Maxime Dupuis

Publié 14/11/2013 à 09:28 GMT+1

Il y a quatre ans, les Bleus, submergés par l’enjeu, avaient failli passer à la trappe face à l’Irlande. Contre l’Ukraine, ils devront maîtriser leurs émotions. Pas si simple.

France 2013 Valbuena

Crédit: Panoramic

Ces derniers jours, Didier Deschamps n’a pas vraiment abordé le sujet. Ou de manière très lapidaire. Non, ce n’est pas de Patrice Evra dont il s’agit. Mais de 2009, dernière et jusqu’ici seule expérience des Bleus en barrage de la Coupe du monde. Interrogé jeudi dernier lors de la divulgation de sa liste et en début de semaine dans les colonnes de L’Equipe, le sélectionneur national ne s’est pas appesanti sur la douloureuse expérience de la bande à Domenech. Logique, me direz-vous. Quatre ans ont passé, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et, honnêtement, c’est une nouvelle histoire, sans coup de main malvenu, que l’équipe de France a envie d’écrire. Sa propre histoire. Point barre.
Il n’empêche qu’il n’est jamais inutile de retenir les leçons du passé. Parce que personne n’est à l’abri de se liquéfier devant l’enjeu, ce qui était arrivé aux Bleus d’alors, sauvés par "vous savez quoi" et un très grand Hugo Lloris. Cinq jours après avoir gagné en Irlande (0-1), les Tricolores s’étaient complètement écroulés au Stade de France et étaient passés par un trou de souris (1-1). Avec le recul, DD juge que les Bleus avaient globalement manqué de "contrôle", aussi bien tactique que technique, et ne sait pas "s’ils avaient le trouillomètre à zéro". On a bien envie de lui dire que si. En privé, Raymond Domenech avait d'ailleurs vite reconnu que ses joueurs s’étaient "ch… dessus". Le 18 novembre 2009 au Stade de France, si la main de Thierry Henry a occulté tout le reste en devenant la passe décisive illicite la plus célèbre de l’histoire du football français, l’équipe de France en est arrivée-là parce qu’elle n’a pas été maîtresse de ses émotions. Elle a eu peur de l’Irlande, du contexte et s’est retrouvée tétanisée par l’enjeu. Purement et simplement.
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France 2013 Giroud

Crédit: Panoramic

Hugo Lloris, Bakary Sagna et Patrice Evra, qui étaient tous les trois sur le terrain au coup d’envoi (ndlr : Steve Mandanda, Loïc Rémy, Moussa Sissoko et Karim Benzema étaient sur le banc) et pourraient l’être encore vendredi à Kiev et mardi prochain au Stade de France, savent que personne n’est à l’abri d’une telle faillite avant de l’avoir vécue. Reste à en connaitre sinon les raisons, au moins ses conséquences. Ne pas en avoir honte. Et trouver la manière de la contrôler. "Ressentir de la peur est tout à fait naturel. C'est inhérent au fonctionnement humain et ce n'est pas une marque de faiblesse. La faiblesse, c’est de ne pas vouloir affronter ses propres peurs, nous confie Thomas Sammut, préparateur mental du Cercle des Nageurs de Marseille. Avoir peur signifie qu’on est prêt à aller au combat. C’est l’inverse qui est inquiétant. Avec mes sportifs, on préfère l’identifier et l’apprivoiser pour en faire un allié", ajoute celui qui s’occupe notamment de Camille Lacourt, Fabien Gilot ou Florent Manaudou.
Il y a des avantages à avoir peur
Si les Bleus veulent faire en sorte que la tête fonctionne parfaitement et soit le moteur de leurs jambes, il n’y a qu’une chose à faire : ne pas occulter le sujet. On a le droit de ressentir du stress. L’important est d’en parler. Avec qui ? En équipe de France, il y a du monde pour s’occuper des jambes. Mais personne pour les têtes. En 2010, Laurent Blanc avait mis le sujet sur le tapis et cherché un préparateur mental. Il en avait même fait venir un à Clairefontaine. Un "profiler". Mais l’initiative avait fait long feu. Dommage. "Il faut parler librement, c’est un poids que l’on s’enlève. Il y a des avantages à avoir peur. Il faut juste la calibrer", insiste Thomas Sammut. A défaut, le risque de se laisser submerger est grand. Et quand la spirale négative prend le dessus, difficile d’inverser la tendance. "Une fois qu’un tournoi ou un match commence mal, il est difficile de réagir, assure-t-il. Après, si ça va tellement mal, on peut se désinhiber…" Pas certain que le risque mérite d’être pris. Dans désinhibition, il y a inhibition...
Aborder un rendez-vous aussi capital requiert certains ajustements. "Il faut arriver à dédramatiser la situation tout en gardant de la pression, c’est un équilibre", a confié Raymond Domenech sur l'antenne d'Europe 1. Tout autant que l’ancien sélectionneur des Bleus, Thomas Sammut relativiserait et dédramatiserait l’événement et l’enjeu de la double confrontation face à l'Ukraine mais, s'il devait parler aux vingt-quatre Bleus lancés à l'abordage des barrages, il jouerait sur la corde sensible et le passé récent de l’équipe de France. "L’image des Bleus n’a jamais été aussi mauvaise. Le désamour dure. Si je les voyais, je leur dirais : ‘De quoi avez-vous peur ? On n’attend rien de vous. Vous n’avez rien à perdre’". Et tellement à gagner.
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