Hamilton brise l'hégémonie

Gilles-Villeneuve devient un circuit fétiche pour Lewis Hamilton (McLaren). En 2007, le Britannique y avait conquis sa première pole position et dans la foulée sa première victoire. En 2008, il avait récidivé aux essais mais gaffé en course, en percutant Kimi Räikkönen (Ferrari) dans la voie des stands. L'impasse de 2009 et le retour avec des pneus slick mal adaptés, par la faute de Bridgestone, n'auront pas eu raison de cette passion anglaise pour l'antre montréalais. Samedi, le champion du monde a décroché sa troisième position de pointe en autant de voyages dans la Belle province, donnant à cette belle habitude des airs d'exploit. Jamais lors des sept premières manches de la saison les pilotes Red Bull, Mark Webber et Sebastian Vettel, n'avaient été battu dans la catégorie sprint du samedi après-midi.

A l'aise depuis les premiers tours vendredi, le pilote de la MP4 N.2 a poussé la prise de risques jusqu'au bout, sur la piste et dans les stands. En effet, il est convenu avec son staff technique de se qualifier - et par conséquent démarrer la course - avec les fameux pneus "très tendre" japonais, tendres au point de tenir parfois moins de deux tours.

"C'est un super jour et un bon début de week-end", a déclaré le pilote de la MP4 N.2, qui s'est donné en spectacle presque debout dans sa machine tombée en panne d'essence dans son tour de rentrée au stand. "Tellement de souvenirs me sont remontés lorsqu'on m'a dit à la radio que j'étais en pole. Ça m'a rappelé ma première victoire et ma première pole ici, en 2007. C'est un jour spécial, et je le dois en partie à mes gars car j'ai un peu abimé ma voiture en essais et ils ont réparé ça instantanément, de façon très professionnelle. Cette pole est le reflet de leur travail", a-t-il ajouté.

De côté de Red Bull, on a assumé un choix de gommes plus conservateur en pariant sur deux choses : un beau temps dominical -loin d'être acquis - et un passage aux pneus tendres en fin d'épreuve afin de profiter d'une piste chargée en dépôt de gomme. "Nous avons pensé que nous pourrions faire du bon boulot avec les pneus durs en Q3 et cela a été le cas", a argumenté Mark Webber, battu de 0.268 sec. "Nous savions que ça serait une bagarre féroce en 1ère ligne et que la McLaren, bien en pneus tendres, pouvait prendre la pole. Mais la course sera longue. Nous espérons en tirer bénéfice et il pourrait aussi y avoir des safety car. Il y aura plein de dénouements possibles", a évoqué le N.1 mondial australien.

Son coéquipier Sebastian Vettel, 3e à 0.315 sec, a abondé dans son sens. "Ce fut une dernière partie de qualification divertissante", a noté l'Allemand qui aura 23 ans le 3 juillet prochain. "Pour la Q3, nous avions choisi les pneus durs et nous savions qu'ils mettraient du temps à monter en température. Pour être honnête, je n'ai pas eu de tour rapide avant mon tout dernier. Ce ne fut pas le timing parfait mais ça a marché. Mon tour n'a pas été propre et je suis content d'être 3e. Dimanche, je démarrerai à la corde. Je suis assez content de mon choix de pneus car nous avons vu en essais vendredi que les tendres avaient du mal à tenir plus de deux tours."

Sur ce circuit "stop and go", le double champion du monde espagnol Fernando Alonso a permis à Ferrari de faire bonne mesure, en signant le 4e temps à 0.330 sec. Dans des conditions d'exploitation pneumatique particulièrement délicate, le champion du monde en titre Jenson Button (McLaren) a du se contenter du 5e chrono, à 0.415 sec, juste devant le surprenant italien Vitantonio Liuzzi, qui fait remonter sa cote en flèche chez Force India. Le Brésilien Felipe Massa (Ferrari) et le Polonais Robert Kubica (Renault) se partageront la 4e ligne alors que la 5e rangée sera 100% allemande, avec Adrian Sutil (Force India) et Nico Rosberg (Mercedes). Le camouflet est réel pour Mercedes, devancé par ses écuries clientes McLaren et Force india, et incapable de hisser son septuple champion du monde Michael Schumacher en Q3 pour la première fois de la saison (13e).