Une poule de la mort ?

Alain Portes a beau se gratter la tête : à vue d'œil, le problème du "Sept National" semble insoluble. L’ancien ailier français, qui a succédé à Sead Hasanefendic à la tête de la sélection tunisienne en juin 2009, sait que la tâche ne s'annonce pas aisée. Deux de ses meilleurs joueurs, les Montpelliérains Wissem Hmam et Aymen Hammed ont dû déclarer forfait après s'être fait opérer de leur épaule de tir. La base arrière a dû être remodelée. Et le gardien Marouane Maggaiez, qui évolue aujourd'hui à Nantes après un passage à Montpellier, n'est pas sûr d'évoluer au meilleur de sa forme. Les Tunisiens seront les premiers adversaires des Bleus.

Le mot de Claude Onesta : "Rencontrer la Tunisie en début de tournoi, alors qu'elle reste pleine d'énergie et d'ambition, est le pire moment pour la jouer. On les connaît bien, mais ils sont un peu moins performants qu'il y a quatre à cinq ans. Leur belle génération a un peu vieilli et il leur manque des joueurs majeurs. Mais beaucoup de Tunisiens évoluent dans notre championnat et quand on joue contre son employeur, en règle générale, on veut se mettre en évidence pour bien rappeler à tout le monde qu'on fait partie du paysage. Méfiance..."

L'Egypte est une nation qui fait désormais partie des meubles. La nation nord-africaine participe à son dixième Championnat du monde consécutif. En France, il y a dix ans, elle s'était permis le luxe de terminer au pied du podium (4e). En Suède, l'objectif premier des coéquipiers du gaucher Ahmed Al-Ahmar sera de sortir vivant de cette "poule de la mort". Les "Pharaons" savent qu'il leur faudra battre un "Européen" pour espérer passer cette première phase et finir dans le top 3. Logiquement supérieurs à Bahreïn, et revanchards face à la Tunisie (l'Egypte s'est inclinée face à son voisin africain en finale du dernier Championnat d'Afrique… au Caire), les Egyptiens auront-ils les moyens de faire tomber l'Allemagne, supposée moins forte que la France et l'Espagne?  Hasard du calendrier, c'est la Mannschaft qui se présentera à l'Egypte pour son premier match…

Pour la première fois de son histoire, l'île du golfe Persique va participer à des Mondiaux de handball. Vainqueur surprise en demi-finale de son voisin, l'Arabie Saoudite (26-25), lors des derniers Championnats d'Asie, Bahreïn a décroché son billet il y a près d'un an. Au Liban, c'est à l'avant-dernière seconde du match que le capitaine et vétéran Saeed Jawhar (39 ans) a offert le but de la qualification. Opposé à la Corée du Sud (25-32) en finale, Bahreïn n'a pas pu rééditer son exploit mais l'essentiel était de s'offrir un billet pour la Suède. C'est l'équipe la plus faible de ce groupe A. Il lui sera difficile de ne pas finir à une autre place que la dernière.

La réussite actuelle de l'équipe d'Allemagne de football n'est visiblement pas contagieuse. Depuis 2007, et ce fameux titre mondial qui est resté en travers de la gorge du handball français, l'équipe du moustachu Heiner Brand a perdu de sa superbe. En janvier dernier, l'Euro croate a confirmé cette donne. Les Allemands, vainqueurs d'un seul de leurs six matches, ont piteusement quitté la compétition à un terrible dixième rang. Pour arranger le tout, l'ambiance au sein de l'équipe n'est pas au beau fixe. Certains joueurs, dont Christian Zeitz (Kiel), se sont même permis de critiquer l'entraîneur. Ils ne seront pas du voyage. Contrairement à l'expérimenté Henning Fritz (36 ans) qui n'avait plus été appelé depuis les JO de Pékin. Passer le premier tour reste dans les cordes allemandes. Ensuite, c'est une autre question...

Le mot du sélectionneur : "C'est une jeune équipe, plutôt opérationnelle mais peut-être pas de manière continue. Les Allemands manquent d'expérience. Contre nous, ils sont toujours appliqués et concentrés car il y a un tel antagonisme entre les deux pays qu'ils sont toujours à fond. "

Depuis le tirage au sort, on sait que les hommes de Valero Rivera seront les principaux adversaires des Bleus lors de la première phase. La qualification des deux nations sera peut-être déjà en poche à l'heure de se jouer (dernier match, le 20 janvier) mais l'affrontement vaudra tout de même le coup d'oeil. Championne du monde en 2005, médaillée de bronze lors des derniers Jeux Olympiques à Pékin, l'Espagne a une belle carte à jouer en Scandinavie. Depuis l'Euro 2010 qui l'a laissée sur sa faim, l'équipe a quelque peu été remaniée, même si les joueurs de Ciudad Real (8) restent majoritaires. La "Roja" pourra s'appuyer sur Iker Romero ou Joan Canellas, les deux hommes de la sélection les plus en vue lors des matches de préparation. L'Espagne comptera également sur sa défense qui a prouvé, par le passé, qu'elle était capable du meilleur. Celle-ci a encore pris plus d'ampleur depuis la naturalisation du portier d'origine serbe Arpad Sterbik.

Le mot du sélectionneur : "L'Espagne fait partie des grands favoris de ce Mondial. Quand on voit leurs résultats en matches de préparation, ils ont étrillé l'Egypte, 'dérouillé' la Biélorussie... Ils étaient en stage entre Noël et le Jour de l'An et n'ont rien laissé au hasard. Ils ont fait une préparation plus longue que nous. Ce sera un adversaire pour le titre".