Jeune garde réquisitionnée

"Des certitudes, on n'en a jamais. En revanche, on essaye d'avoir un éventail de solutions le plus large possible. Avec le retrait de joueurs majeurs, vous avez moins d'atouts dans votre jeu. On va juste essayer de trouver de nouveaux équilibres". Claude Onesta ne veut tromper personne. Les forfaits de Daniel Narcisse et de Guillaume Gille ont quelque peu modifié ses plans avant de s'envoler pour la Suède. En Scandinavie, les Bleus devront faire sans deux de ses joueurs majeurs et c'est pour cette raison que le sélectionneur souhaite accorder sa confiance - une partie tout du moins - à ces jeunes pousses.

Outre l'ossature habituelle, gage de sa réussite depuis trois ans, Onesta a donc invité au voyage quatre néophytes, âgés de 22 à 29 ans : Arnaud Bingo, l'ailier de Tremblay-en-France, Samuel Honrubia, celui de Montpellier, William Accambray, l'arrière du MAHB et enfin Bertrand Roiné, son homologue à Chambéry. A eux quatre, ils compilent 35 sélections chez les Bleus (*). A titre de comparaison, Didier Dinart, à lui tout seul, en présente 333. "Ce choix(NDLR : de faire appel à eux) me ravit plutôt car la présence de jeunes joueurs est très porteuse d'espoirs pour l'avenir, nous a confié le prédécesseur d'Onesta, Daniel Costantini. Car j'espère que l'avenir de l'équipe de France ne s'arrêtera pas au contrat de Claude Onesta, qui prendrait fin, paraît-il, après les JO de Londres". Autrement dit, préparons le futur, si le Mondial suédois ne répond pas à nos attentes d'aujourd'hui…

Aux dires du sélectionneur actuel, le plan prévoit d'utiliser la jeune garde dès les premiers matches de poule, contre la Tunisie, l'Egypte et le Bahreïn ; l'objectif étant d'économiser les cadres avant des échéances plus pénibles (Allemagne et Espagne). Costantini, émet, de son côté, quelques réserves : "Il y a parfois un petit bémol entre ce que dit Claude Onesta et ce qu'il fait. J'ai souvent entendu dire "on va profiter de ça, pour donner du temps de jeu à…" et ça ne s'est pas produit. Je le vois commencer le match de la Tunisie avec son sept majeur. Si celui-ci s'impose avec la manière et qu'il creuse l'écart tout de suite, ce sera facile ensuite d'appliquer une forme de turnover. Mais si le match est accroché…".

Selon Onesta, ses jeunes joueurs n'auront que quelques jours pour prendre leurs marques : "Ils doivent sortir de la couveuse. Ils n'ont pas encore éclos. Si les évènements les poussent un peu plus tôt dehors qu'on ne l'avait imaginé, cela sera beaucoup plus irrégulier qu'avec des joueurs cadres." Aux portes du groupe France pour l'Euro il y a un an, William Accambray a conscience que son heure est venue. A 22 ans, l'arrière gauche montpelliérain veut s'installer durablement et s'attend à se voir confier des responsabilités. "Le tandem Barachet (17 sélections seulement)-Accambray se connaît depuis la naissance. Ils ont le même âge (nés en 1988) et ont été formés dans la même région. Ils devront jouer ensemble et hormis en équipe junior, ça ne leur ait pas arrivé souvent", s'inquiète pourtant Costantini.

"Tant qu'ils montrent leur envie et de la détermination, il n'y a aucun problème. Pour le reste, ce n'est pas dur de s'intégrer, estime pour sa part Nikola Karabatic. On n'est pas une équipe fermée avec une hiérarchie. Mais c'est clair, si t'as un con qui arrive et qui se prend pour un autre, ça ne va pas le faire." Onesta veut lui aussi mettre ses jeunes pousses dans les meilleures conditions. "Je leur dirai sûrement : "Contentez-vous de faire ce que vous avez déjà fait dans vos clubs. N'essayez pas de vouloir tout régler car vous n'y arriverez pas. Soyez utiles 15 à 20 minutes dans un match. Apportez ce que vous pouvez apporter durant ce laps de temps. Le reste, on s'arrangera pour le gérer". Et de conclure : "Parfois, ils ont tellement l'impression de passer un examen à chaque ballon touché qu'ils finissent par déjouer et être en difficulté. J'espère que chacun d'entre eux pourra nous apporter ce qui nous est indispensable pour espérer aller au bout". Unique évidence pour l'instant…