Ballesteros n'abdique pas

Incarnation de l'élégance et d'une certaine idée du golf, Severiano Ballesteros fut, avec Greg Norman et Nick Faldo, la plus grande star mondiale du golf dans les années 80. Triple vainqueur du British Open (1979, 84 et 88), deux fois lauréat du Masters à Augusta (1980, 83), l'Espagnol a ensuite dû revoir ses ambitions à la baisse, essentiellement en raison de graves problèmes au dos.

Depuis le début des années 90, Seve est donc rentré dans le rang, se distinguant surtout en Ryder Cup, où son expérience et sa rage de vaincre furent souvent précieuses pour l'équipe européenne, dont il fut d'ailleurs un brillant capitaine. Mais en tant que joueur, Ballesteros appartient depuis longtemps au passé, un glorieux passé, et sa place dans la légende est assurée.

Reste que le natif de Pedrena, trente ans après ses débuts professionnels, un quart de siècle après son premier titre majeur, conserve une envie de jouer intacte. Il se dit donc prêt à tout mettre en oeuvre pour prendre part l'an prochain aux deux tournois qui ont construit sa réputation, le Masters et le British Open. "Mon premier objectif sera d'être présent à Augusta. Pour cela, je jouerai sans doute quelques tournois avant", a-t-il confié.

Ballesteros a disputé le Masters pour la dernière fois en 2003, où deux tours très largement au-dessus du par, en 77 et en 85, l'avaient placé dans les profondeurs de la hiérarchie, très loin du cut. "Ensuite, je reviendrai en Europe pour me préparer pour le British Open. Saint-Andrews est un endroit magique, je veux absolument y être" reprend l'Espagnol.

C'est en effet sur le mythique parcours écossais, théâtre du deuxième sacre de Ballesteros en 1984, que se tiendra l'Open en 2005. "Je veux bien faire à St-Andrews, et je crois à 100% que c'est réaliste" affirme-t-il. On aimerait y croire avec lui, mais l'ancien numéro un mondial n'a plus disputé le seul majeur européen depuis 2001, au Royal Litham, et il n'a plus franchi le cut de l'épreuve depuis... 1995.

La présence de Seve Ballesteros, surtout au départ du British, constituerait évidemment un petit évènement. Après avoir envisagé de mettre purement et simplement un terme à sa carrière à cause de ce maudit dos, on comprend qu'il éprouve une certaine frustration et une irrésistible envie de jouer. Après tout, Jack Nicklaus continue de jouer à un haut niveau à plus de 60 ans. Ballesteros est bien plus jeune, mais ses lombaires sont celles d'un vieillard. Elles lui ont ôté toute ambition depuis belle lurette, mais pas l'envie de se faire plaisir.