Appelez-le "Captain" !

Ce nouveau pan de son histoire personnelle est né juste après Pékin. Quelques semaines plus tôt, Jérôme Fernandez se fracture la main droite contre la Croatie. Ce troisième match des Jeux Olympiques 2008 sera le dernier pour lui en Chine. Meurtri dans sa chair, "Fernand" met de côté la blessure de l'âme et décide de rester dans le groupe. Exemplaire en dehors du terrain, l'arrière gauche de formation participe à sa manière à la quête du titre suprême.

Souvent obtus dès qu'il s'agit de toucher à son règlement, le CIO l'autorise pourtant à monter sur le podium avec ses potes, après la finale, et lui décerne à lui-aussi une médaille d'or. Sans être sur le parquet, le colosse de Cenon (1,99m pour 106 kg) vient de vivre l'un des moments les plus forts de sa carrière. Il ne le sait pas encore mais, à Pékin, sa destinée chez les Bleus a pris un tournant. Après le départ à la retraite d'Olivier Girault, Claude Onesta se voit dans l'obligation de nommer un nouveau capitaine. Fernandez-Onesta, c'est une histoire qui date. Les deux hommes entretiennent une relation particulière. "Je suis allé le chercher à 18 ans dans sa famille pour le ramener à Toulouse. Je l'ai un peu fait grandir. On a de l'affection l'un pour l'autre même si je ne l'épargne pas souvent", témoigne le sélectionneur.

Le choix du coach, discuté avec le staff, est rapidement entériné : "Dans la vie d'un groupe, il y a trois types de joueurs : les leaders, les suiveurs et ceux qui sont ni l'un ni l'autre. Jérôme fait partie de ces gens-là qui créent du lien entre les leaders." Fernandez n'est sous la coupe de personne mais ne revendique pas non plus d'être suivi par d'autres. C'est sa force. Brigitte, la maman du Girondin, acquiesce : "Jérôme n'est pas un leader. C'est un "conseilleur". L'aura qu'il dégage aujourd'hui fait qu'on l'écoute. On savait qu'il deviendrait un jour capitaine des Bleus. Cette étape était programmée depuis le jour où il a intégré l'équipe de France (NDLR : 1re sélection, en novembre 1997)".

"Il est parfait dans son rôle de capitaine, renchérit Thierry Omeyer, son meilleur ami et désormais coéquipier à Kiel. Au début, il a été un peu surpris d'avoir été nommé. Mais, par la suite, il en a pris pleinement la mesure". Recevoir le brassard n'a pas changé le personnage. "Cela lui a juste donné un peu plus de confiance en lui", rajoute le portier des Bleus. Le principal intéressé agrée : "Devenir capitaine m'a fait beaucoup de bien au niveau psychologique. Cette responsabilité m'a permis de m'épanouir, de prendre plus souvent la parole au sein du groupe et de me sentir un peu plus crédible." Meilleur buteur de l'histoire des Bleus, Jérôme Fernandez ne veut pas s'arrêter là, même s'il ne revendique rien. "Sa vie n'est qu'une succession d'étapes. Il parvient toujours à ses fins", explique celle qui l'a mis au monde il y a 32 ans. Dernièrement, il nous a confié qu'il se verrait bien un jour devenir sélectionneur de l'équipe de France. Si je vous dis que ça ne me surprendrait pas qu'il y arrive, vous me croyez ?".