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Lewis Hamilton a été desservi par McLaren cette saison en Championnat du monde

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 30/11/2012 à 17:20 GMT+1

McLaren a mal servi matériellement Lewis Hamilton en course cette année et maintenu un climat stérile en coulisses à propos de 2013. Sans cela, le Britannique aurait eu de quoi se mêler à la lutte pour le titre. A l’heure du divorce, les regrets sont nombreux.

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Crédit: Eurosport

Martin Whitmarsh s’est déclaré lundi "très triste" du départ de son pilote-star, Lewis Hamilton, qu’il définit comme "un atout inestimable pour toute écurie." Le directeur d’équipe de McLaren avait pourtant toutes les cartes en main cette année pour aboutir au renouvellement du bail. Cette perspective était logique et il l’a crue inéluctable en misant sur le fait que Red Bull et Ferrari resteraient fermés à double tour l’an prochain. Nulle autre destination que Woking n’était plus tentante mais il a joué la montre et l’intransigeance, jusqu’à l’impasse. Dans ce contexte, Lewis Hamilton a eu le mérite de performer avec constance du premier au dernier grand prix. C’est un peu une ironie, il a commencé et terminé par une pole position, et Jenson Button par une victoire. Au championnat, l’écart de classe avec les coéquipiers n’est pas manifeste : le champion du monde 2008 devance son successeur au palmarès de deux points.
Pourtant, Lewis Hamilton a fait preuve d’une supériorité impressionnante aux essais, en se révélant un metteur au point hors pair. Cette qualité est particulièrement ressortie. De tous les pilotes, c’est lui qui a le mieux appréhendé le casse-tête des pneus Pirelli. Sur tous les circuits, par toutes conditions météo. "C'est vraiment rare que je ne parvienne pas à faire fonctionner mes pneus", déclarait-il à Silverstone, à l’occasion de l’un de ses rares échecs du samedi après-midi. Le bilan de celui que nous avons désigné "sprinter de l’année" (voir le blog) est remarquable : il a signé sept pole positions, soit une plus que le triple champion du monde, Sebastian Vettel (Red Bull), et quatre première ligne. Rapide, il a aussi été fiable ; le seul abonné à la Q3 quand Vettel manquait deux fois le Top 10.
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2012 GP de Corée McLaren Hamilton

Crédit: McLaren

Plus économe en pneus que Jenson Button
Avec Button, le rapport de forces a été disproportionné : il l’a battu 17-3, ou 16-4 si l’on considère sa disqualification à Montmelo, pour une bêtise que McLaren avait déjà commise au GP du Canada 2012 (ndlr : un réservoir pas assez rempli). Le Circuit Catalunya a battu en brèche l’idée reçue selon laquelle il use plus les gommes que Button. McLaren n’a eu de cesse de le défendre pendant trois ans de ce point de vue, et l’as au casque jaune l’a prouvé le dimanche : parti dernier au Grand Prix d’Espagne, il a fini huitième en stoppant deux fois, laissant juste derrière lui son coéquipier qui s’était arrêté trois fois. "On dit souvent que j’ai un style agressif mais je fais 31 tours avec mon dernier train de pneus !", avait relevé le natif de Stevenage. Sur une piste aussi abrasive, c’était remarquable. En somme, on peut s’en remettre à sa réflexion, portée un jour sur son métier : "C’est facile de piloter la voiture, le plus dur est de la mettre au point." Button en sait quelque chose pour avoir galéré sur les transferts d’énergie au freinage. De Bahreïn à la Hongrie, il n’a eu qu’un répit : en Allemagne.
Et puis au départ, Hamilton a aussi fait le boulot, proprement. De ses positions statiques, il n’avait souvent pas grand-chose à gagner, sinon rien. Il a converti six poles en leadership au premier virage, et n’en a laissé échapper qu’une, à Melbourne, au profit de Button. Pour le reste, il a occupé à onze reprises sa place de qualification à l’issue du premier tour, pour trois gains de places et cinq pertes, si l’on excepte Spa. On peut rapprocher ces chiffres de celui qui était le plus près de lui sur la grille, Vettel (2e de notre grille-type) : l’Allemand a réalisé neuf statu quo, six gains et quatre pertes (Sao Paulo non pris en compte).
Plus de 80 points perdus par les fautes de McLaren
En course, le futur pilote Mercedes a triomphé à quatre reprises : au Canada, en Hongrie, en Italie et aux Etats-Unis, et a connu l’injustice d’abandonner en pleine domination à Singapour et à Abou Dabi. Sa victoire québécoise a finalement été à l’image de sa maturité technique et de sa vision de coureur. En tête, il a opéré un splendide sacrifice - rentrer une seconde fois au stand - pour mieux supplanter Alonso, dans l’erreur sur un arrêt, et Vettel, résolu tardivement à s’arrêter pour limiter les dégâts. Une vista à la Prost.
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2012 GP du Canada McLaren Hamilton

