Quadruplé français, duel Prost-Senna, 100e de Ferrari... : 5 GP de France légendaires au Castellet

Nelson Piquet fait la course en tête grâce à la tactique inaugurée cette année-là par Brabham consistant à partir avec peu d'essence et ravitailler en cours d'épreuve. Son moteur BMW explosé au 24e passage, le Brésilien laisse les Renault devant.

Pour le Losange c'est clair : c'est Alain Prost qui doit gagner en vertu de sa position au championnat. Mais pour René Arnoux c'est beaucoup moins évident…. Panneauté, rappelé à l'ordre, le Grenoblois ne veut rien entendre. Les Ferrari de Didier Pironi et Patrick Tambay troisième et quatrième, le quadruplé français à domicile est gâché par l'ambiance glaciale entre les pilotes de la Régie sur le podium.

Le moteur BMW est pour une fois fiable dans la Brabham de Nelson Piquet et le Brésilien signe sa seule victoire de la saison. Ses Pirelli l'ont aussi bien aidé puisque les six concurrents suivants roulent en Goodyear.

Keke Rosberg (Williams) termine deuxième devant Alain Prost (McLaren). Mais c'est bien le Français qui a ébloui en passant le Finlandais dans le "S de la Verrerie" sur une manœuvre sublime, à haut risque, au 39 des 53 tours. Malheureusement mal récompensée : victime d'un tracas technique, il redonnera la deuxième place dans l'avant-dernier tour.

Avec leurs McLaren, Alain Prost et Ayrton Senna sont sur une autre planète depuis le début de la saison. Question qualification, il n'y a pas match mais après six défaites et autant de pole positions du Brésilien, "Le Professeur" se rebiffe sur ce circuit fétiche où il a lancé sa carrière automobile en remportant le volant Elf 1975.

Le dimanche, Prost mène sans lâcher Senna, qui passe en tête à mi-course en faisant l'undercut. Mais l'Auvergnat n'est pas un manchot dans le trafic, et c'est à la faveur d'une hésitation du Pauliste derrière Pierluigi Martini (Minardi) qu'il repasse devant, pour de bon. A l'arrivée, McLaren relève un trou dans le fond du cockpit de la MP4-4 n°12 : Senna a tellement chevauché les bordures qu'il en a percé son châssis !

Alain Prost ajoute une nouvelle dimension émotionnelle à son histoire avec Le Castellet en annonçant son départ de McLaren à la fin de la saison. Un coup de tonnerre avant sa pole position devant Ayrton Senna, pour la deuxième année consécutive. Le dimanche, il est débordé par son coéquipier pauliste mais la March de Mauricio Gugelmin décolle sur la Williams de Thierry Boutsen et retombe sur la Ferrari de Nigel Mansell.

Le nouveau départ est l'occasion pour Prost d'un cavalier seul. Mais il n'est pas la seule satisfaction pour le public : le débutant Jean Alesi (Tyrrell) a fait quatre tours à la deuxième place à mi-épreuve, boosté par des Pirelli en forme par forte chaleur.

Aux essais, Alain Prost ne peut rien contre son coéquipier Nigel Mansell, Gerhard Berger et Ayrton Senna (McLaren) mais sa patience est récompensée le lendemain. Le "Lion" de la Scuderia rapidement débordé par des McLaren et bientôt hors-jeu à cause d'une mauvaise stratégie, "Prostichon" se retrouve à mi-course derrière les Leyton House (ex-March) d'Ivan Capelli et Mauricio Gugelmin. Les voitures anglaises sont parties pour créer une énorme surprise. Et si elles étaient non-qualifiées lors de la course précédente, elles restent l'œuvre d'un certain Adrian Newey…

Très offensif, Prost double Gugelmin au 54e tour puis Capelli au 78e des 80 tours. Pour offrir sa centième victoire à Ferrari en Mondial.