Mercedes renouvelle sa gloire en attendant qu'Hamilton entre dans son histoire

Bien sûr, il y a eu la frustration de la célébration manquée, dimanche à Sotchi. Une heure après l'arrivée, Kimi Räikkönen (Ferrari) était sanctionné pour son attaque sur son compatriote Valtteri Bottas (Williams) et les pontes de la maison grise déjà partis pour l'aéroport.

"Quand on vole avec Niki, il n'y a malheureusement jamais de retard !", soupirait Toto Wolff, le directeur de la division sport de Mercedes. Sur les circuits, Niki Lauda était à l'heure et il a gardé cette habitude lorsque la passion des airs l'a saisi. Comme pilote de sa compagnie ou passager VIP, en président non-exécutif de l'équipe de Formule 1.

La fête a donc été programmée lundi, à l'usine de Brackey, où la marque à l'Etoile avait de quoi tirer un premier bilan flatteur de sa saison 2015, forte d'un deuxième titre consécutif des constructeurs en acompte de celui des pilotes. Référence de 2014, Mercedes a répondu à l'appel du défi par une maitrise égale sinon supérieure. Trois petites victoires lui avaient échappé l'an dernier, comme autant d'accidents, et cette année Ferrari a juste remplacé numériquement Red Bull dans le rôle de trublion. Parce qu'au bout du compte le verdict a été le même, à quatre courses du clap de fin de cette saison comme à trois meetings (coefficient 4 avec les points doublés) l'an dernier.

Mercedes avait eu l'avantage de prendre son monde par surprise en 2014 et ça promettait d'être plus difficile cette saison sans Wolf Zimmermann, son spécialiste ès-hybride, ou encore Cédric Cornebois, expert en combustion interne, partis booster le propulseur de Maranello. Sans oublier Jock Clear, l'ingénieur Performance de la voiture de Lewis Hamilton, sur la touche car en partance pour l'Italie.

Mercedes a décliné sa W05 et pris des risques en introduisant à Monza une version préfigurant son moteur 2016, avec les conséquences que l'on sait. En sortant aussi à Suzuka un aileron avant avec un inédit volet à bords en dents de scie. Laissé à la libre copie pour 2016.

Le seul regret est donc ce sentiment d'inachevé pour Nico Rosberg, sans lequel l'exercice technique aurait été jugé impeccable pour les Gris. On se souvient qu'un souci de récupérateur d'énergie (ERS) avait précipité l'Allemand dans les abimes de la déception à Abou Dabi en 2014. Le pauvre a donc eu droit cette année au dysfonctionnement d'un vulgaire accélérateur. Pour Mercedes, une véritable anomalie dans le discours de "la meilleure technologie" et du "design intelligent" venté par le président du groupe Daimler AG, Dieter Zetsche, dimanche soir. Une involontaire mais insupportable entorse à l'équité promise aussi.

Sur le plan sportif, en revanche, elle peut être satisfaite de ne pas avoir eu à gérer de situations véritablement conflictuelles comme l'an passé.

Dans deux semaines, l'Amérique du Nord, premier marché de la marque, sera donc le lieu parfait du nouveau sacre de Lewis Hamilton, moyennant neuf points de plus que Sebastian Vettel (Ferrari) et deux de plus que Nico Rosberg. Si tel est le cas, il s'agira d'un pas dans l'histoire, puisque l'image du Britannique triple champion du monde sera alors plus associée à celle de Mercedes qu'à celle de McLaren, l'écurie qui l'a fait.

A chaque équipe ses champions emblématiques : Clark pour Lotus, Stewart pour Tyrrell, Ascari, Lauda et Schumacher pour Ferrari, Prost, Senna et Häkkinen pour McLaren, Mansell pour Williams, Alonso pour Renault, Vettel pour Red Bull... Fangio et Hamilton pour Mercedes. Pas mal, non ?