Lewis Hamilton (Mercedes), 3e au Grand Prix de Chine : "Nous y sommes presque"

Lewis Hamilton avait décliné en Australie après un relais d'ouverture prometteur en "super tendre". En difficulté en "medium", il avait dû rajouter un troisième arrêt à son plan de course pour tenir la distance. Son bilan stratégique avait été plus encourageant en Malaisie, mais l'affaire de la consigne avait gâché son plaisir sur le podium. En pole position pour la première fois avec Mercedes, le Britannique a connu quelques soucis chinois dimanche, mais la découpe était la bonne : un départ en "tendre", un premier arrêt au 6e des 56 tours, un deuxième au 22e et un troisième au 38e, toujours pour des "medium".

En tête lors des quatre premiers tours, il s'est fait déborder par Fernando Alonso (Ferrari), au 7e tour, puis par Kimi Räikkönen (Lotus), en faisant deux tours de trop par rapport au Finlandais avant sa dernière halte. Mais il n'était pas au bout de ses peines : pour mériter les honneurs du protocole, il a dû, avec ses "medium" à la corde, contenir le retour fulgurant de Sebastian Vettel (Red Bull), boostée par ses "tendre" neufs, dans les cinq derniers tours.

"Ce fut une belle course pour moi et, bien que j'aurais adoré gagner, je suis vraiment content de cette troisième place et d'être sur le podium pour la deuxième fois de suite", a déclaré le champion du monde 2008. "Fernando [Alonso] et Kimi [Räikkönen] étaient simplement un peu trop rapides pour nous, mes pneus étaient morts à la fin et j'ai essayé de rester devant Sebastian [Vettel]. J'ai vu sa voiture grossir dans mes rétroviseurs et ce fut agréable de pouvoir le contenir pour la troisième place." Dans le trafic et le stress du dernier tour, son ingénieur Peter Bonnington a pris la direction de course à témoin en criant dans sa radio : "Drapeau bleu ! Drapeau bleu !" Il s'agissait d'empêcher toute interférence d'une Caterham.

Avant de regarder derrière lui, il avait regardé un peu devant. Sans grande conviction. "J'ai semblé pouvoir mettre un peu de pression sur Kimi mais pas assez pour me rapprocher et le dépasser", a-t-il reconnu, estimant avoir été "un peu malchanceux dans le trafic."

Un peu à l'image d'un Fernando Alonso l'an dernier, il a félicité son équipe pour l'exploitation satisfaisant de sa W04, dont il connait les limites. "Les gars ont fait un boulot sensationnel ce week-end pour nous amener là nous nous sommes : en pole et sur le podium", a-t-il adressé à son équipe. "Nous avons tiré l'absolu maximum de la voiture et nous pouvons en être très satisfaits. Nous y sommes presque en termes de performance globale. Ross Brawn (ndlr : le directeur d'équipe) m'a dit à la radio que nous rapprochions de notre objectif. Je ne suis pas sûr de ce qui nous manque encore. Nous devons travailler sur deux domaines et il nous faudra des améliorations pour continuer à progresser. Mais au moins, après ça je vais retourner tout analyser afin de tenter de comprendre où nous perdons du temps et voir si nous pouvons mettre le doigt sur quelque chose."

"Nous n'avons pas bénéficié de l'équilibre souhaité", a expliqué Ross Brawn, ingénieur de formation. "Clairement, la piste ne nous a pas avantagé, et peut-être plus qu'un ou deux autre teams. Nous n'avions certainement pas un équilibre aussi bon que vendredi. Avec Lewis, nous avons fait le mieux que nous pouvions et il a extrêmement bien piloté. Nous avions besoin de relais aussi équivalents les uns que les autres pour nous assurer d'une durée de vie des pneus adéquate. Mais même avec ça, c'est devenu très serré avec Sebastian à la fin. Nous pensons avoir franchi un nouveau palier ce week-end, et le fait d'être un peu tous déçus de finir troisième est à la mesure de notre ambition et des attentes du team." Puis il a évoqué le cas Rosberg, 9e avant de dégringoler jusqu'à devoir ranger sa Mercedes au garage, au 22e tour. "Nico était aux prises avec le même problème lorsqu'un souci de barre anti-roulis arrière nous a poussés à stopper sa voiture", a précisé le technicien anglais.

"Bien joué de la part de Lewis pour son deuxième podium en deux courses !", s'est exclamé Toto Wolff, le directeur d'équipe qui a ce week-end partiellement désavoué Nika Lauda en précisant qu'il y aurait à l'avenir des consignes chez Mercedes si c'était dans l'intérêt de l'équipe. "Il a fait une très belle course, en repoussant de justesse Sebastian [Vettel], qui l'a fait chanceler dans les cinq derniers tours avec ses 'tendre'. La pole a réhaussé nos ambitions, mais nous savions que la gestion des pneus serait très critique. Les conditions de piste pendant les essais et la qualification nous convenaient mieux, et le résultat est que l'équilibre de l'auto a changé pour les deux pilotes."