Equipe de France : Le crépuscule des dieux

Si la France se qualifie pour l’Euro 2014 au Danemark, le nouveau 7 de Claude Onesta pourrait ressembler à ceci : Omeyer – Abalo, Barachet, Karabatic, Sorhaindo, Accambray, Guigou. Autant de joueurs présents en Espagne et qui formeront l’ossature à partir de demain. Le renouvellement programmé va concerner dans un premier temps des anciens au temps de jeu réduit, exception faite de Didier Dinart, et des jeunes en phase d’apprentissage. Mercredi soir, quelques minutes après l’élimination, le manager français a cité quelques noms : Porte, N’Guessan, Grébille, Anic, Mahé… En attendant de les voir en action pour la fin des qualifications à l’Euro 2014, voici l’état des lieux de l’équipe actuelle.

Le directeur technique national a l’art de la formule. Au lendemain de l’élimination en quart de finale du Mondial par la Croatie, celle-ci fait mouche : "Il ne faut pas confondre le bilan d’un tournoi avec la fin d’un film. Notre équipe de France, c’est une série TV à épisodes. Celui-ci a été moyen. Au prochain, on sera bien énervé", veut croire Philippe Bana. Aussi chouette que soit sa rhétorique et sincère sa foi en l’avenir, le constat du Championnat du monde est implacable : plusieurs cadres ont raté leur tournoi. "Mon bilan personnel est très insuffisant", admet le capitaine Jérôme Fernandez, qui a fait son seul match correct face aux Croates.

Pour avoir annoncé lui-même qu’il jouait sa dernière compétition avec l’équipe de France, Didier Dinart se savait au bout de la route. Comme à l’Euro 2012 en Serbie, sa défense n’était plus dissuasive. Xavier Barachet n’est jamais entré dans le tournoi mais sa blessure à l’épaule explique en partie son refus du shoot. Onesta a refusé de l’accabler. Thierry Omeyer a habitué à des matches si exceptionnels que ses prestations, seulement correctes, ont semblé moyennes. Enfin, l’ailier droit Luc Abalo a buté sur le gardien croate Alilovic en quart de finale comme rarement.

Né un 18 janvier, Didier Dinart a fêté pour la dernière fois son anniversaire au milieu de ses amis de l’équipe de France. S’il se laisse la possibilité d’aller au bout des qualifications pour l’Euro 2014, en juin, on ne le verra plus en compétition internationale. En tout cas, pas sur le terrain. Dans un rôle d’entraîneur spécialiste de la défense, peut-être. Le deuxième gardien Daouda Karaboué, brillant au premier tour, en a profité pour annoncer sa retraite. Le doyen du groupe n’a pas attendu que Claude Onesta lui préfère Cyril Dumoulin (Chambéry) ou Vincent Gérard (Dunkerque) pour prendre sa décision. "Daouda est lucide. Je préfère quand les joueurs l’annoncent eux-mêmes plutôt que d’avoir à le faire", dit Onesta.

En retrait de l’équipe de France, depuis les JO, Bertrand Gille n’a pas arrêté son choix mais il est peu probable qu’on le retrouve sous le maillot bleu. Usé par les combats menés pendant une quinzaine d’années, il pourrait rendre sa retraite officielle avant l’été, imitant ainsi son frère Guillaume, qui a mis un terme à sa longue carrière internationale quelques semaines après le retour de Londres.

Tout au bout de la zone mixte de Saragosse, mercredi soir, Claude Onesta évoque l’avenir : "Je pense que certains joueurs arrivent au bout de la route. Mais ce n’est pas aux journalistes que je le dirai." S’il ne cite aucun nom, on pense en premier à Jérôme Fernandez. Il faut reconnaître au capitaine un manque de rythme après une longue absence à l’automne. Et des piges aux postes de pivot et d’arrière droit, qui ne sont pas les siens. Le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France sent que son rôle s’amenuise mais il s’imagine continuer quelque temps. "Titi (Omeyer), Daniel (Narcisse) et moi avons envie de donner encore un coup de main. Il faut prendre le temps de passer le relais." Lucide sur son niveau de jeu, il devrait poursuivre l’aventure en devenant, progressivement, plus important dans la vie du groupe que sur le parquet.

Avec l’arrêt de Karaboué, Thierry Omeyer est désormais le plus ancien du groupe. "Mais il nous a prévenu qu’il faudrait le tuer pour le sortir de l’équipe avant les Jeux de Rio", sourit Philippe Bana. A l’heure actuelle, rien ne dit qu’un autre gardien français serait plus performant qu’Omeyer. Daniel Narcisse, qui reviendra dimanche à Barcelone pour recevoir son titre de meilleur joueur de l’année 2012, n’a pas survolé la compétition mais on ne peut décemment pas lui demander de sauter plus haut, de courir plus vite et de tirer plus fort que le monde entier à chaque compétition internationale. Pour lui, la sortie n’est pas prévue.