Crédit: McLaren

Whitmarsh peut donc regretter la perte de Hamilton. Il peut surtout se sentir coupable d’avoir entretenu une course à la vitesse et à la futilité de pit stops-éclair quand investir sur la fiabilité et les gestes sûrs de ses troupes aurait été bien plus bénéfiques. Au bas mot, McLaren a fait perdre 82 points au Britannique sur une pénalité (cinq places) pour un changement de boîte (Malaisie), un amortisseur défectueux (Japon), des stratégies mal ajustées (3 pts en Australie, perte non quantifiable en Grande-Bretagne, perte de temps en Corée, etc), des couacs au stand (8 pts à Bahreïn), une erreur de remplissage de réservoir (21 pts en Espagne), un bris de boîte de vitesse (25 pts à Singapour), un problème de pression d’essence (25 pts à Abou Dabi). "Je suis dégoûté", avait-il lâché à Abou Dabi, lui qui est habituellement si positif.
McLaren a mené autant de grands prix que le constructeur-roi, Red Bull : douze. Il y avait donc une réelle opportunité de jouer le titre à Interlagos. Pour mieux noyer le poisson, McLaren s’est targué d’avoir battu un "record du monde" du pit stop le plus rapide, et d’avoir aligné 58 grands prix dans les points, soit plus qu’aucune équipe dans l’histoire. Hamilton a dû diversement apprécier.
"Le point probablement le plus dur et le plus héroïquement gagné"
Bien sûr, Hamilton n’a pas été parfait, ni même exemplaire. Il a promené sa triste mine puis joué contre son team en publiant des data à Spa, encore tweeté de façon maladroite à propos de Button au lendemain de Suzuka ("@jensonbutton a arrêté de me suivre, quelle déception"), siglé son casque d’un explicite H.A.M. à Austin.
Il aura parfaitement illustré ses exploits mêlés de dépits parfois maladroits en Corée du Sud. Officialisé par Mercedes depuis une quinzaine de jours, il avait fait preuve du même sens du sacrifice en terminant dixième à Yeongam, avec une barre anti-roulis cassée. Un enfer raconté sans forfanterie : "J'ai fait de mon mieux, en attaquant tout le temps. L'équilibre changeait d'un virage à l'autre, la voiture bougeait dans les lignes droites et ça bouffait les pneus".
"Lewis n'a marqué qu'un point, mais c'est probablement le plus dur et le plus héroïquement gagné dans la longue histoire de McLaren", avait estimé Whitmarsh. Il mesurait déjà tout ce qu’il allait perdre. Button ne l’a pas connu pendant quinze ans chez McLaren, mais les trois années partagées ont manifestement imprimé une marque indélébile. "C'était vraiment bien de travailler avec toi, Lewis", lui a-t-il lancé, à Sao Paulo.
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Lewis Hamilton (McLaren) au Grand Prix d'Allemagne 2012

Crédit: McLaren

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