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Hand - Mondial 2015 (France-Islande) : Fernandez a bien changé de statut chez les Bleus

Geoffrey Steines

Mis à jour 21/01/2015 à 10:55 GMT+1

Jérôme Fernandez remis en cause publiquement par Claude Onesta, c’est l’histoire qui agite les Bleus depuis le début du Mondial 2015. Mais le sélectionneur de l’équipe de France n’a fait que souligner une évidence : le capitaine tricolore n’est plus aussi incontournable au niveau international. Mais dans un rôle différent, il pourrait néanmoins apporter son écot dans cette campagne. 

Jérôme Fernandez avec les Bleus contre l'Egypte

Crédit: Panoramic

C’est l’affaire qui agite le microcosme du handball tricolore en ce début de Mondial. Dans toutes les discussions autour des Bleus, ce ne sont pas leurs deux victoires initiales dans la compétition, face à la République tchèque (30-27) et à l’Egypte (28-24), qui reviennent sans cesse. Mais simplement une histoire d’hommes. Une histoire partie d’une déclaration inattendue de Claude Onesta samedi et qui concentre tous les débats. De l’aveu du sélectionneur français, Jérôme Fernandez ne serait plus indispensable aux champions d’Europe en titre. Il serait même "criminel", d’après les propres termes d’Onesta, de laisser le capitaine et ses 37 printemps (38 en mars prochain) sur le terrain, au moment où la relève est prête à prendre le relais. Il faut dire que les chiffres confirment la perte d’influence de l’arrière toulousain au sein du collectif français. Un constat qui ne date pas de cette année.

Un début de Mondial dans l’ombre

Sur les deux premières sorties des Français dans le tournoi, Fernandez n’a quasiment pas pesé sur les événements. Vingt-trois minutes jouées en cumulé, pour un but sur ses six tentatives: le natif de Cenon a traversé comme une ombre cette entame de compétition. Devant les Egyptiens, il a souffert d’une défense agressive au possible et d’une implication moindre dans les systèmes offensifs des Bleus. La comparaison avec William Accambray fait mal : l’arrière du PSG a cassé la baraque en seconde période (5/6) et contribué largement à éteindre les velléités des Pharaons.
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Jérôme Fernandez lors de France-Egypte (Mondial 2015)

Crédit: AFP

Sur les deux premières rencontres, le Cannois de naissance affiche des statistiques plus que convaincantes. Il a passé 55 minutes sur le parquet, réussi un coquet 7/12 au tir et même réalisé quatre contres en défense. Et dire que Mathieu Grébille, malade et ménagé sur les deux premiers matches, attend encore de faire son entrée dans le Mondial. Même chose pour Daniel Narcisse, en délicatesse avec un mollet, ce qui n’augure rien de bon pour le temps de jeu de Fernandez durant les quinze prochains jours. Surtout que sur le poste d’arrière droit, où le joueur du Fenix avait pris l’habitude de dépanner, Xavier Barachet et Valentin Porte montent franchement en puissance.

Déjà à l’Euro 2014…

Le poids de l’ancien de Montpellier, de Barça ou encore de Ciudad Real avait déjà sérieusement baissé lors de l’Euro 2014, remporté par les Bleus au terme d’une quinzaine parfaitement maîtrisée. Sur les huit rencontres du tournoi, il avait cumulé 173 minutes de jeu, ce qui faisait de lui "seulement" le huitième joueur de champ le plus utilisé du groupe France. Un constat lié notamment aux rotations défensives, mais pas seulement. A titre de comparaison, Valentin Porte avait été privé du tour préliminaire en raison d’une blessure au fessier. Et pourtant, l’arrière toulousain avait joué 20 minutes de plus que son coéquipier en club, en l’espace de cinq matches. Un signe du passage de témoin entre les deux joueurs.
Sur les demi-finales et la finale, Fernandez n’avait goûté qu’à quinze minutes sur le terrain. Même en attaque, le recordman des buts en équipe de France (1 448) avait dû se contenter du minimum. Il avait inscrit douze petits buts, faisait de lui le neuvième réalisateur de sa formation sur l’ensemble de l’Euro. Pour rappel, il avait marqué 21 buts lors du Mondial 2013, en sept rencontres. Preuve que Fernandez a connu une époque pas si lointaine où il disposait de davantage de pouvoir au sein de la maison bleue.
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Daniel Fellmann (Suisse) - Jerome Fernandez (France) - 02/11/2014

