Mondial 2015, Qatar - France : Tout un pays face à eux ? Ce n’est pas grave, les Bleus adorent ça

France - Qatar. Impossible d'imaginer une telle finale au début de la compétition. Et pourtant, le pays hôte a réussi cet exploit insensé et se dressera face aux Bleus, dimanche. Tout au long de la quinzaine, les Qataris sont aussi parvenus à fédérer le pays derrière eux. La Lusail Multipurpose de Doha, arène de leurs exploits, a joué un rôle important lorsque les Qataris ont eu besoin de faire la différence face à l’Allemagne en quart de finale (26-24) ou contre la Pologne en demie (31-29). La France a-t-elle des raisons de craindre l'ambiance ? Compte tenu de son expérience, on serait tenté de répondre par la négative. Voilà pourquoi.

Barcelone est la genèse de la formidable odyssée d'une équipe qui pourrait remporter, dimanche, un cinquième titre de champion du monde en 20 ans. Lors des Jeux Olympiques 1992, personne n’attend la France… Mais le groupe de Daniel Costantini est jeune, et le tacticien veut frapper un gros coup, notamment physiquement. La préparation est quasi-militaire. Le calendrier lui donne l’Espagne, sur ses terres, comme premier match. Face à des Espagnols trop sûrs d’eux, les Français s’imposent 18-16. Le pays hôte ne verra pas le dernier carré. Les coéquipiers de Denis Lathoud iront eux chercher une médaille et deviendront les Bronzés, montant pour la première fois sur un podium d’une compétition internationale.

Auréolés d’un titre européen conquis un an auparavant, les Bleus s’avancent vers l’Allemagne et une demi-finale qui s’annonce des plus bouillantes, dans la mythique salle de Cologne. Il s’agira en fait d’une des parodies les plus grotesques du handball moderne. Jamais un duo d’arbitres (Patrick Hakansson et Maths Nilsson), officiant cinq fois lors d’une rencontre du pays hôte dans la compétition, n’avait été aussi contesté. A la fin du match, perdu 32-31 par les Costauds qui l’avaient été bien plus que leurs adversaires ce soir-là, Claude Onesta prend une leçon, et l’applique depuis.

 Le talentueux groupe assimilera la méthode. La suite en sera la preuve.

Les Croates reçoivent la France pour une  finale rêvée par tout un pays. 15.000 spectateurs en folie à Zagreb veulent voir le "traître", Nikola Karabatic, d’origine croate par son père, s’incliner contre la bande à Ivano Balic. La Croatie reste sur deux défaites marquantes contre les Experts, en quart lors du Mondial allemand (21-18) et lors des Jeux Olympiques chinois (25-23). Avec une équipe de stars, et un public derrière elle, la Croatie pense pouvoir faire la différence. Karabatic est mis sous pression, mais fait briller ses coéquipiers, comme Michael Guigou, auteur de 10 buts. Igor Vori, l’imposant pivot croate, finit par craquer en faisant mine de lancer un ballon sur l’arbitre et prend un carton rouge. La France remporte son troisième titre (24-19), sans doute le plus compliqué, et règne à nouveau deux ans après avoir été privée d’une finale en Allemagne. C'est l’heure de la confirmation, aussi, six mois après la victoire à Pékin.

Même si la France est privée de Daniel Narcisse et Guillaume Gille, elle reste l’ultra favorite à sa propre succession, d'autant plus qu'elle a entre temps décroché un nouveau trophée européen en Autriche. La France arrive en demi-finale et a rendez-vous avec la Suède, pays organisateur. Omeyer ne réalise pas une grande compétition. La Suède espère notamment se venger de la défaite rageante de la finale de 2001 en France (ndlr : les Barjots s'étaient imposés après prolongation à Bercy). Mais Guigou et Gille réussissent le match parfait en attaque, alors qu’Omeyer ferme la boutique. Les 12000 spectateurs de Malmö ne peuvent que constater la victoire française (29-26). En finale arrive le Danemark, pays qui se situe à une heure de Malmö. C’est donc une seconde équipe à domicile que vient défier la France.

Karabatic et Hansen se rendent coups pour coups (10 buts chacun). Le Danemark va décrocher la prolongation dans la dernière seconde dans une arena bouillante. Thierry Omeyer, coupable d’une sieste la première heure, se réveille au bon moment pour sauver l’équipe de France qui s’impose (37-35). Quatrième titre de champion du monde pour le handball français. Quatrième titre de rang également, pour la France (JO 2008, monde 2009, Euro 2010, monde 2011).

Après une demi-finale éprouvante, la France retrouve le Danemark en finale, trois ans après le titre mondial décroché à Malmö. Les Danois ont une double pression. S’imposer à domicile et se faire pardonner l’affront espagnol. En 2013, les coéquipiers de Mikkel Hansen avaient encaissé la plus grosse défaite en finale mondiale de l’histoire (35-19). La France démarre la rencontre à 200 à l'heure. Les Danois, eux, calent. Les Bleus mènent 17-7 à la 20e minute et foncent tout droit vers un troisième titre européen en huit ans, avec la manière (41-32). Le Danemark, au jeu aussi fin que le bras de son chirurgien Mikkel Hansen est puissant, sombre une nouvelle fois. Les Bleus se qualifient directement pour le Mondial qatari. La suite, on la connait. Enfin, presque.