Les forces en présence

Pour la cinquième fois d'affilée, l'équipe de France se trouve parmi les quatre meilleures nations au monde. Depuis 2001, année de son dernier sacre international, les Bleus se sont ainsi toujours hissés dans le dernier carré d'un championnat du monde. Médaillés de bronze à deux reprises (2003 et 2005) et quatrièmes il y a deux ans en Allemagne, les Experts espèrent de nouveau retrouver la plus haute marche du podium, celle atteinte il y a cinq mois aux Jeux Olympiques de Pékin. On les en croit capable.

Solides en défense et réalistes en attaque, les Bleus sont conscients de leur force et ne doutent pas un instant de leur faculté à se transcender. Depuis l'ouverture du Mondial en Croatie, ce sont des joueurs concentrés et appliqués que l'on a pu voir lors du tour préliminaire, certes face à des adversaires de niveaux inférieurs mais tout de même. Ensuite, face à la Suède (28-21) et la Corée du Sud (30-21), au tour principal, c'est à une montée en puissance progressive que nous avons pu assister avec le retour à son meilleur niveau de Daniel Narcisse, souffrant la première semaine.

Si la blessure de Didier Dinart a quelque peu chamboulé les plans du sélectionneur, il n'en reste pas moins que cette équipe se sent armée pour aller au bout. D'ailleurs la défaite contre la Croatie (19-22), dans un match où les deux équipes étaient déjà qualifiées pour les demi-finales, n'a même pas été vue comme un semblant d'alerte. "L'essentiel, c'était de ne pas tirer sur les mêmes joueurs qui ont beaucoup donné depuis le début. Il fallait garder de l'énergie pour les demi-finales", confiait ainsi Luc Abalo. L'ailier droit aux 38 buts dans ce mondial sera ainsi une pièce maitresse du dispositif mise en place contre le Danemark, tout comme Nikola Karabatic, le meilleur marqueur depuis le début du tournoi. La seule inconnue reste donc la blessure du défenseur Didier Dinart. Sera-t-il en mesure de tenir sa place dès vendredi ? Prudent, Claude Onesta a préféré prendre les devants et a convoqué le vétéran (38 ans !) Joël Abati pour pallier cette possible absence.

Présent en haut de l'affiche depuis plusieurs années, le Danemark n'a réellement explosé aux yeux du grand public que l'an dernier avec sa victoire à l'Euro 2008. Passés un peu au travers lors des Jeux olympiques de Pékin (7e), les Danois n'ont pas manqué leur entrée dans ce championnat du monde. Ils ont surtout envie de montrer qu'ils sont capables de faire mieux que leur troisième place obtenue en 2007, en Allemagne, face à la France (34-27). Cette confrontation avec les Bleus reste même la dernière entre les deux équipes. Si elle s'est achevée sur une défaite des Tricolores, rien ne laisse présager que l'issue sera similaire samedi.

"La rencontre était un peu faussée parce qu'on sortait d'une grosse désillusion contre les Allemands, nuance le capitaine Jérôme Fernandez (défaite en demi-finale 31-32 et un but de Michaël Guigou refuser dans les dernières secondes pour un motif encore discuté aujourd'hui, ndlr). On avait l'impression d'avoir été volés (par les arbitres). On a joué la troisième place en étant encore dans la demi-finale et on a complètement déjoué. Les Danois avaient plus envie de cette troisième place et ils nous ont battus, mais franchement il n'y a aucun enseignement à en tirer."

Les Danois pourront toutefois s'appuyer sur un collectif bien huilé et quelques individualités prêtes à bondir. Ainsi l'ailier gauche, Lars Christiansen, a déjà inscrit 41 buts à 71% de réussite au tir. Le rôle des arrières Mikkel Hansen et Lars Jorgensen sera également prépondérant tout comme celui du très expérimenté pivot de Flensbourg Michael Knudsen. Selon Jérôme Fernandez, le capitaine de l'équipe de France, ils pratiquent un handball typiquement scandinave avec "une grande qualité dans les passes et une balle qui circule très vite" avant d'ajouter toutefois: "ils sont peut-être un peu trop propres, trop lisses dans leur jeu."

Le pays hôte ne veut pas rater son championnat du monde. Seule équipe invaincue depuis le début du tournoi, les hommes de Lino Cervar n'attendent qu'une chose: remonter sur la plus haute marche du podium. Leur dernière victoire dans un grand championnat remonte en effet à 2004, aux Jeux Olympiques d'Athènes. Cela fait donc cinq ans que la Croatie n'a rien gagné, soit une éternité pour cette grande nation du handball qui a compté et qui compte dans ses rangs d'illustres joueurs - Balic, Dzomba, Vori - pour ne citer qu'eux.

Les coéquipiers d'Ivano Balic peuvent déjà se targuer d'avoir fait tomber l'équipe de France, championne olympique, dans le tour principal (22-19). Mais cette victoire-ci ne sera rien si elle ne connait pas de lendemain, dimanche à Zagreb. Après la demi-finale des Jeux Olympiques de Pékin 2008, perdue 23-25 contre les Bleus, les Croates n'ont qu'une chose en tête: prendre leur revanche. D'ailleurs, tout le monde ne parlait que de répétition générale, mardi, et attendait avec impatience la confrontation dominicale. Pour cela, il faudra d'abord qu'ils battent la Pologne et que les Français se défassent des Danois. Si le meneur Ivano Balic revient à son meilleur niveau, que le pivot Igor Gori continue à imposer sa puissance aux six mètres et que l'ailier droit Ivan Cupic poursuit sur sa lancée (déjà 48 buts à 77% de réussite au tir), alors il y a fort à parier que la Croatie ne sera pas loin de son objectif final.

Dernière équipe qualifiée pour les demi-finales, la Pologne a réussi le bon coup de ce championnat du monde. Abordant le tour principal avec zéro point au compteur, les hommes de Bogdan Wenta ont fait main basse sur le groupe 2 en s'adjugeant trois victoires en autant de matches. C'est d'abord le Danemark, champion d'Europe en titre, qui a subi les foudres de l'ailier Patryck Kuchczynski et ses neuf buts (9/10). Le lendemain c'est la Serbie qui a encaissé 35 buts dont 11 de Tomasz Tluczynski (11/11). Pour finir, la Norvège a fini par plier, elle aussi (31-30). Ainsi dans les dernières secondes du match, alors que les Norvégiens tentaient le tout pour le tout avec sept joueurs de champs (30-30, 59e), Artur Siodmiak récupérait la balle et offrait la victoire aux siens d'un but lointain dans une cage vide.

Mais cette qualification acquise à l'arrachée ne doit pas masquer les récents résultats obtenus par les Polonais. Ces derniers ont ainsi accédé à la finale du dernier championnat du monde en Allemagne où ils se sont fait battre par le pays hôte (24-29). Avec de nombreux joueurs évoluant en Bundesliga en Allemagne, comme Tomasz Tluczynski auteur de 49 buts à 82%, l'équipe n'aura rien à perdre face à la Croatie et tentera de jouer son va-tout pour atteindre sa deuxième finale mondiale consécutive.