Crédit: Panoramic

Il ne représente plus l'avenir

Les Jeux Olympiques 2016 à Rio, un objectif que tous les Bleus ont dans un coin de la tête. Dans dix-huit mois, l'équipe de France aura l'opportunité d'écrire l'histoire de son sport, en étant la première à décrocher trois titres olympiques consécutifs. Dans un premier temps, juste après le sacre à l'Euro, Fernandez s'y voyait bien comme membre du staff de la sélection. Mais finalement, l'idée d'y disputer sa dernière compétition comme joueur a germé dans son esprit.
Sur ce point, il n'est pas vraiment en accord avec le sélectionneur, Onesta n'envisageant pas la suite ainsi. "Je considère que le projet de l’équipe de France est un projet qui se construit que Jérôme est encore utile à ce projet. Mais l’histoire voudrait que d’autres joueurs aient déjà pris le relais à Rio. Je n’ai pas dit qu’il ne serait pas à Rio, j’ai dit que si les choses se déroulent comme je les imagine, c’est dans cette direction que je vais aller. Après s’il y a trois blessés et que c’est le meilleur, je ne vais pas lui couper un bras pour dire que j’avais eu raison un an et demi avant". Avec Accambray, Grébille ou Timothey N'Guessan (pour ne citer que ceux mis en avant par Onesta ces derniers jours) en successeurs potentiels, les Bleus n'ont pas à craindre pour leur avenir à son poste.

Il n’est plus le patron du vestiaire

"J'ai clairement dit aux joueurs que pour moi, Jérôme n'était plus l'interlocuteur principal". Cette phrase d’Onesta est passée quasiment inaperçue samedi, mais c’est certainement celle qui souligne le plus clairement le changement de statut de "Fernand’" dans l’effectif. Toujours capitaine, il n’est plus le relais privilégié du coach sur le parquet et cela s’est ressenti dans son langage corporel depuis l’ouverture des hostilités au Qatar. Fernandez s’efface naturellement devant Nikola Karabatic, dont le poids dans le groupe France ne cesse d’augmenter au fil des campagnes internationales. Si dans l’intimité du vestiaire, l’homme aux 380 capes avec les Bleus conserve une réelle aura, elle se ressent de moins en moins sur le terrain. Là où tout se joue.

Attention quand même à ne pas l’enterrer trop vite

Les signaux ne sont pas positifs pour la suite de la carrière internationale de Fernandez. Mais ce serait trop bête de lui claquer la porte au nez. D’abord parce qu’il prouve semaine après semaine, dans le quotidien d’un Championnat de France parmi les plus relevés du monde, qu’il reste un joueur régulier en dépit de son âge et de la lassitude physique qui l’accompagne. Avec 95 buts au compteur en quatorze apparitions sous les couleurs de Toulouse, qu’il abandonnera en fin de saison, Fernandez est le cinquième meilleur réalisateur de D1. Un chiffre qui en dit long sur ce qu’il peut encore apporter aux Bleus, même si Onesta n’est pas vraiment de cet avis. "On peut être un très bon joueur du Championnat de France et ne plus être invité dans le concert mondial. Je considère que ce n'est pas encore le cas de Jérôme, puisqu'il est là avec nous, mais effectivement, il est de ma responsabilité de préparer l'équipe de France aux échéances futures".
De toutes les grandes conquêtes des Bleus depuis son titre de champion du monde en 2001, Fernandez dispose d’une expérience précieuse dans ce type de compétition. Elle pourrait s’exprimer dans les moments importants durant le Mondial qatari et l’aider à guider ses troupes vers une cinquième couronne planétaire. Celui qui débuté sa carrière professionnelle chez les Girondins de Bordeaux sait que ses meilleures années sont derrière lui. Mais il a la lucidité de le reconnaître et n’affiche pas ses états d’âme, au moins publiquement, se sacrifiant pour le groupe sans la moindre concession. C’est bien là le plus important, ne pas mettre en péril l’équilibre de l’équipe de France en faisant passer son cas personnel avant le collectif. Fernandez est le garant de cet esprit. Celui qui a accompagné les Bleus dans tous leurs succès.
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Jérôme Fernandez avec les Bleus contre l'Egypte

Crédit: AFP

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