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La chicane de Suzuka, virage le plus célèbre de tous les circuits

Stéphane Vrignaud

Publié 06/10/2016 à 10:27 GMT+2

GRAND PRIX DU JAPON - Suzuka compose avec Monaco, Silverstone, Spa-Francorchamps et Monza les cinq grands circuits du Mondial. Et remporte la mise quand il s'agit d'incarner l'endroit le plus célèbre et le plus mémorable de l'Histoire de la F1. Voici un petit voyage parmi les virages emblématiques de ces tracés.

Ayrton Senna et Alain Prost (McLaren) au Grand Prix du Japon 1989

Crédit: AFP

Monaco : Sainte-Dévote

Quel virage incarne le plus le circuit de la Principauté ? Difficile de faire de l'épingle l'élue, à part pour célébrer le virage le plus lent du Mondial. Le tunnel aurait-il sa chance uniquement pour son débouché sur la chicane du port, grande pourvoyeuse de dépassements ? Le Louis-Chiron (Esse de la piscine) ? Un peu plus car il est au carrefour de la vitesse et de la virtuosité sans filet. Cependant, le virage n°1 reste un endroit inégalé du Grand Prix de Monaco…
Dès la qualification, le freinage de Sainte-Dévote instaure la confiance… ou non. Le pilote sait s'il va avoir envie d'aller frotter les rails pendant un tour... Le dimanche, la difficulté fixe le premier grand moment au départ et l'on ne compte plus les courses terminées après 210 mètres. Pour détruire l'estime de soi, il n'y a pas mieux...
C'est véritablement un juge de paix et depuis 1950, 28 auteurs de pole position y ont compris qu'ils avaient fait la plus grande partie du travail. Et la moitié d'entre eux n'ont d'ailleurs jamais eu à céder la tête de l'épreuve.
L'argument ultime : Un goulet aussi obligatoire que chaotique, où passer à deux est illusoire. Un moment sadique qui ne supporte pas l'approximation, encore moins l'exubérance.
Le virage de Sainte-Dévote lors du Grand Prix de Monaco 2015

Silverstone : Maggots-Becketts-Chapel

Le choix n'a pas été dur à faire, tant il ne reste plus grand-chose du circuit d'antan. En 2010, la portion entre Bridge et Priory a été emportée par les impératifs de la modernité. Copse et Stowe ont résisté pour ce qui est des parties d'adresse.
Heureusement, il ne fut pas non question de toucher au triptyque Maggots-Becketts-Chapel, l'enchaînement le plus addictif du championnat du monde. Un morceau d'adrénaline vécu dans des changements de direction sur un fil, en descendant deux rapports (7-6-5) et en touchant juste un peu les freins.
L'argument ultime : Un pilote ne peut prétendre à un tour correct avec une auto déséquilibrée. Avec un bolide top classe, l'endroit devient carrément une drogue.

Spa-Francorchamps : La Source

Le raidillon d'Eau rouge ? Il a eu ses belles heures avec notamment la manœuvre époustouflante de Mark Webber (Red Bull) sur Fernando Alonso (Ferrari) en 2011. Et reste punitif, comme a pu le constater Kevin Magnussen (Renault) cette année…
La descente effrayante de Pouhon, difficulté préférée de Nico Rosberg (Mercedes), et le passage de Blanchimont, immortalisé par le dépassement insensé de Max Verstappen (Toro Rosso) sur Felipe Nasr (Sauber) en 2015, étaient tout autant éligibles. Mais le virage n°1 reste un must ardennais.
Négocié à la corde pour les privilégiés au départ, au large pour les moins opportunistes, il offre de multiples possibilités de lignes en ouvrant sur la descente d'Eau rouge et le raidillon. Une sortie avantageuse peut même trouver un épilogue heureux deux kilomètres plus loin, au freinage des Combes.
L'argument ultime : Un happening au départ qui ne déçoit presque jamais. 2012 et le strike fou de Romain Grosjean (Lotus), 2016 et le rififi entre Max Verstappen (Red Bull) et les Ferrari. L'Histoire toujours en marche.
Max Verstappen (Red Bull), Kimi Räikkönen et Sebastian Vettel (Ferrari) au départ du Grand Prix de Belgique 2016

Monza : Lesmo

"J'adore courir à Monza, c'est une expérience absolument unique de rouler avec des appuis minimaux à une vitesse incroyable en ligne droite, puis de composer avec le manque de grip, et de passer dans les sections lentes avec une voiture extrêmement nerveuse" : selon Jenson Button, le "Temple de la vitesse" est un superbe exercice de style à nul pareil.
Alors, la chicane Ascari ? Très technique, elle conditionne le deuxième plus long rectiligne du circuit. La célébrissime Parabolica ? "Un virage très long mais ouvert et on y est à fond très longtemps", tranchait en son temps Robert Kubica.
Non, dans tout ça, les Lesmo 1 et 2 sortent du lot italien, et spécialement le second. "Il très court et il est très facile de prendre large en sortie", jugeait le Polonais. "C'est un virage très difficile dont il faut bien s'extraire car la distance jusqu'à Ascari est longue. On dirait que c’est un virage simple, mais je l'ai toujours trouvé difficile."
L'argument ultime : Les pilotes y sont en sursis. Lewis Hamilton (McLaren) a payé pour voir en 2009. L'un des plus gros cartons de sa carrière.

Suzuka : La chicane "Prost-Senna"

Le tracé nippon est le plus technique du Mondial et peut être considéré un cran au-dessus de Spa-Francorchamps, Silverstone, Monza et Monaco pour tout ce qu'il représente.
Question exigence de pilotage, on a en effet le choix entre le n°1 qui se referme, le serpentin des cinq virages qui suivent, Degner (n°8-9) ou encore mieux le R130 (n°15), où Fernando Alonso (Renault) avait fait le tour de Michael Schumacher (Ferrari) en 2005. "Je m'en souviendrai toujours", aime dire l'Espagnol.
Pour résumer le ressenti des pilotes, Rubens Barrichello est le plus proche de la vérité quand il déclare : "A Suzuka, on n'a pas de virage préféré. On aime tout."
Mais un virage, c'est d'abord aussi une portion d'Histoire inscrite dans la mémoire collective. Et c'est à travers cette définition que la chicane - "Prost-Senna" pourrait-on la nommer - s'impose. La dernière difficulté du tracé ne requiert pas de technique de passage extraordinaire mais elle était sur le dessin original imaginé par John Hengenholtz, mandaté par Honda pour faire un circuit d'essais automobile. Preuve qu'elle n'a pas été pensée juste pour casser la vitesse.
Alors, quand on évoque cette baïonnette, on revoit les images d'Ayrton Senna faisant l'intérieur à Alain Prost au 47e tour du Grand Prix du Japon 1989. Le Brésilien avait besoin de passer pour empêcher le Français d'être champion, 6 tours plus tard. "Prostichon" n'a pas supporté l'outrance en forme d'ultimatum et a subtilement refermé le piège. Le Pauliste leva son pouce ironiquement en voyant l'Auvergnat sortir de sa machine. Senna est reparti en coupant le virage, a gagné puis perdu sur tapis vert.
L'argument ultime : La F1, le plus grand duel de tous les temps... Prost et Senna à voitures égales, au bout du clash... La chicane de toutes les chicanes... Le déchirement ultime pour McLaren, l'humiliation pour Honda qui ne pensait pas offrir un tel spectacle. Encore moins un an plus tard avec la vengeance du Sud-Américain.
Ayrton Senna et Alain Prost (McLaren) au Grand Prix du Japon 1989
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